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SMS, l’histoire d’une nouvelle jeunesse : des “Kikoolol” à un business lucratif


Georges Perec a fait disparaître la lettre “e” d’un livre entier. Mais au début des années 2000, presque toutes les voyelles avaient disparu de nos messages pour des raisons plus triviales. C’est le début de l’âge d’or du SMS qui ouvre aux adolescents une manière révolutionnaire d’échanger. Fini de bafouiller au téléphone une invitation à son coup de cœur : il suffit d’envoyer un petit message avec de gros sous-entendus. Mais le SMS oblige à être inventif car son format est restreint – 160 caractères.

“Kikoo Tvb ? Tu f koi ?”, “Jrv !!”… Avec le SMS, naît un nouveau langage fait d’abréviations inventives et de ponctuation enthousiaste. En 2024, le Short Messages Service a cependant perdu de sa superbe. En recevoir de ses proches est devenu presque aussi rare que de trouver dans sa boîte aux lettres une amicale carte postale d’un coin de paradis. En France, par exemple, le volume de ces messages a dégringolé de 206 à 110 milliards entre 2014 et 2022, pointe l’Arcep, le régulateur des télécoms. C’est bien sûr lié à l’essor des messageries instantanées (ex : WhatsApp, Telegram, Discord) qui offrent des fonctions plus riches telles que l’image, la vidéo, l’envoi de GIF ou les conversations de groupe.

Le SMS n’a néanmoins pas dit son dernier mot. S’il était un outil privilégié d’échange personnel, il s’est transformé en un business lucratif depuis quelques années. Les entreprises s’en servent, par exemple, pour confirmer à leurs clients une réservation, leur rappeler un rendez-vous, vérifier leur identité via un code ou les alerter d’une promotion. “Le SMS est un outil de communication très puissant. Tous ceux ayant un mobile les reçoivent. A l’inverse, tout le monde n’utilise pas les mêmes messageries instantanées”, souligne Alexandre Pébereau, président et fondateur de Tofane Global, une plateforme d’interconnexion simplifiant les échanges entre opérateurs à travers le monde.

Le marché des SMS face au défi de la fraude

Le fossé entre SMS et messageries demeure en effet conséquent, pointe une récente étude de Juniper Research. Le cabinet anticipe qu’il y aura 9,3 milliards d’abonnements mobiles dans le monde en 2024 – certaines personnes en ayant plusieurs – contre 4,1 milliards d’utilisateurs de solutions de communication “over the top” [NDLR : qui ne possèdent pas leur propre infrastructure réseau] telles que WhatsApp. En 2022, dans le monde entier, les entreprises ont dépensé plus de 30 milliards de dollars pour envoyer 2 500 milliards de SMS commerciaux, révèle un rapport de Mobilesquared. Et le cabinet d’intelligence économique spécialisé dans le marché mobile estime que ces dépenses devraient dépasser 35 milliards de dollars en 2027.

En France, un récent baromètre (Alliance Digitale/af2m) montre que le volume de messages envoyés par les marques a encore augmenté de 4,1 % en 2023 (13,34 milliards d’envois) avec des pics lors de périodes clés telles que les soldes, le Black Friday et les fêtes de fin d’année. Au niveau national, c’est le secteur du retail qui en est le plus friand (31 % des messages), suivi par les banques et les assurances (21 %), les services (15 %), et l’e-commerce avec les livraisons (11 %). “La grande distribution enregistre la plus forte croissance avec + 30 %, tandis que le secteur des services publics et de la santé connaît un recul de 40 %, représentant 6 %”, précise l’étude.

Ce lucratif marché est cependant confronté à un défi de taille : l’essor de formes de fraudes variées. Tous les consommateurs ont déjà été confrontés à l’une d’elles où l’escroc tente d’attirer un client vers un site malveillant pour lui dérober des informations personnelles ou l’inciter à un paiement douteux. D’autres techniques indolores pour le public perturbent cependant aussi ce marché. Par exemple, ces escrocs qui utilisent des programmes malveillants pour déclencher artificiellement l’envoi de codes de sécurité par SMS, dopant ainsi les revenus d’opérateurs frauduleux avec lesquels ils sont de mèche. Une ruse qui coûtait la bagatelle de 60 millions de dollars par an à une entreprise comme Twitter, a révélé Elon Musk après le rachat du réseau social.





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