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Dissolution de l’Assemblée : Macron est impardonnable, par Jean-François Copé


Le 6 juin, des chefs d’Etat venus de tout le monde occidental ont commémoré la victoire héroïque de la démocratie contre la dictature et la haine. Le 9 juin, les élections européennes nous ramènent à une cruelle réalité. Quatre-vingts ans plus tard, l’extrême droite – expansionniste en Europe – réunit en France 38 % des suffrages contre l’immigration, l’extrême gauche en rassemble 9 % contre Israël. Au RN, Jordan Bardella a réussi son pari : présenter son parti comme rassembleur et rassurant, loin devant ses concurrents. A l’extrême gauche, c’est une étape de plus qui a été franchie. La mue vers un communautarisme rance et un antisémitisme abject est désormais clairement assumée et c’est encore son éternel gourou, Jean-Luc Mélenchon, qui en parle le mieux dans son blog : “le rayon paralysant abusif de l’accusation d’antisémitisme est désormais sans effet”. Des scores sans appel pour une campagne sans accroc car, regardons la vérité en face, les partis de gouvernement ont accumulé les erreurs.

En souhaitant s’engager pleinement dans cette campagne, Emmanuel Macron est le premier comptable de cette victoire des extrêmes. En refusant d’admettre le rejet qu’il suscite dans l’opinion publique, il a foncé tête baissée dans le piège tendu par les populistes de tous bords : faire de ce vote avant tout un référendum contre lui.

La droite de gouvernement n’est pas exempte de reproches. L’expérience et l’honnêteté intellectuelle d’un François-Xavier Bellamy n’auront pas suffi à porter une famille politique prise en étau entre la majorité présidentielle et l’extrême droite. A l’heure où les Français rejettent le macronisme, la droite de gouvernement a proposé tout au long de la campagne un nouvel “en même temps” et s’est livrée à un curieux jeu d’équilibriste. Elle vante son sérieux dans les institutions européennes tout en rougissant de ses engagements au sein d’une coalition de droite qui a su répondre au Covid et à la guerre en Ukraine. Elle se réclame du PPE, majoritaire au Parlement, mais renie la présidente de la Commission issue de ce groupe. Les Républicains ont ainsi sacrifié ce qui justement les distinguait de la politique de Macron : leur cohérence et leur colonne vertébrale.

Emmanuel Macron a joué au poker l’avenir de la France

Dans ce contexte, le président de la République a pris la pire des décisions moins d’une heure après l’annonce officielle des résultats en annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale. Tel un enfant boudeur, il a semblé montrer une nouvelle fois son inculture historique. Péché d’orgueil ou de vanité, a-t-il vraiment pensé endosser les habits du général de Gaulle ? A quelques jours du championnat d’Europe de football et des Jeux olympiques, il ne dispose plus que d’un gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes alors qu’il nous faut affronter un niveau de risque sécuritaire maximal dans tous les domaines.

S’ajoute à cela un contexte politique totalement délétère. Les partis de gouvernement rongés par les querelles internes de personnes réalisent heure après heure qu’ils vont sombrer dans le “sauve qui peut” face à une extrême droite parfaitement organisée pour la conquête du pouvoir et une extrême gauche dédiée à la déstabilisation de la République. Sans oublier, bien sûr, le risque de panique des acteurs économiques, qui ont compris que le programme du Rassemblement national était non seulement incohérent et irréaliste, mais aussi… socialiste avec à la clé des hausses d’impôts en pagaille.

Les Français viennent d’instruire un procès sévère en inefficacité à l’encontre des partis de gouvernement, incapables de rétablir l’ordre aux frontières, dans la rue, à l’école et dans les comptes. C’était donc un changement radical de politique et de majorité qu’il fallait annoncer plutôt que cette dissolution aux conséquences gravissimes. Emmanuel Macron a joué au poker l’avenir de la France. C’est immature, inconséquent et peut-être impardonnable. Il est impératif que nos innombrables “responsables” prennent justement leurs responsabilités. Faute de quoi, ils devront eux aussi assumer les conséquences du chaos qui s’annonce.

Jean-François Copé, ancien ministre, maire (LR) de Meaux




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