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Moldavie : Ilan Shor, “l’homme du Kremlin” qui déstabilise le pays


Ce dimanche 20 octobre, la course aurait dû être gagnée d’avance. Mais jusqu’à la dernière minute, le camp de la présidente moldave Maia Sandu a tremblé. Les citoyens appelés aux urnes à l’occasion du référendum sur l’adhésion à l’Union européenne (UE) ont tenu la candidate à l’élection présidentielle en suspens. Après avoir obtenu l’ouverture des négociations avec l’UE en juin dernier, le référendum semblait pourtant n’être plus qu’une formalité pour la présidente pro-européenne, tant le “oui” concourait en tête des sondages depuis de nombreux mois.

Mais au terme du dépouillement, seulement 50,45 % des voix étaient en faveur de l’adhésion du pays. Un coup de théâtre dénoncé le soir même par Maia Sandu : “Des groupes criminels agissant avec des forces étrangères hostiles à nos intérêts nationaux ont attaqué notre pays à coups de dizaines de millions d’euros, de mensonges et de propagande”, a-t-elle écrit sur le réseau social X, dénonçant “une attaque sans précédent contre la démocratie” en Moldavie. Derrière cette déstabilisation, un nom résonne : celui d’Ilan Shor, le roi de la corruption.

À la tête d’un réseau de corruption

Celui que les renseignements occidentaux surnomment “l’homme du Kremlin” aurait orchestré un système d’achat de votes, corrompant 300 000 électeurs moldaves, selon les chiffres de la présidente Maia Sandu, soit 12 % des suffrages exprimés. Et ce, à l’aide d’un mécanisme bien rodé. Avec un chatbot, l’organisation proposait un vote moyennant rétribution. L’électeur se voyait ainsi offrir entre 50 et 100 euros pour un “non”, selon le directeur de la police nationale Viorel Cernauteanu. Une somme considérable pour un Moldave dont le salaire moyen était de 630 euros en 2023. Dans le cas où le bureau de vote de l’électeur votait en majorité “non” au référendum, ce dernier devait recevoir près de 250 euros.

Un pari (presque gagnant) pour le Moldave Ilan Shor, qui jubilait en voyant le “non” en tête des votes dans la nuit de dimanche à lundi. “C’est une déroute. Le peuple moldave a parlé. Sandu, as-tu entendu ? […] Même avec des ressources administratives de cheval, des arrestations, du bourrage d’urne, ils vous ont mis dehors avec fracas”, écrivait-il sur l’application de messagerie Telegram pour fêter son hypothétique victoire.

Un oligarque en fuite

L’oligarque n’en est pas à son coup d’essai. Durant l’été, une étude menée par le groupe de réflexion WatchDog, et soulignée par Euractiv, a révélé qu’Ilan Shor et l’un de ses homologues Veaceslav Platon avaient dépensé plus de 136 000 euros pour diffuser des campagnes pro-russes sur Facebook. Une nouvelle action réaffirmant les liens du Moldave avec le pouvoir russe.

Pour comprendre la relation entre Ilan Shor et la Russie, il faut remonter en 2015. Cette année-là, l’Israélo-moldave fait son entrée en politique et devient maire d’Orhei, une ville du centre de la Moldavie. L’occasion pour l’homme d’affaires reconverti de piloter des mouvements anti-européens et surtout, pro-russes. Deux ans plus tard, le trentenaire est reconnu coupable d’avoir détourné un milliard de dollars à trois banques moldaves, lui valant d’être condamné à 15 ans de prison. Pour lui, cela ne fait nul doute : ce sont des représailles politiques. L’oligarque n’a alors d’autre choix que de fuir en Israël, son pays natal, puis à Moscou où il obtiendra la nationalité russe.

Depuis, le fugitif multiplie les actions à l’encontre du gouvernement moldave actuellement au pouvoir. Des activités préoccupantes pour Maia Sandu, présidente sortante et candidate pour le second tour de l’élection présidentielle du 3 novembre prochain. Des activités réjouissantes pour son rival, Alexander Stoianoglo.




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