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Enseignement supérieur : la revanche des métiers manuels


“Jamais je n’aurais imaginé vivre une telle expérience !” Luis Pires, 27 ans, ne cache sa fierté d’avoir participé à la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, réouverte début décembre. Ce jeune apprenti, détenteur d’un CAP ébénisterie obtenu chez Giffard, est venu prêter main-forte aux 2 000 couvreurs, tailleurs de pierre, menuisiers, facteurs d’orgue et autres sculpteurs mobilisés pendant les cinq années de travaux.

Véritable vitrine du savoir-faire artisanal, ce gigantesque chantier a mis en lumière la richesse des emplois manuels, souvent délaissés par les élèves lors de leurs choix d’orientation. “Le regard des jeunes, mais aussi celui de leurs parents, commence à changer, grâce notamment à l’apprentissage”, explique Joël Fourny, président de CMA France, le réseau des chambres de métiers et d’artisanat. D’après un baromètre publié en septembre par l’Institut des métiers et la MAAF, 203 000 jeunes ont effet suivi une formation en apprentissage dans l’artisanat en 2023. Soit 36 % de plus en cinq ans !

Cette attractivité s’explique. D’abord parce que ces professions recrutent massivement. Dans le bâtiment, 73 800 postes de chauffagistes, électriciens, couvreurs, plombiers, peintres ou menuisiers sont à pourvoir. Dans les activités dites de fabrication, 36 150 bottiers, vitraillistes, verriers, maroquiniers, graveurs sur pierre… sont activement recherchés par les entreprises. Et que dire des boulangers, des bouchers, des poissonniers mais aussi des carrossiers et des mécaniciens ? “Un jeune qui s’engage dans l’un ou l’autre de ces secteurs est assuré de trouver du travail en moins de six mois”, affirme Joël Fourny.

L’IA fait ses premiers pas dans le secteur

Toutes ces professions ont également évolué dans le bon sens. Moins pénibles physiquement que jadis et mieux rémunérées (un débutant gagne entre 1 600 et 1 900 euros brut par mois), elles sont aussi plus qualifiantes. Si le CAP reste la porte d’entrée dans 61 % des cas, 20 % des apprentis préparent un diplôme de l’enseignement supérieur, type BTS ou brevet de maîtrise. “Il existe 360 diplômes et titres pour répondre aux besoins actuels et futurs des entreprises. Les formations ont évolué, elles intègrent désormais les nouvelles technologies car les emplois manuels deviennent de plus en plus innovants”, souligne Joël Fourny. Aujourd’hui, les pâtissiers utilisent des découpes laser pour trancher le chocolat et les charpentiers des logiciels 3D pour dessiner les pièces de bois. Quant à l’intelligence artificielle, elle fait ses premiers pas dans le secteur, notamment pour éliminer la répétition des tâches.

Les métiers de la main offrent enfin de belles perspectives de carrière dans toutes les filières. “De nombreuses entreprises seront à céder dans les dix prochaines années, permettant à 50 % des jeunes actuellement en formation de devenir chefs d’entreprise”, anticipe Joël Fourny. Dans l’artisanat d’art, une brodeuse peut devenir échantillonneuse, puis première d’atelier, et cela aussi bien dans une petite entreprise que dans une grande maison comme Hermès ou Chanel, qui ont toutes deux créé des écoles de formation internes. Des initiatives bienvenues face à la baisse de certaines aides publiques. En septembre, à la suite d’un coup de rabot des dotations que lui verse l’Etat, l’Institut pour les savoir-faire français a été placé en procédure de sauvegarde.

Pour aller plus loin :

– Artisanat.fr : le site propose 250 fiches métiers avec les formations associées.

– Compagnons-du-devoir.com : le compagnonnage permet à des jeunes, dès 15 ans, de suivre des formations en alternance dans 36 métiers manuels.

– Institut-metiers.fr : l’institut propose des formations du CAP au Bac + 3 dans les métiers de bouche, de l’automobile, du bois…




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