Les tractations se poursuivent depuis cinq jours au sein du Nouveau Front populaire, arrivé en tête des législatives mais sans majorité absolue, pour s’accorder sur le nom d’un (ou d’une) potentiel Premier ministre. Celui d’Huguette Bello a surgi, vendredi 12 juillet au soir, comme prétendante pour Matignon – mais n’a pas encore été validé par tous. La désunion qui gagne le camp présidentiel a suscité l’agacement d’Emmanuel Macron, qui a déploré un “spectacle désastreux”. La droite, elle, aussi se déchire sur la proposition du président de former une “coalition” Républicaine.
Les infos à retenir
⇒ Gabriel Attal élu à la tête du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale
⇒ Les communistes et LFI poussent le nom d’Huguette Bello comme Première ministre
⇒ Rachida Dati s’exprime en faveur d’une coalition de la droite républicaine avec le camp présidentiel
Accusée de collusion avec le RN, Braun-Pivet dénonce une polémique “nauséabonde”
La présidente sortante de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a dénoncé ce samedi par la voix de son entourage une polémique “nauséabonde”, après avoir été accusée d’avoir “pactisé avec le RN” pour conserver sa place au Perchoir. Selon un article du Figaro paru vendredi soir, relayé notamment à gauche, elle aurait noué une “entente tacite” avec le Rassemblement national pour obtenir sa réélection à la présidence de l’Assemblée, jeudi prochain.
“Indignité et déshonneur”, a ainsi écrit sur X la députée LFI Clémence Guetté, affirmant que Yaël Braun-Pivet “aurait déjà pactisé avec le RN, échangeant leur soutien contre des postes”. “Un long naufrage moral et politique de la Macronie”, a insisté celle dont le nom a été poussé par son camp pour incarner l’alliance de gauche à Matignon.
Pour l’entourage de la présidente sortant de l’Assemblée, qui dénonce “la haine de LFI” à son encontre, “cette tentative nauséabonde d’une nouvelle polémique n’a aucun sens”. “Il n’est nul besoin des voix du RN pour qu’une candidature issue du bloc central réunisse plus de voix que le Nouveau Front populaire ou le RN lui-même”, affirme-t-on de même source.
Gabriel Attal officiellement élu président du groupe des députés Renaissance
Seul candidat, Gabriel Attal a été officiellement élu à la tête du groupe Renaissance – particulièrement affaibli – à l’Assemblée. Avant cette élection, il avait déjà proposé de renommer le groupe “Ensemble pour la République”, dans une volonté de le rendre “incontournable” pour dégager des “majorités de projets et d’idées”.
Le Premier ministre a obtenu 84 voix sur les 98 députés inscrits à ce scrutin interne. 7 ont voté blanc et 7 autres se sont abstenus. Il prendra réellement ses fonctions de président de groupe jeudi prochain, à l’ouverture de la 17e législature, marquée par l’élection à la présidence de l’Assemblée. D’ici là, au nom de la séparation entre pouvoirs exécutif et législatif, le gouvernement devra avoir été déclaré comme démissionnaire, ce qui pourrait intervenir mardi à l’issue d’un Conseil de ministres, selon une source gouvernementale.
Bercy abroge un prêt de 1,3 million d’euros accordé par un haut fonctionnaire, élu RN-LR
Un prêt de 1,3 million d’euros accordé à une entreprise par un haut fonctionnaire de Bercy, député RN-LR, a été abrogé ce samedi matin au Journal officiel après des révélations du Monde. “L’arrêté du 5 juillet 2024 relatif au versement d’une aide au soutien de la trésorerie de la société Vitis Gallica est abrogé”, selon le Journal officiel.
Alexandre Allegret-Pilot, nouveau député de l’union entre le Rassemblement national (RN) et le président contesté du parti Les Républicains (LR) Eric Ciotti, avait autorisé cette aide financière pour cette société qui “n’existe pas ou pas encore”, via un arrêté signé le 5 juillet, entre les deux tours des élections législatives anticipées, a révélé jeudi le Monde. L’entreprise n’a en effet pas de numéro de Siret (numéro d’identification d’un établissement). “Des vérifications internes sont en cours et aucun argent n’a été versé”, a affirmé Bercy à l’AFP ce matin.
Mélenchon approuve l’option Huguette Bello pour Matignon
Et si c’était elle ? Depuis hier soir, communistes et Insoumis mettent la pression sur le Parti socialiste en poussant pour l’option Huguette Bello à Matignon. La présidente du conseil régional de La Réunion, et ancienne députée du groupe communiste, “a effectivement l’étoffe, l’épaisseur pour pouvoir remplir cette fonction” de Première ministre d’un gouvernement de gauche, a assuré le patron du PCF, Fabien Roussel, sur BFMTV.
Jean-Luc Mélenchon a lui aussi approuvé cette “solution” qui “ferait honneur à tous”, avec une “femme racisée et féministe antiraciste”. Huguette Bello, 73 ans, est proche des Insoumis et figurait sur leur liste aux Européennes. Selon le triple candidat à l’élection présidentielle, “Insoumis, communistes et verts”, “trois formations au moins sont d’accord” pour soutenir cette candidature pour Matignon.
Les socialistes, eux, défendent la candidature de leur premier secrétaire, Olivier Faure. Huguette Bello, “c’est une proposition sérieuse pour des gens qui ne veulent pas gouverner”, réagit une source socialiste. “Le vrai sujet va devenir Faure ou Mélenchon.”
@lexpress ???? Qui sera Premier ministre ? C’est la question que tout le monde se pose. Mais ce n’est pas la bonne. Notre journaliste Olivier Pérou, du service Politique de L’Express, vous explique. #politique #france #législatives #macron #newsattiktok #tiktokacademie #Sinformersurtiktok #newsattiktok
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Un “Conseil national” du PS ce samedi
Le Parti socialiste tient un “conseil national” ce samedi pour soumettre une proposition aux “partenaires” de la coalition de gauche et des “modalités de désignation”. “A ce stade, “le PS constate qu’il n’y a pas de consensus général qui se dégage au sein du Nouveau Front populaire”, notamment sur le nom d’un potentiel Premier ministre, souligne l’eurodéputé Pierre Jouvet, secrétaire général du parti.
Rachida Dati veut “soutenir une coalition”
La ministre de la Culture, Rachida Dati, a appelé vendredi la droite républicaine, nouveau nom du groupe LR à l’Assemblée, à soutenir une coalition avec le camp présidentiel, dans un entretien au journal Le Parisien. “Nos électeurs ne nous pardonneront pas d’avoir refusé la main tendue par le président de la République alors qu’il s’agit d’éviter le chaos du pays”, a-t-elle ajouté.
Le nouveau président du groupe LR à l’Assemblée, Laurent Wauquiez, a quant à lui rejeté d’emblée le principe “d’une coalition gouvernementale”, mais laissé la porte ouverte à un “pacte législatif”. Il s’articulera autour de “propositions de loi qui seront mises sur la table de l’Assemblée nationale pour répondre aux problèmes du pays sans attendre” et dont la priorité sera “la revalorisation de la France qui travaille”, a-t-il détaillé.
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