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Guerre en Ukraine : quel impact vont avoir les Mirage 2000-5 livrés par la France sur le front ?


Dix mois après l’annonce de la livraison d’avions de chasse F-16 par les Pays-Bas et le Danemark, la France s’est à son tour décidée à sauter le pas. “Nous allons lancer une nouvelle coopération et annoncer la cession de Mirage 2000-5”, a déclaré Emmanuel Macron lors d’une interview à TF1 et France 2, en marge des commémorations du 80e anniversaire du Débarquement du 6 juin. Un nouveau cap dans le soutien hexagonal à l’Ukraine, alors que Paris s’y était jusqu’à présent refusé par crainte d’affaiblir ses capacités aériennes.

Pour les forces ukrainiennes, l’arrivée de ces nouveaux appareils représente un saut qualitatif. “Le Mirage 2000-5 est autrement plus performant que les Mig 29 actuellement utilisés par les Ukrainiens, explique le général (2S) Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense nationale. Il s’agit d’une version modernisée du Mirage 2000, dédiée à la défense aérienne, dont les cibles principales sont les avions et les missiles ennemis.” Encore utilisés par les forces françaises, quatre d’entre eux ont été déployés en novembre dernier à Šiauliai, en Lituanie, pour assurer des missions de police du ciel, et ont été impliqués dans l’interception de pas moins de cinq avions russes fin février.

Un complément aux F-16

Si à ce stade le chef de l’Etat n’a pas précisé combien d’appareils seront cédés à Kiev, il a évoqué la création d’une “coalition avec d’autres partenaires”. Sur les 37 Mirage 2000-5 qui avaient été livrés à l’armée de l’Air française par Dassault Aviation à la fin des années 1990, un peu moins d’une trentaine seraient encore en service aujourd’hui. Afin de ne pas trop réduire ses capacités, Paris tente donc en parallèle de rallier à sa cause d’autres pays utilisateurs – tels que la Grèce, l’Inde ou le Brésil.

“Pour que ce soit intéressant pour les Ukrainiens, il faudrait pouvoir leur fournir au moins une douzaine d’appareils, jauge Xavier Tytelman, ancien aviateur militaire et expert aéronautique. Mais l’idéal serait d’atteindre 30 à 40 en s’associant à d’autres pays.” Un moyen pour les forces ukrainiennes de garder une flotte opérationnelle malgré de probables pertes en vol. Ces appareils s’ajouteront aux quelque 85 avions de chasse F-16 précédemment promis par les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège et la Belgique. A la mi-mai, Volodymyr Zelensky avait estimé que l’Ukraine avait besoin de “120 à 130 avions modernes” pour parvenir à contester la supériorité aérienne de la Russie.

Protéger le ciel ukrainien

A l’heure où Moscou intensifie ses frappes contre l’Ukraine, les Mirage 2000-5 pourraient se révéler d’une aide précieuse pour défendre le ciel ukrainien. Parmi leur arsenal, le missile air-air Mica, d’une portée de 60 à 80 kilomètres, qui arme également les avions Rafale. “Les Mirage 2000-5 ne sont pas faits pour bombarder des positions terrestres, mais pour abattre les aéronefs ennemis, note le général Pellistrandi. Ils pourront donc empêcher les avions russes de pénétrer dans l’espace aérien ukrainien et éventuellement intercepter les missiles qui sont tirés depuis le territoire russe.” Permettant, in fine, de réduire la menace qui plane au-dessus des villes ukrainiennes.

Avant d’en arriver là se pose toutefois la question de la formation des forces de Kiev sur ces nouveaux avions. En juillet 2023, 11 pays occidentaux – dont la France – avaient annoncé unir leurs efforts pour former des pilotes ukrainiens aux F-16, dont les premiers pourraient être opérationnels cet été. Lors de son interview, Emmanuel Macron a évoqué, en ce qui concerne les Mirage 2000-5, un programme d’entraînement de “cinq à six mois” dans l’Hexagone. “S’il est destiné aux pilotes qui sont actuellement déjà formés en France sur les Alpha-Jet, ils pourraient être opérationnels d’ici la fin d’année ou début 2025”, juge le spécialiste Xavier Tytelman.

Moscou n’a pas attendu de les voir voler dans le ciel ukrainien pour dénoncer la décision française. “M. Macron démontre un soutien absolu au régime ukrainien” a tancé le 7 juin le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, accusant la France d’être “prête à participer directement au conflit militaire”. Les avions russes pourraient en tout cas avoir un peu moins la partie facile à l’avenir.




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