Plus de 50 lignes, des acronymes obscurs, des nombres qui viennent s’additionner ou se soustraire au salaire brut. Pour beaucoup de salariés, la lecture en détail de leur fiche de paie peut ressembler à une épreuve bien complexe. C’est en tout cas ce que confirme une étude d’OpinionWay, menée pour l’entreprise SD Worx, sur la relation qu’ont les salariés français avec ce document si important, mais parfois bien difficile à décrypter.
Selon ce sondage, un peu plus d’un tiers des Français interrogés pense ainsi “ne pas être suffisamment informé pour comprendre l’intégralité de leur bulletin de paie”. Cette difficulté concerne surtout les salariés travaillant dans de grandes structures (42 %), par rapport à ceux travaillant dans des TPE-PME (27 %).
D’après les résultats de ce sondage, les salariés français estiment également ne pas être suffisamment informés en cas de changements sur le bulletin de paie, que ce soit sur la forme ou sur le fond. Près de 35% des répondants estiment ainsi “ne pas être informés par leur service paie des évolutions réglementaires impactant leur rémunération”. Avec pour cela, un exemple parfait : la mention “salaire net social” sur le bulletin de paie, entrée en vigueur en juillet 2023, et pour laquelle moins d’un salarié sur deux a reçu des explications venant de son service paie.
Une nouvelle fiche de paie simplifiée ?
Ce manque de lisibilité semble aller dans le sens du gouvernement, qui a annoncé fin avril vouloir “simplifier le bulletin de paie pour améliorer sa lisibilité”, en passant d’une cinquantaine de lignes à seulement 15. Pour cela, c’est notamment la liste des différentes contributions salariales et patronales qui seraient largement élaguées.
Ainsi, au lieu d’avoir le détail des différentes cotisations (assurance maladie, retraite, assurance chômage) et la répartition de la prise en charge entre l’employeur et le salarié – tel qu’affichées actuellement sur votre fiche de paie – celles-ci seraient regroupées en deux blocs : les “cotisations et contributions sociales patronales” ainsi que les “cotisations et contributions sociales du salarié”. “L’intégralité des informations restera disponible sur demande par le salarié”, avait toutefois précisé Bruno Le Maire en avril.
Un projet qui est loin de plaire aux syndicats. “On est plutôt très vigilants sur cette initiative qui nous inquiète”, avait mis en garde la présidente de la CGT, Sophie Binet, estimant que le ministre de l’Économie souhaitait “s’attaquer aux cotisations sociales”. Même son de cloche du côté de la CFDT. “On est un peu dubitatifs sur ce projet de simplification” avait réagi Jocelyne Cabanal, secrétaire nationale de l’organisation réformiste, auprès deFranceInfo. “Oui, il y a un travail de pédagogie à faire sur le bulletin de salaire, mais faire disparaître des informations, ce n’est pas de la simplification, c’est du simplisme. Sous prétexte de simplification, on perd en compréhension”, ajoutait-elle encore.
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