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Législatives : ces quatre questions de l’après 7 juillet


A minuit, ce vendredi soir, la campagne des élections législatives prendra officiellement fin. Le second tour du scrutin a lieu dimanche 7 juillet. L’extrême droite va-t-elle obtenir une majorité absolue pour la première fois en France ? La stratégie de désistement de ses adversaires va-t-elle lui barrer la route ? Le camp présidentiel va-t-il sauver les meubles ? De nombreuses questions se posent pour ce second tour. Les interrogations se posent aussi pour l’après-législatives. Majorité absolue, gouvernement minoritaire, gouvernement “technique”… Plusieurs hypothèses existent.

Quelle Assemblée nationale ?

Plusieurs scénarios sont possibles à l’issue du second tour. D’abord une majorité absolue (au moins 289 députés) pour le Rassemblement national. Une autre option est une majorité relative. Si celle-ci est confortable (autour des 270 sièges), “cela pourrait permettre à Jordan Bardella d’aller chercher des soutiens chez LR et d’accéder à Matignon sans crainte que son gouvernement ne soit renversé par une motion de censure à l’Assemblée”, explique la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, de l’Université de Rouen, auprès de l’AFP.

Si la majorité est limitée (autour de 250 sièges), un scénario connu récemment avec Elisabeth Borne, le RN aura des difficultés à faire passer ses lois. Si la majorité est faible (autour des 220 sièges) alors la “légitimité (du RN) sera presque concurrente des oppositions qui seront à touche-touche avec le RN”, estime Anne-Charlène Bezzina.

“Deux choses sont certaines. L’Assemblée nationale, telle qu’elle sera dessinée le 7 juillet, ne pourra en aucun cas être dissoute avant le 9 juin 2025, même dans le cas où nous aurions une nouvelle élection présidentielle”, indique la constitutionnaliste. “Par ailleurs, le pays ne peut se retrouver sans gouvernement au nom du principe de la continuité de l’Etat”, rappelle-t-elle.

Qui à Matignon et quand ?

L’article 8 de la Constitution n’impose rien au président de la République. Il est le maître des horloges, notamment en matière de délai pour désigner le chef du gouvernement. En cas de majorité absolue, Jordan Bardella pourrait donc accepter d’être Premier ministre uniquement après l’échéance cruciale des Jeux olympiques (26 juillet-11 août). En 2022, près d’un mois s’était écoulé entre la démission de Jean Castex et l’arrivée d’Elisabeth Borne à Matignon.

Selon Politico, Emmanuel Macron serait décidé à ne pas précipiter les choses après le second tour, alors que le RN dispose d’une majorité absolue ou non. “Il va demander un temps mort, un temps de réflexion avant de nommer un nouveau Premier ministre”, a déclaré à Playbook un visiteur de l’Elysée. Le président de la République compterait donc demander à Gabriel Attal de rester en poste pour quelques jours – même si la situation politique lui impose de nommer Jordan Bardella à Matignon – afin “d’apaiser le pays”, selon la même source.

Dans le cas où le Rassemblement national ne serait pas très proche des 289 députés, Jordan Bardella a indiqué qu’il n’irait pas à Matignon, une première sous la Ve République. Sur France Inter, mardi, Marine Le Pen a évoqué un seuil de 270 députés pour accepter Matignon. “A partir du moment où nous avons, par exemple, 270 députés, il nous en faut 19 de plus” pour avoir la majorité absolue de 289 députés. “On va aller voir les autres et on va leur dire : ‘Est-ce que vous êtes prêts à participer avec nous d’une nouvelle majorité pour une nouvelle politique, oui ou non ? Est-ce que vous êtes prêts à voter la confiance ? Est-ce que vous êtes prêts à voter le budget ?'”, a indiqué la députée RN sortante, réélue dès le premier tour dimanche dans le Pas-de-Calais.

Rien n’indique cependant que Jordan Bardella le RN ne change pas d’avis afin de ne pas “mécontenter son électorat”. Il pourrait alors former un gouvernement, “attendre qu’il tombe éventuellement sous le coup d’une motion de censure et montrer ainsi aux électeurs qu’il est empêché malgré sa volonté”, pronostique Anne-Charlène Bezzina. Selon Politico, les stratèges de la majorité s’accordent à penser qu’Emmanuel Macron serait enclin à charger Jordan Bardella de former un gouvernement, même en cas de majorité relative pour le RN.

Que se passera-t-il si Jordan Bardella refuse Matignon ?

En cas de refus du RN de gouverner, l’hypothèse d’une “grande coalition” ou d’un “gouvernement d’union nationale” rassemblant le camp présidentiel, le centre droit, Les Républicains et une partie du Nouveau Front populaire a été évoquée ces derniers jours. Mais cela semble compliqué. Difficile, en effet, d’imaginer dans le même gouvernement des personnalités politiquement aussi différentes. “Cette coalition hétéroclite, qui se dessinerait sans LFI, sera bien peu armée pour résister à une motion de censure”, estime Anne-Charlène Bezzina.

L’autre hypothèse évoquée est la formation d’un “gouvernement technique” pour tenir jusqu’aux prochaines législatives, que les différentes forces politiques s’engageraient à ne pas renverser. Celui-ci serait composé d’experts (économistes, hauts fonctionnaires…) eux-mêmes chapeautés par une personnalité consensuelle à Matignon. L’objectif serait de rassurer les investisseurs, les marchés financiers et les partenaires de la France. Son champ d’action serait limité au strict minimum, comme le paiement des fonctionnaires.

Quels seront les groupes politiques à l’Assemblée ?

Plusieurs familles politiques courent le risque de ne pas atteindre le seuil minimal de députés, fixé à 15, pour former un groupe dans le nouvel hémicycle et bénéficier des avantages qui vont avec. Trois groupes de la précédente législature ne sont pas assurés de franchir ce cap, avance Politico : le groupe Liot emmené par son ancien président Bertrand Pancher, lui-même pas assuré d’être réélu, le groupe Horizons, le mouvement fondé par Edouard Philippe, ainsi que le groupe GDR, qui regroupait les communistes et des députés ultramarins.

A gauche, un groupe large composé d’élus écologistes, d’élus de Génération. s et de certains Insoumis en rupture avec la direction du mouvement, voire de communistes, pourrait voir le jour lors de la prochaine législature. Les députés élus dimanche dès le premier tour ont déjà fait leur entrée au Palais Bourbon. Ceux qui seront élus dimanche soir feront leur entrée le lundi 8 juillet. Ils auront jusqu’au jeudi 11 juillet, 18 heures, pour constituer les différents groupes politiques de cette nouvelle législature.




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