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Italie : cette réforme constitutionnelle portée par Meloni qui enflamme le pays


Donner la possibilité aux électeurs de choisir leur Premier ministre… Jean-Luc Mélenchon, qui a appelé les Français à l’élire “Premier ministre” pendant la campagne des législatives de 2022 en aurait rêvé. L’Italie est peut-être sur le point de le faire. Dans l’hémicycle du Palazzo Montecitorio, les députés épluchent depuis bientôt quinze jours un projet de révision constitutionnelle qui prévoit l’élection du Président du conseil au suffrage universel direct pour cinq ans.

Une première sur le Vieux continent, contre laquelle une immense partie de l’opposition est vent debout. “La démocratie est plus complexe qu’acclamer un chef une fois tous les cinq ans pour ensuite le laisser faire ce qu’il veut”, fustige l’élue démocrate Elly Schlein. Le leader du mouvement 5 étoiles Giuseppe Conte a de son côté dénoncé une réforme qui ferait du président de la République “un gratte-papier”. “Le Parlement sera soumis au Premier ministre. Cela n’arrive dans aucun pays au monde”, a-t-il ajouté.

La coalition gouvernementale fait front commun

Des accusations balayées d’un revers de la main par la présidente du Conseil, Giorgia Meloni. “Le Parti démocrate et le Mouvement 5 étoiles ne veulent pas de la réforme, ils ne veulent pas changer, ils préfèrent continuer à faire les gouvernements dans le Palais [la chambre des députés, NDLR], et décider sans consulter les Italiens, en choisissant des Premiers ministres non élus qui ne connaissent personne”.

Et bien qu’adversaire dans la campagne des européennes, son allié au gouvernement, Matteo Salvini, a volé au secours de la présidente de Fratelli d’Italia. “Nous travaillons à un pays plus moderne, plus efficace, plus rapide, plus méritocratique, de sorte que l’autonomie donne plus de pouvoirs aux autorités locales et que l’élection directe du Premier ministre donne plus de poids au vote des citoyens” a ainsi fait valoir le patron de Lega en marge d’une visite sur le port de Beverello à Naples.

L’option risquée du référendum

Mais avant d’être adopté, ce texte qui prévoit également la suppression des sénateurs à vie – à l’exception des anciens présidents de la République – et l’instauration de l’obligation de dissoudre les deux chambres en même temps, doit passer par un chemin législatif très strict. D’après l’article 138 de la Constitution, toute révision constitutionnelle doit être adoptée par les deux tiers des élus des deux chambres du Parlement, et ce, à moins de trois mois d’écart. À défaut, le gouvernement pourrait soumettre la révision constitutionnelle directement aux électeurs, par voie référendaire.

Une initiative qui n’est toutefois pas sans risque. En appelant les Italiens aux urnes, la coalition gouvernementale s’exposerait à des velléités de “vote sanction”. Une éventualité, que l’opposition compte bien exploité à quinze jours du scrutin européen. C’est ainsi que depuis l’arrivée du texte dans la chambre des députés, les procès en opportunisme vont bon train. Giorgia Meloni jugera-t-elle ainsi nécessaire de marteler : “Je ne le fais pas pour moi, mais pour ceux qui me succéderont.”

Démission, pas démission ?

Consciente des risques auxquels elle s’expose en convoquant un référendum, la présidente du Conseil a levé ce dimanche 26 mai toute ambiguïté sur les conséquences d’un rejet de la réforme. “Si le référendum ne passe pas ? Peu importe, je ne partirai pas”, a évacué, mine de rien, Giorgia Meloni au micro de la RAI dans l’émission Mezz’Ora. Une mise à distance opérée en directe entre son destin politique et l’initiative qu’elle-même surnommait quelques semaines plus tôt “la mère de toutes les réformes”, et qui est apparu comme un changement de registre attentiste par ses opposants.

“Superposer sa trajectoire politique au destin du pays avec cette légèreté est inacceptable”, a ainsi sermonné la leader du Parti démocrate. Plus incisif encore, l’ancien président du Conseil Matteo Renzi n’a pas omis de lui rappeler, qu’alors à sa place, il avait démissionné après l’échec du référendum de 2016. “Si tu perds, tu devras démissionner, comme je l’ai fait et comme David Cameron l’a fait en Grande-Bretagne après le Brexit.”

Dans les faits toutefois, aucune disposition de la Constitution italienne n’oblige un Premier ministre à quitter le Palazzo Chigi en cas d’échec d’un référendum, fût-il constitutionnel. Mais l’issue défavorable d’une consultation populaire n’en est pas moins un désaveu assené au pouvoir en place. En politique, cela se traduit au mieux, par une démobilisation des soutiens historiques, au pire, par une fuite des voix chez les partis concurrents. Mais Meloni semble tenir tête et ponctue ses interventions du traditionnel : “Je ne reculerai pas.”




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