Dans la foulée de sa victoire aux européennes, le Rassemblement national aborde cette campagne des législatives en tête des sondages, donné autour de 30 % des voix. Cette possibilité de voir arriver les “extrêmes” -selon l’expression de Kylian Mbappé-, et notamment le RN de Jordan Bardella et Marine Le Pen, au pouvoir en France suscite l’inquiétude de nombreuses personnalités du monde du sport. L’Express fait le point.
Mbappé met un tacle “aux extrêmes”
La préparation des Bleus pour l’Euro 2024, qui débute lundi (21h00) pour les vice-champions du monde contre l’Autriche à Düsseldorf, n’en finit pas d’être percutée par la crise politique en France. La parole de la superstar des Bleus, habituée à donner son avis et à partager son opinion sur les sujets de société, était particulièrement attendue. L’attaquant a comme d’habitude bien pesé ses mots et n’a pas botté en touche. “Je suis contre les extrêmes, les idées qui divisent”, a déclaré le futur joueur du Real Madrid (25 ans) lors de la conférence de presse de veille de match, sans préciser quelles formations politiques il avait dans le viseur.
“Je pense qu’on est dans un moment crucial de l’histoire de notre pays. La situation est inédite, c’est pour ça que j’ai envie de m’adresser à tout le peuple français et à la jeune génération qui peut faire la différence. J’appelle les jeunes à aller voter, on voit que les extrêmes sont aux portes du pouvoir, on a l’opportunité de choisir l’avenir de notre pays”, a-t-il ajouté. Pour Mbappé, “la situation est plus importante que le match de demain (lundi)” et il a refusé d’apparaître comme quelqu’un de “déconnecté”, mettant en avant les “valeurs de tolérance, de mixité et de respect”. “J’espère qu’on sera encore fier de porter ce maillot le 7 juillet”, à l’issue du 2e tour des législatives, a-t-il poursuivi.
La sortie de Mbappé est intervenue après la publication samedi dans la soirée d’un communiqué de la Fédération française de football demandant à “éviter toute forme de pression et d’utilisation politique de l’équipe de France” et appelant à respecter sa “neutralité”, en réponse aux déclarations anti-RN de Marcus Thuram. Juste avant cette mise au point, le président de la FFF Philippe Diallo avait eu au téléphone Mbappé et le vice-capitaine, Antoine Griezmann, selon une source proche du dossier.
Thuram : “Il faut se battre pour que le RN ne passe pas”
La veille, Marcus Thuram avait été le premier bleu convoqué pour l’Euro 2024 à prendre position aussi clairement contre le Rassemblement National dans la perspective des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet. “Je pense que la situation est triste, très grave, a déclaré le joueur de l’Inter Milan en conférence de presse. “J’ai appris ça (la victoire du RN aux Européennes, ndlr) après le match contre le Canada (dimanche, ndlr), on était un peu tous choqués dans le vestiaire. Il faut dire à tout le monde d’aller voter, se battre au quotidien pour que le RN ne passe pas.”
“J’espère que tout le monde partage mon avis, ce n’est pas assez de dire qu’il faut aller voter, il faut expliquer comment on en est arrivés là”, a-t-il ainsi expliqué. “Je ne pense pas que ce soit très compliqué de s’exprimer là-dessus, ça vient de mon éducation, je sais que plein de gens me suivent sur les réseaux, je suis obligé de faire passer certains messages. En grandissant avec mon père, je me sens responsable de tenir ce genre de message”, a poursuivi le fils de Lilian Thuram, le champion du monde 1998 connu pour son engagement dans l’antiracisme. “Je n’ai aucun doute sur le fait que tout le monde pense comme moi en équipe de France. Je ne suis pas là pour forcer quelqu’un à dire quelque chose même s’il le pense. Grâce à mon père je maîtrise assez cette situation pour pouvoir en parler”, a-t-il ajouté.
Une tribune dans L’Equipe contre l’extrême droite
Plusieurs dizaines de personnalités du sport français appellent dans une tribune publiée dimanche sur le site de L’Equipe à voter contre extrême droite lors des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet. “Aujourd’hui, nous sommes menés au score, sur le point de perdre le match. Mais il nous reste quelques jours de prolongation pour réagir”, écrivent-ils dans cette tribune. “Votons contre l’extrême droite, qui vient de réaliser un score historique aux élections européennes”, ajoutent-ils.
“Nous sommes bien conscients des difficultés grandissantes que beaucoup rencontrent pour joindre les deux bouts, de la colère face aux inégalités, du manque d’engagement et de la peur de l’avenir. Mais en tant que sportives et sportifs professionnels, entraîneurs et décideurs, nous ne pouvons nous résigner à voir l’extrême droite prendre le pouvoir dans notre pays”, poursuivent-ils.
La tribune a été signée à ce stade par plus de 60 personnalités, sportifs, entraîneurs ou dirigeants, parmi lesquelles les anciennes athlètes Marie-José Pérec et Monique Ewanje-Epée, les navigateurs Isabelle Autissier et François Gabart, l’ancien footballeur Vikash Dhorasoo ou encore les ex-rugbymen Serge Betsen et Fulgence Ouedraogo ou Yannick Noah, le dernier Français vainqueur du tournoi de Roland-Garros. Ses auteurs estiment que l’extrême droite “piétine le respect”, qu’ils érigent eux comme “l’une des pierres angulaires du sport”.
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