L’avertissement est “sévère” : il est à 80 % probable que la température moyenne annuelle du globe dépasse “temporairement” de plus de 1,5°C les niveaux préindustriels (1850-1900) pendant au moins l’une des cinq prochaines années, a alerté l’ONU. Les humains, responsables du réchauffement climatique, représentent le même “danger” pour la planète que “la météorite qui a exterminé les dinosaures”, a déploré ce mercredi 5 juin le secrétaire général de l’ONU.
“Dans le cas du climat, nous ne sommes pas les dinosaures. Nous sommes la météorite. Nous ne sommes pas seulement en danger, nous sommes le danger”, a lancé Antonio Guterres lors d’un discours sur le climat au Muséum d’histoire naturelle à New York. “C’est un moment critique pour le climat”, a insisté le secrétaire général, appelant à “prendre la bretelle de sortie de l’autoroute vers l’enfer”, alors que les pays signataires de l’accord de Paris doivent soumettre d’ici début 2025 de nouveaux objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.
Selon un bulletin de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), coordonné avec un discours du secrétaire général de l’ONU à New York, le monde se rapproche “de plus en plus” des limitées fixées dans l’accord de Paris de 2015, signé par quasiment tous les pays de la planète. La limite sera considérée comme atteinte lors qu’un réchauffement de 1,5°C sera observé en moyenne sur plusieurs décennies, ce qui n’est pas encore le cas ; il n’est pas impossible que l’année prochaine soit plus froide que cette année, etc.
????There is an 80 percent likelihood that the annual average global temperature will temporarily exceed 1.5°C above pre-industrial levels for at least one of the next five calendar years.
Back in 2015, such a chance was close to zero. https://t.co/r4cDGvY5bR pic.twitter.com/2TQiDGhEKM
— World Meteorological Organization (@WMO) June 5, 2024
Il est en tout cas encore plus probable (86 %) qu’au moins l’une des cinq prochaines années (2024-2028) devienne la plus chaude jamais enregistrée, détrônant ainsi l’année 2023. Et la probabilité que la moyenne des températures sur 2024-2028 soit supérieure à celle des cinq dernières années s’élève à 90 %.
Série de records de chaleur
Lors de son discours à New York, le patron de l’ONU a également annoncé que Mai 2024 a été le mois de mai le plus chaud jamais enregistré dans le monde, devenant le 12e mois consécutif à battre son propre record. L’observatoire européen Copernicus a fait la même annonce dans une publication coordonnée avec l’agence météo de l’ONU.
Avec cette série de records, “la température mondiale moyenne sur les 12 derniers mois (juin 2023-mai 2024) est la plus élevée jamais enregistrée”, selon Copernicus, soit “1,63°C au-dessus de la moyenne préindustrielle de 1850-1900” quand les émissions de gaz à effet de serre de l’humanité n’avaient pas encore réchauffé la planète.
En mai, la température mondiale moyenne, sur terre et sur les océans, était 1,52°C au-dessus de la norme d’un mois de mai dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Mai 2024 est donc le “11e mois consécutif depuis juillet 2023 à atteindre ou dépasser de 1.5°C” les moyennes de l’ère préindustrielle.
Vers la fin du phénomène climatique El Niño
Cette limite de 1,5°C est citée comme objectif dans l’accord de Paris de 2015, signé par la quasi-totalité des pays. Mais une telle anomalie devrait être observée en moyenne sur plusieurs décennies pour considérer que le climat s’est stabilisé à +1,5°C, ce qui n’est pas encore le cas ; il n’est pas impossible que l’année prochaine soit plus froide.
Sur la décennie passée (2014-2023), la hausse moyenne est de 1,19°C, par rapport à 1850-1900, selon une étude de référence publiée mercredi dans la revue Earth System Science Data et à laquelle ont travaillé une soixantaine de chercheurs de renom. Quant à l’année 2024, le phénomène climatique naturel El Niño, qui a accentué depuis un an les effets du réchauffement de la planète, “montre des signes qu’il arrive à sa fin”, a annoncé lundi l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
Le cycle opposé, La Niña, synonyme de températures mondiales plus fraîches, devrait arriver plus tard cette année, selon l’OMM. Mais ce refroidissement, avertissent les climatologues, pourrait être en moyenne très faible comparé à l’effet réchauffant des émissions de l’humanité.
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