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Inondations et crues : pourquoi les prévisions des modèles météo ont sous-estimé les pluies ?


L’heure est au nettoyage et à la décrue vendredi 18 octobre, après les dégâts causés la veille dans de nombreuses communes du Centre-Est par des pluies intenses et inattendues. En tout, trois blessés légers et plus d’un millier de personnes évacuées ont été recensés depuis jeudi.

La vigilance rouge “crue” ou “pluie-inondation” a été levée dans les six départements touchés (Rhône, Loire, Haute-Loire, Ardèche, Lozère et Alpes-Maritimes), mais 10 départements de la moitié sud restent concernés par une vigilance orange, a indiqué Météo-France ce vendredi matin.

Un épisode pluvieux exceptionnel “du fait de son intensité et de sa durée”, précise le service météorologique : en Ardèche, le volume des cumuls de pluie a atteint jusqu’à 700 mm dans les Cévennes, soit le double de ce qui avait été annoncé par les modèles de prévision. En cause : le fonctionnement des prévisions météorologiques informatiques, inadaptées face à des épisodes de pluies aussi extrêmes.

De fortes pluies pourtant bien anticipées

Pour comprendre comment les modèles météo ont pu se tromper à ce point, il faut regarder en coulisses. Actuellement, les prévisions météorologiques sont basées sur des simulations “produites grâce à des supercalculateurs […] pouvant réaliser jusqu’à plusieurs milliards de milliards d’opérations par seconde” sur la base d’énormes quantités de données liés aux événements météo passés et présents, explique l’ingénieur Alexis Vandevoorde pour La Chaîne Météo. Le résultat de ces calculs mathématiques complexes passe ensuite “par l’expertise des météorologues” qui transforment ces données en prévisions compréhensibles, poursuit le spécialiste en production de données météo.

C’est ce qui s’est passé pour l’épisode de pluies de ces deux derniers jours : le contexte “était propice au déclenchement d’un épisode” de fortes pluies “classique” pour la saison, et les “cumuls envisagés devaient atteindre 300 mm sur les Cévennes en 48 heures”, détaille ce vendredi le météorologue Régis Crepet pour le même média spécialisé. Cependant, le niveau des pluies a augmenté beaucoup plus vite que prévu, forçant les météorologues à étendre sans cesse leurs prévisions et “donnant l’impression de courir après l’évènement qui, quelque part, échappait aux calculateurs”.

Pour le professeur d’hydrologie Giuliano di Baldassare, interrogé par L’Express, la précision promise par ces modèles de prévision peut ainsi s’avérer trompeuse pour prédire des “événements météorologiques extrêmes tels que les inondations ou les tempêtes sur de petites zones”. Pour cet expert, coauteur d’une étude sur le sujet en 2013, “au lieu d’avoir approximativement raison, nous avons maintenant précisément tort”.

Un épisode parmi les plus intenses depuis 20 ans

C’est là le problème principal de cet épisode pluvieux dans le Centre-Est : son caractère “extrême” et imprévisible, classant cet événement météorologique “parmi les plus intenses de ces 20 dernières années” dans les régions méridionales, affirme le météorologue Regis Crepet. Une zone pourtant régulièrement touchée par ces phénomènes.

Pour l’expliquer, le spécialiste cite notamment un facteur ayant aggravé l’épisode de vaste ampleur déjà attendu : “L’arrivée d’un front froid par l’Aquitaine ce jeudi […] vers les Cévennes”. Ce vent frais aurait ainsi provoqué une “instabilité avec de violents orages qui provoquent des intensités [pluvieuses] horaires très importantes. Dans ce contexte, les cumuls de pluie augmentent rapidement pendant des heures”, remarque Régis Crepet.

Enfin, l’expert met en avant un dernier phénomène météorologique qui a pu amplifier les pluies de ces deux derniers jours : “On peut penser que l’air chaud et humide remontant de Méditerranée [vers les terres] contient davantage de vapeur d’eau” que ce qui était modélisé. Plus celle-ci est importante, plus les pluies seront intenses. Or, comme l’explique une note de Météo-France, une forte température de la mer “favorise une forte évaporation” de vapeur d’eau. Pour le météorologue, “on peut y voir un effet concret du réchauffement climatique.”




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