Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a ordonné de donner la priorité à la “production massive” de drones explosifs, a rapporté un média d’Etat ce vendredi 15 novembre, au moment où son pays est accusé d’envoyer des soldats et des armes en Russie pour l’aider dans sa guerre contre l’Ukraine. Kim Jong-un a assisté jeudi à un test de performance de ce type d’engins dans une usine, selon l’agence de presse nord-coréenne KCNA. “Il a souligné la nécessité de construire un système de production en série le plus tôt possible et de passer à une production de masse” de drones explosifs, a relaté KCNA.
Ces drones porteurs d’explosifs, que Pyongyang a dévoilés pour la première fois en août, sont conçus pour s’écraser délibérément sur des cibles ennemies, agissant comme des missiles guidés. Des experts estiment que ces drones peuvent être issus du renforcement de l’alliance du pays avec la Russie, et qu’ils pourraient être utilisés dans le cadre du conflit en Ukraine.
Moscou et Pyongyang, alliés communistes tout au long de la guerre froide, se sont considérablement rapprochés depuis le début de l’attaque russe de l’Ukraine en février 2022. La Russie a notamment conclu un traité de défense mutuelle avec la Corée du Nord au cours d’une rare visite de son président Vladimir Poutine à Pyongyang en juin, qui prévoit “une aide militaire immédiate” réciproque en cas d’attaque contre l’un des deux pays.
Des similitudes avec les drones israéliens
Lors de l’essai de jeudi, les drones ont atteint “avec précision” des cibles après avoir suivi des trajectoires prédéterminées, a rapporté KCNA. “Les drones d’attaque suicide utilisés à différentes distances de frappe ont pour mission d’attaquer avec précision toutes les cibles ennemies au sol et en mer”, a indiqué l’agence.
Kim Jong-un a déclaré que les drones étaient un “élément facile à utiliser” en raison de leur coût de production relativement faible et de leur vaste gamme d’applications, d’après KCNA. Il a fait valoir que la Corée du Nord avait “récemment attaché de l’importance” au développement de matériel militaire sans équipage et à leur intégration dans la stratégie militaire globale du pays.
Des experts ont estimé que ces drones, dont les images ont été publiées par les médias d’Etat en août, ressemblent au Lancet-3 de fabrication russe, ainsi qu’au drone explosif Harop de fabrication israélienne et au Hero-30 également israélien. D’après les spécialistes, la Corée du Nord pourrait avoir acquis ces technologies auprès de la Russie qui, à son tour, les a probablement obtenues de l’Iran, Téhéran étant lui-même soupçonné d’y avoir eu accès en les piratant ou en les volant à Israël.
Une utilisation en Ukraine ?
Cette annonce intervient également dans une période de tensions entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, qui a récemment procédé au tir d’un nouveau missile balistique intercontinental à combustible solide, présenté par le régime nord-coréen comme le plus avancé de son arsenal. En 2022, la Corée du Nord avait envoyé des drones vers le Sud, dont cinq étaient parvenus à traverser la frontière, amenant l’armée sud-coréenne à effectuer des tirs d’avertissement et déployer des avions de combat. Ces derniers n’avaient pas réussi à abattre un seul drone. Cette année, en plus d’avoir envoyé des ballons remplis d’immondices en direction du Sud, Pyongyang a accusé Séoul de violer sa souveraineté en déployant des drones afin de larguer de la propagande.
En mentionnant la “production et le déploiement pratique de divers drones”, la Corée du Nord semble laisser entendre qu’elle pourrait faire de même, a déclaré à l’AFP Yang Moo-jin, président de l’Université d’études nord-coréennes de Séoul. Pyongyang pourrait “suggérer la possibilité d’utiliser des ballons pour disséminer des tracts au Sud avec de tels drones”, a poursuivi Yang Moo-jin. “Compte tenu de l’efficacité des attaques de drones observées dans la guerre en Ukraine, ils pourraient également être utilisés” dans le cadre de ce conflit, a-t-il ajouté.
Le mois dernier, la Corée du Nord a modifié sa constitution pour définir la Corée du Sud comme un Etat “hostile”, et a démoli des routes et des voies ferrées reliant les deux pays.
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