Courtiser et rassurer : les représentants des principaux partis dans la course aux élections législatives présentent, jeudi 20 juin, leur programme devant les organisations patronales, à l’heure où la gauche et l’extrême droite sont accusées de faire des promesses trop dispendieuses.
Ces auditions auront lieu dans un contexte où les finances publiques françaises sont dans le rouge et ont été épinglées mercredi par la Commission européenne qui a ouvert la voie à des procédures pour déficits publics excessifs.
Les infos à retenir
⇒ Gabriel Attal réclame des digues” face à l’antisémitisme
⇒ Le Nouveau Front populaire demande “un effort” aux milliardaires
⇒ Bardella cherche à rassurer sur les dépenses
Le banquier d’affaires Matthieu Pigasse appelle à voter Nouveau Front populaire
Le banquier d’affaires et patron de presse Matthieu Pigasse, engagé de longue date à gauche, a affiché jeudi son soutien au Nouveau Front populaire (NFP). “J’appelle en effet à voter Nouveau Front populaire, je considère qu’il faut tout faire pour faire barrage au Rassemblement national”, a-t-il déclaré au micro de France Info. L’ancien directeur général délégué de la banque Lazard, actuellement associé chez Centerview Partners, a fustigé le bilan du gouvernement actuel, citant en vrac une “dérive des finances publiques”, un “déficit budgétaire hors de contrôle” et des “mesures antisociales”.
Il a également averti contre “le retour de la’bête immonde’du siècle précédent mais avec des nouveaux masques”. Le Rassemblement national (RN) porte selon M. Pigasse la “même haine, le même rejet de l’autre, le même repli sur soi, la même société de la peur et de la défiance”.
Le Nouveau Front populaire demande “un effort de patriotisme économique” aux milliardaires
Le Nouveau Front populaire demande “un effort de patriotisme économique” aux milliardaires, a affirmé jeudi le socialiste Boris Vallaud, membre du Nouveau Front populaire, au cours d’une audition devant des organisations patronales, évoquant “un moment de redressement national”. “Vous pouvez lever la main les milliardaires et je m’excuserai auprès de vous de l’effort que je vous demande de solidarité et de patriotisme économique”, a lancé le chef de file des députés socialistes, invité salle Gaveau à Paris par des organisations patronales avec Eric Coquerel (LFI) pour représenter la coalition de gauche lors d’auditions des principaux partis candidats aux élections législatives.
Législatives : Bardella cherche à rassurer sur les dépenses
Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a cherché à rassurer jeudi sur les dépenses publiques, promettant de remettre “de l’ordre” dans les comptes publics face à la “déraison budgétaire” du gouvernement qui fait selon lui courir “un risque de décrochage économique” à la France. “Je pense que la France est aujourd’hui à la croisée des chemins […], la déraison budgétaire dans laquelle nous sommes plongés depuis 2017 fait peser un risque de décrochage économique”, a déclaré M. Bardella au cours d’une audition devant les organisations patronales.
Le jeune patron du parti d’extrême droite, âgé de 28 ans, a promis de réaliser “un audit des comptes publics” s’il se hisse au pouvoir lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, afin d’y remettre “de l’ordre”. Se voulant rassurant envers les chefs d’entreprise présents dans la salle Gaveau, à Paris, Jordan Bardella a assuré vouloir “déverrouiller les contraintes qui pèsent aujourd’hui sur la croissance”, s’engageant à associer les entreprises à son projet.
“La marge de manœuvre budgétaire de la France, elle est nulle”, affirme Bruno Le Maire
“La marge de manœuvre budgétaire de la France, elle est nulle”, a affirmé jeudi le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, en qualifiant les programmes de l’union de la gauche et du Rassemblement national de “programmes délirants et à contretemps de la situation des finances publiques”.
“J’entendais […] Jordan Bardella nous dire ‘on va essayer de voir ce ce qu’il en est sur les comptes publics, quelle est la marge de manœuvre budgétaire'”, a déclaré le ministre à l’occasion d’une audition des principaux partis candidats aux législatives devant des organisations patronales réunies salle Gaveau à Paris. “La marge de manœuvre budgétaire de la France, elle est nulle. Il faut rétablir les comptes publics”, a-t-il ajouté.
Attal réclame des digues” face à l’antisémitisme
Gabriel Attal a appelé mercredi les Français à le “choisir” comme Premier ministre dès le premier tour des élections législatives, alors qu’il était interrogé sur la nécessité ou pas de faire campagne avec Emmanuel Macron compte tenu de l’animosité que le président suscite parmi les électeurs.
“C’est la première fois depuis plus de 25 ans que les Français vont choisir un Premier ministre. Evidemment qu’il y aura un avant et un après. Et qu’à l’issue de cette élection, nécessairement, il y aura un avant et un après dans la pratique du pouvoir, dans l’équilibre des institutions. Le 9 janvier, le président de la République m’a nommé. Le 30 juin, j’aimerais que les Français me choisissent”, a-t-il répondu lors d’une conférence de presse de présentation du programme de la majorité à ce scrutin.
Il a aussi demandé mercredi aux responsables politiques de “mettre des digues” face à la montée de l’antisémitisme et de “refuser de (le) banaliser”, visant Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise. “Les responsables politiques et partis politiques ont une responsabilité pour mettre des digues, pour empêcher qu’un certain nombre de discours se banalisent”, a affirmé le Premier ministre qui mène la campagne du camp présidentiel aux élections législatives, interrogé sur le viol présumé d’une jeune fille juive à Courbevoie (Hauts-de-Seine). “Quand on dit, comme ça a été le cas pour Jean-Luc Mélenchon, que l’antisémitisme est, je cite, résiduel dans notre pays alors qu’il […] a explosé, […] évidemment qu’on laisse se banaliser un discours, une haine dans le débat public”
Débat télévisé entre Attal, Bompard et Bardella
Un débat opposera Gabriel Attal, Jordan Bardella et Manuel Bompard le 25 juin en soirée sur TF1, à cinq jours du premier tour des élections législatives, a annoncé mercredi la première chaîne française.
Ce débat entre le Premier ministre issu de Renaissance, le président du Rassemblement national et l’ancien député de La France insoumise sera animé par Gilles Bouleau et Anne-Claire Coudray.
Ciotti dénonce une “alliance cachée” entre la Macronie et LR
Eric Ciotti, à l’origine d’une “coalition” entre la droite et le RN aux législatives, dénonce une “alliance secrète” entre les LR qui s’efforcent de l’exclure de leur présidence et la Macronie, dans un entretien mis en ligne mercredi sur le site du Figaro.
“Je dénonce publiquement la grande dissolution de la droite dans le macronisme à l’œuvre”, affirme le député des Alpes-Maritimes qui présente une soixantaine de candidats aux législatives sous l’étiquette “Les Républicains à droite” et dont le rapprochement avec le RN a été contesté par la direction de LR.
“Les chiffres viennent de tomber : il y aura près de 70 circonscriptions sans candidats de la majorité macroniste, dont la moitié pour les députés LR sortants qui ne m’ont pas suivi”, explique-t-il, interprétant cette absence de rival comme la preuve qu’une “alliance cachée (qui) a été construite”. Eric Ciotti, qui se représente dans sa circonscription, assure “n’avoir trahi personne” avec son alliance avec le RN, présentant sa démarche comme “tellement plus gaullienne que le statu quo et le confort de rentes électorales réduites à néant” des LR qui n’ont pas choisi de le suivre.
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