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“Pour le pays, retirez-vous” : Joe Biden face au spectre d’un abandon en pleine campagne


“Monsieur Biden n’est plus l’homme qu’il était il y a quatre ans”. Dans un éditorial publié vendredi 28 juin, le New York Times appelle le président américain et prétendant à sa réélection, à “quitter la course” pour laisser place à un autre candidat démocrate face à Donald Trump, au lendemain d’un débat télévisé catastrophique devant 51 millions de spectateurs.

“Joe Biden est apparu comme l’ombre d’un dirigeant politique”, écrit le quotidien new-yorkais proche du camp progressiste, alors que le président âgé de 81 ans a montré de grandes difficultés à défendre son programme, répondre aux provocations du républicain Donald Trump (à peine plus jeune, à 78 ans), ou tout simplement… à terminer ses phrases, lors de ce duel. Le républicain est ainsi apparu largement vainqueur auprès de 67 % des spectateurs, selon un sondage CNN, qui indique toutefois que 81 % des électeurs ayant assisté à la joute n’ont, pour autant, pas changé d’opinion sur leur vote.

Décidé à poursuivre la course

Ce qui n’a cependant pas empêché les démocrates, à la traîne dans les sondages, d’être gagnés par la panique générale, selon la presse américaine. Et pour cause, “ce débat devait être l’opportunité pour Joe Biden de démontrer qu’il était encore apte à gouverner, et il a échoué dans cet exercice”, analyse Nicole Bacharan, politologue et spécialiste des Etats-Unis. “C’est un président apprécié dans son propre camp, où l’on juge qu’il a fait du bon travail, mais sa sénilité pourrait être un frein à la réélection des démocrates”.

Largement plébiscité lors des primaires démocrates, Joe Biden est le seul à pouvoir décider de quitter la partie, mais n’y semble absolument pas résolu. Reparti en campagne au lendemain de sa triste prestation, le démocrate de 81 ans a reconnu lors d’un meeting à Raleigh, en Caroline du Nord (aidé cette fois-ci d’un prompteur) : “Je ne débats pas aussi bien qu’autrefois […] mais je ne me représenterais pas si je ne croyais pas, de tout mon cœur, que je peux faire ce boulot”. Le dirigeant a, dans la foulée, reçu le soutien appuyé de Barack Obama – qui reste l’une des voix les plus respectées du Parti démocrate, ainsi que d’un autre de ses prédécesseurs, Bill Clinton.

Qui pour remplacer Joe Biden ?

De quoi chercher à étouffer l’idée d’un possible abandon, à quelques semaines de la Convention démocrate qui doit se tenir du 19 au 22 août, et qui est censée l’investir. “Ce serait la pagaille, mais techniquement ce n’est pas impossible, estime Nicole Bacharan. On pourrait imaginer une Convention ouverte – fait extrêmement rare – dans laquelle les délégués venus soutenir Joe Biden seraient libérés de leur mandat, et pendant laquelle de nouveaux candidats se présenteraient”.

Face à cette éventualité, les commentateurs politiques américains ont commencé à écumer les possibilités alternatives. Si Joe Biden devait se désister, il est probable qu’il passerait la main à sa vice-présidente Kamala Harris, qu’il a choisie pour lui succéder en cas de défaillance. “Mais cela n’en ferait pas une remplaçante automatique pour autant”, estime l’historienne Nicole Bacharan. Parmi les dirigeants du Parti démocrate, d’autres pourraient aussi être tentés de briguer la Maison-Blanche.

Un pari politique risqué

Sont évoqués des noms comme Gavin Newsom, le gouverneur de Californie, Gretchen Whitmer, la gouverneure du Michigan, celui de Pennsylvanie, Josh Shapiro ou encore Pete Buttigieg, actuel secrétaire aux Transports, qui s’était déjà fait remarquer lors des primaires de 2020 – “des profils compétents, mais qui n’ont pas de stature nationale”, commente la politologue. “Tous sont néanmoins des soutiens affichés du Président, et aucun ne s’avisera de tenter de le doubler, tant que Joe Biden n’aura pas lui-même renoncé à se présenter”, précise Nicole Bacharan.

Un autre dilemme se pose : même si Joe Biden acceptait de jeter l’éponge avant la Convention démocrate, mi-août, son remplaçant n’aurait que quelques semaines pour se préparer au second débat du 10 septembre contre Donald Trump. Et devrait mener une campagne éclair jusqu’à l’élection, le 5 novembre 2024. “C’est très court, cela nécessiterait une mobilisation sans précédent de tout le parti démocrate”, estime encore Nicole Bacharan. Les prochaines semaines s’annoncent difficiles pour les “ânes” – symbole historique du parti. Selon le New York Times, Donald Trump est légèrement en tête par rapport à Joe Biden, avec 46 % des intentions de vote contre 44 %.




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