Elle ne s’est présentée que huit fois en plus de cent ans. Prérogative présidentielle dans la Constitution de 1958, la dissolution de l’Assemblée nationale, annoncée dimanche par Emmanuel Macron, est la sixième sous la Ve République.
Sous la Ve, le général de Gaulle et François Mitterrand en ont chacun prononcé deux, à chaque fois suivies par une victoire électorale de la majorité présidentielle. Celle décidée par Jacques Chirac en 1997 a en revanche vu la gauche remporter une majorité des sièges, donnant lieu à la nomination de Lionel Jospin à Matignon et à la cohabitation.
Auparavant, les deux dissolutions prononcées en 1877 et en 1955 avaient été un échec pour les gouvernements qui les avaient décidées en Conseil des ministres.
Sous de Gaulle en 1962 et 1968
Le 9 octobre 1962, le général de Gaulle dissout l’Assemblée à la suite de l’adoption d’une motion de censure à l’initiative des socialistes, du MRP et des Indépendants, opposés à une révision constitutionnelle visant à instaurer l’élection du président de la République au suffrage universel direct.
Les gaullistes sortent renforcés des élections de novembre 1962, qui permettent au président de constituer une véritable majorité autour de lui.
Le 30 mai 1968, Charles de Gaulle dissout à nouveau l’Assemblée élue un an plus tôt au terme de la longue crise sociale – les “événements” de mai 68 – qui a ébranlé le pouvoir. Les élections de juin se soldent par un raz-de-marée de droite, les gaullistes obtenant à eux seuls la majorité absolue.
Sous Mitterrand en 1981 et 1988
Au lendemain de son investiture présidentielle, le socialiste François Mitterrand dissout, le 22 mai 1981, l’Assemblée nationale élue en mars 1978 où la droite disposait de la majorité absolue. Les socialistes obtiennent la majorité absolue au terme des élections de juin.
Réélu en 1988, François Mitterrand dissout le 14 mai l’Assemblée élue en mars 1986, où la droite détenait la majorité absolue. Les élections qui suivent ne donnent cette fois qu’une majorité relative aux socialistes.
Sous Chirac en 1997
“La dissolution n’a jamais été faite pour la convenance du président, mais pour trancher une crise politique”, déclare encore Jacques Chirac en 1996. Mais à partir de mars 1997, quelques voix s’élèvent à droite, en particulier celle du secrétaire général de l’Elysée Dominique de Villepin, pour réclamer des législatives avant l’échéance normale de mars 1998. L’aggravation de la situation économique, alors prévue à tort par de nombreux experts, est leur principal argument : autant organiser des élections avant que les choses n’empirent.
Le 21 avril, le chef de l’Etat annonce qu’il dissout l’Assemblée, arguant que la France a besoin “dès maintenant” d’un “nouvel élan”. La gauche se lance dans la campagne autour du nouveau concept de “gauche plurielle”, regroupant PS, PCF, radicaux de gauche, Verts et Mouvement des citoyens.
Au second tour, elle obtient en juin une majorité de 319 sièges, ouvrant la voie à une cohabitation jusqu’en 2002, la plus longue de la Vème République.
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