Une mission sénatoriale s’est alarmée, ce mercredi 26 juin, d’une “résurgence” dans les universités françaises d’un “climat d’antisémitisme” en proposant de “renforcer les formations” et “systématiser les sanctions”, des recommandations qu’elle souhaite voir prise en compte “dès la rentrée prochaine”.
Depuis le 7 octobre, “76 actes antisémites ont été signalés dont 17 font l’objet d’une procédure disciplinaire”, avait affirmé fin mai la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau lors d’une audition au Sénat. Cela constitue plus du double de l’année scolaire précédente, constate dans son rapport final la “mission flash” du Sénat menée par le centriste Pierre-Antoine Lévi et le radical Bernard Fialaire, lancée fin mars à la suite d’incidents survenus lors de l’occupation d’un amphithéâtre de Sciences Po Paris.
Depuis l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre, des associations dont le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) et des politiques ont alerté régulièrement sur la montée d’un “antisémitisme d’atmosphère” dans les universités alimenté par le conflit dans la bande de Gaza.
Les rapporteurs se sont dits “alarmés de la résurgence, au sein de nombreux établissements, d’un climat d’antisémitisme dont les modes d’expression ont évolué sous l’effet de la polarisation idéologique associée aux mobilisations étudiantes en faveur de la Palestine”, a souligné Pierre-Antoine Lévi lors d’une conférence de presse. Au-delà “d’agissements isolés et sporadiques” de “sympathisants de l’ultradroite”, cette “réactivation” doit aussi selon leur rapport à “une idéologie relevant désormais également de l’extrême gauche”.
“Cet antisémitisme d’atmosphère, difficile à repérer, se traduit dans les établissements par du harcèlement, des bousculades, changements de places dans les amphis, un isolement d’étudiants au moment de confectionner des groupes”, selon Pierre-Antoine Lévi. “Les données disponibles ne permettent pas d’identifier de filière ou d’établissements particulièrement concernés”, relèvent cependant les rapporteurs.
“Il y a beaucoup d’antisémitisme d’ignorance”
Parmi leurs onze recommandations, les sénateurs demandent de “généraliser les conventions de partenariat entre les établissements d’enseignement supérieur et les parquets locaux” afin d’être “plus réactif”, a souligné Bernard Fialaire. Les sénateurs pointent également “les formations qui existent parfois mais qui doivent être diffusées davantage dans les universités où il y a beaucoup d’antisémitisme d’ignorance”, selon Pierre-Antoine Lévi.
Ils préconisent également d'”ajouter des types de sanctions pour signaler des cas de racisme et d’antisémitisme, en allant jusqu’à l’exclusion temporaire”. “Chaque fois qu’un président d’université ou de grande école a connaissance d’un fait, il faut le signaler”, ont-ils insisté.
“Ça fait énormément de bien de lire ce rapport précis, fouillé. La solution passe par la nuance et le travail et non par l’instrumentalisation”, a réagi auprès de l’AFP le président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) Samuel Lejoyeux, qui espère que cela “sera repris dans les pratiques”.
Saluons l’excellent travail de la commission du @Senat sur l’antisémitisme à l’Université.
Loin des invectives et de l’instrumentalisation actuelles, c’est de mesures concrètes dont nous avons besoin.
Merci @PALevisenat @L_Lafon @BernardFialaire https://t.co/Hafura5rIv
— UEJF (@uejf) June 26, 2024
Les travaux de cette mission “vont permettre au ministère d’approfondir ses efforts en matière de prévention et de lutte contre l’antisémitisme dans les campus”, a précisé le ministère de l’Enseignement supérieur à l’AFP. “Nos universités […] ont conscience de la nécessité de faire mieux. Nous travaillons dès à présent à la préparation de la rentrée”, a pour sa part réagi France Universités, qui regroupe 74 universités.
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