Le discours a-t-il évolué ? Une chose est sûre : l’envoi d’instructeurs français en Ukraine a donné lieu à des déclarations contradictoires du côté ukrainien. Alors que Kiev semble en attente de précisions du côté français, Paris préfère se montrer prudent.
Dimanche 26 mai, le général ukrainien, Oleksandr Syrsky, s’avance sur cette question brûlante. Après un entretien en visio avec le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu et son homologue ukrainien, Rustem Umerov, le chef de guerre écrit sur Telegram : “Je salue l’initiative de la France d’envoyer des instructeurs en Ukraine pour former les militaires ukrainiens. J’ai déjà signé les documents qui permettront aux premiers instructeurs français de se rendre prochainement dans nos centres de formation et de se familiariser avec les infrastructures et leur personnel.”
Au palais de l’Elysée, personne ne dément. Sébastien Lecornu répète que le dossier est à l’étude, mais sans être aussi catégorique que le général ukrainien. “Comme déjà évoqué plusieurs fois, la formation sur le sol ukrainien fait partie des chantiers discutés depuis la conférence sur le soutien à l’Ukraine réunie par le Président Emmanuel Macron le 26 février dernier”, a indiqué le ministère. “Comme tous les chantiers discutés à cette occasion, cette piste continue de faire l’objet de travaux avec les Ukrainiens, notamment pour comprendre leurs besoins exacts”, a-t-il ajouté. Sur ce dossier hautement sensible, Paris entretient le flou.
“Toujours en discussion”
Devant cette réaction, Kiev rétropédale, lundi 27 mai. “Depuis février 2024, l’Ukraine a exprimé son intérêt pour la perspective de recevoir des instructeurs étrangers en Ukraine”, a indiqué un communiqué du ministère de la Défense. “Pour l’instant, nous sommes toujours en discussion avec la France et d’autres pays sur cette question”.
Une façon aussi de demander des clarifications à son partenaire alors que la situation se complique sur le terrain. En effet, les forces ukrainiennes apparaissent en difficulté, sur le front, depuis plusieurs mois, face à la pression russe. Dans un tel contexte, certaines lignes pourraient bouger comme celle de la levée des restrictions interdisant aux Ukrainiens de cibler la Russie sur son territoire avec les armes à longue portée fournies par les Occidentaux.
Together with the Commander-in-Chief of the Armed Forces of Ukraine, Oleksandr Syrskyi, we discussed the main aspects of our bilateral cooperation with the French Minister of the Armed Forces, Sébastien Lecornu.
The Commander-in-Chief informed his French colleague about the…
— Rustem Umerov (@rustem_umerov) May 27, 2024
Officiellement, la France ne dispose pas de militaires assistant ou formant les soldats de Volodymyr Zelensky sur le territoire ukrainien. Or les armes longue portée nécessitent des réglages que connaissent les états-majors occidentaux. Concrètement, il s’agit, pour l’armée ukrainienne, de pouvoir se servir des missiles Storm Shadow et leur équivalent français, les Scalp. Pour l’instant, la formation des militaires ukrainiens par la France a été organisée sur le territoire national français (comme pour les futurs pilotes ukrainiens de F-16 qui se trouvent dans une base aérienne du sud-est) et en Pologne.
Le président français Emmanuel Macron a évoqué à plusieurs reprises la possibilité d’envoyer des troupes occidentales pour aider Kiev, suscitant la controverse parmi ses alliés ainsi que la colère de la Russie. Moscou a en outre accusé en janvier la France d’avoir des mercenaires en Ukraine. Si des citoyens français ont rejoint l’armée de Kiev comme volontaires, Paris a martelé ne pas disposer “de mercenaires, ni en Ukraine, ni ailleurs”.
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