La Corée du Nord poursuit ses opérations de déstabilisation. Pour ébranler son rival du Sud, Pyongyang a eu recours ces derniers jours à une méthode vieille de 70 ans : l’envoi de ballons dans l’espace aérien sud-coréen. Un procédé bien moins risqué qu’une action militaire ouverte, mais qui n’en constitue pas moins une nouvelle tentative d’intimidation.
Des centaines d’habitants ont vu des ballons flotter dans les airs, avant d’atterrir au sol. Au total, quelque 260 aéronefs ont été détectés par les autorités sud-coréennes, dans pas moins de huit provinces situées au nord de Séoul, et dans les zones frontalières. Chacun transportant un ou plusieurs sacs en plastique blanc.
À l’intérieur, des tracts de propagande nord-coréenne mêlés à des déchets et des excréments d’animaux. Des ballons “poubelle”, ou des “cadeaux de sincérité”, résume cyniquement Pyongyang. La Corée du Nord revendique ces représailles à la suite d’une campagne de propagande menée par des activistes sud-coréens dans son pays. “Des intrusions”, datant du début du mois, lorsque des ballons avaient été envoyés en direction de la Corée du Nord.
Des représailles nord-coréennes
Les activistes pro-démocratie, parmi lesquels des Nord-Coréens y avaient glissé des tracts anti-Pyongyang, de l’argent, de la nourriture et des médicaments interdits en Corée du Nord. Mais également du matériel informatique, à l’instar de clés USB chargées de clips de K-Pop, un genre musical banni au sein de la dictature. Une opération qui n’a pas manqué de mettre en rogne Pyongyang.
Dimanche, le vice-ministre nord-coréen de la Défense, a fustigé des “provocations dangereuses” et promis des représailles. En direct, Kim Kang Il en a même donné les contours, en s’engageant à ce que “des monticules de déchets et d’immondices soient dispersés dans les zones frontalières et à l’intérieur de la République de Corée”. Et de cingler : “Celle-ci fera directement l’expérience des efforts nécessaires pour les enlever.”
Le spectre d’une guerre psychologique
Prenant au sérieux les menaces du ministre, les autorités provinciales sud-coréennes ont envoyé mardi 28 mai des missives aux habitants vivant à l’intérieur des zones ciblées : “s’abstenir de toute activité en plein air”, recommande ainsi le message. En découvrant l’opération nord-coréenne le lendemain, l’armée de Séoul a appelé la population à ne pas rester à proximité des ballons. “Ils contiennent des déchets sales et des ordures”, explique un officier.
Et de demander aux Sud-Coréens de déposer un rapport à la base militaire ou au poste de police le plus proche au moindre doute quant à un “objet non identifié”. La Corée du Nord “menace sérieusement la sécurité de notre peuple […] et est entièrement responsable de ce qui se passe à cause des ballons et nous l’avertissons sévèrement de cesser immédiatement cette action inhumaine et grossière”, a déclaré l’armée.
Pour le bureau présidentiel sud-coréen, la Corée du Nord cherche à “tester” la réaction de son voisin. Ce, dans le but de comprendre “comment la guerre psychologique et l’impact des menaces complexes à petites échelles sur notre pays”, a précisé un proche du président Yoon Suk-yeol. Une hypothèse qui tend à se confirmer au fil des opérations de déstabilisation. D’après le journal Donga Ilbo, Pyongyang aurait également tenté de bloquer les signaux GPS dans la partie sud de la Corée, en vain.
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