Pas de fumée blanche à Bruxelles ! Les Vingt-Sept vont poursuivre leurs tractations en vue d’un accord formel fin juin sur les postes clés de l’UE, après un premier tour de table lundi à l’issue duquel Ursula von der Leyen est restée favorite pour le “top job” à la Commission européenne. “C’était une bonne discussion. Cela va dans la bonne direction, je pense, mais il n’y a pas d’accord à ce stade”, a reconnu le président du Conseil européen Charles Michel, à l’issue d’un dîner informel des dirigeants des pays de l’UE lundi soir à Bruxelles.
Le responsable belge a toutefois souligné qu’une décision n’était de toute façon pas attendue avant un autre sommet des dirigeants de l’UE, les 27 et 28 juin à Bruxelles. “Il est de notre responsabilité collective de prendre une décision d’ici à la fin juin”, a ajouté Charles Michel. Il faut que ça mijote, je pense qu’on n’est pas si loin que ça”, a jugé le président français Emmanuel Macron, à l’issue de cette réunion.
Les dirigeants ont multiplié les marques de soutien pour une reconduction d’Ursula von der Leyen, 65 ans, à la tête de la Commission européenne. Première force politique au Parlement européen, où il s’est nettement renforcé à l’issue du scrutin des 6-9 juin, le Parti populaire européen (PPE, droite), qui soutient Ursula von der Leyen, a toutefois cherché à pousser son avantage lors des pourparlers, selon des sources diplomatiques.
Les demandes du PPE ont alors empêché l’annonce d’un accord global portant aussi sur les autres postes, celui de président du Conseil européen et de chef de la diplomatie européenne. La répartition doit tenir compte des équilibres politiques dans l’UE à l’issue des élections européennes, mais aussi géographiques.
“Pas d’impasse”
“Il n’y a pas d’impasse”, a toutefois souligné le Premier ministre portugais Luis Montenegro, à l’instar d’autres dirigeants européens, plutôt confiants sur les chances d’un accord global d’ici fin juin.
Le PPE revendique après sa victoire aux élections européennes la tête de la Commission de Bruxelles, qu’il occupe depuis une vingtaine d’années. Les sociaux-démocrates, qui constituent le deuxième groupe au Parlement européen, réclament de leur côté la présidence du Conseil européen et l’ancien Premier ministre portugais Antonio Costa est pressenti.
Ce socialiste de 62 ans fait l’objet d’une enquête pour trafic d’influence qui a provoqué sa démission du gouvernement portugais en novembre, mais nombre de diplomates jugent que ce n’est pas un obstacle insurmontable, les soupçons à son encontre semblant se dissiper.
Selon des sources diplomatiques, le PPE a cependant proposé lundi que la présidence du Conseil, un mandat de deux ans et demi renouvelable une fois, soit partagée lors de la législature entre les sociaux-démocrates qui obtiendraient d’abord le poste, avant qu’il passe à un conservateur dans deux ans et demi.
“Monter les enchères”
“Avec une position renforcée, le PPE essaie de faire monter les enchères”, explique un diplomate. Les négociateurs sont “d’accord sur les trois noms. C’est plus une recherche d’équilibres entre le PPE” et les autres forces politiques, dont les socialistes, qui a empêché un accord dès lundi, a résumé une autre source diplomatique.
Egalement en jeu, le poste de Haut représentant pour les affaires étrangères était jusqu’à présent occupé par le socialiste espagnol Josep Borrell qui se retire à 77 ans. La Première ministre estonienne Kaja Kallas est bien placée pour lui succéder. Cette libérale de 46 ans serait la seule Européenne de l’Est parmi les titulaires des “top jobs”. La dirigeante s’est fait connaître par son soutien sans faille à l’Ukraine dans la guerre déclenchée par la Russie, pays frontalier de l’Estonie.
Elle “comprend très bien les réalités ukrainiennes et russes et elle a une position identique à celle de la Pologne”, a souligné le Premier ministre polonais Donald Tusk, en lui apportant son appui.
A la tête du Parlement européen depuis janvier 2022, la Maltaise Roberta Metsola (PPE), 45 ans, devrait sauf surprise rempiler, pour un mandat de deux ans et demi. Pour être désignée, Ursula von der Leyen a besoin de recueillir une “majorité qualifiée” d’au moins 15 pays, représentant 65% de la population européenne.
Si elle est effectivement choisie par les dirigeants, Ursula von der Leyen devra ensuite être adoubée par une majorité absolue de 361 eurodéputés nouvellement élus. En 2019, elle avait été élue de justesse, avec 9 voix d’avance.
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