Homard, poisson plat, fromage et fraises en dessert. Un menu léger pour une conversation animée, d’après un participant. Ce jeudi 25 juillet à midi, le président de la République a reçu à l’Elysée une quarantaine de grands patrons français et étrangers. Un rendez-vous prévu de très longue date à la veille de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Une façon de travailler en profondeur le “soft power” de la France et son attractivité. Parmi les Français, Bernard Arnault, le président de LVMH, Sébastien Bazin, le DG d’AccorHotels, Alexandre Bompard (Carrefour), Christel Heydemann (Orange), Nicolas Namias (BPCE) et Nathalie Bellon-Szabo (Sodexo Live). Dans les rangs des grands patrons étrangers, on trouvait notamment Elon Musk (Tesla), Lakshmi Mittal (ArcelorMittal) ou encore les patrons de Coca Cola, d’Airbnb, d’Alibaba et Tik Tok.
Une opération séduction deux mois après le grand raout de Choose France à Versailles qui s’était conclu par des annonces d’investissements records dans l’Hexagone pour un peu plus de 15 milliards d’euros. Sauf que le pataquès politique né de la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée début juin et le résultat des élections législatives qui ont suivi début juillet ont commencé à ternir l’image de la France, terre d’accueil, aux yeux des grands groupes internationaux. A tel point que la petite musique du “Why France” commence à se faire entendre.
Pas question pour l’Elysée de reperdre la crédibilité acquise ces dernières années auprès des investisseurs internationaux. Lors de sa dernière interview télévisée, mardi, le président a répété par deux fois que la préservation de l’attractivité de la France resterait son combat. L’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation de 14 % du Smic et l’alourdissement de la fiscalité au menu du programme du NFP pourraient refroidir les envies de certains groupes étrangers.
Apaiser les craintes
“Pour l’heure, aucun projet annoncé en mai lors de Choose France n’a été annulé ni décalé. Mais c’est vrai que tous les investisseurs attendent la déclaration de politique générale du futur chef du gouvernement. Toute évolution de la fiscalité sera scrutée à la loupe”, concède Laurent Saint-Martin, le directeur général de Business France. Tout en affirmant que “tant qu’Emmanuel Macron est encore à l’Elysée, l’attractivité de la France est préservée”… Un vœu pieux ?
Après une très courte allocution, c’est une séance de questions-réponses très détendue qui s’est engagée. “Le président a eu une posture ‘éducative’ en répondant aux interrogations sur la situation politique nationale”, raconte un grand patron français. “Il a animé la table et distribué la parole”, rajoute Nathalie Bellon-Szabo. Il a surtout tenté d’apaiser les craintes en affirmant que les gouvernements de coalition n‘étaient pas une exception en Europe. Rapidement, les échanges ont porté sur la géopolitique. “Certains patrons américains se sont montrés inquiets du climat d’incertitude à quatre mois des élections aux Etats-Unis”, raconte un autre participant.
Puis la magie des Jeux a opéré. “Les trois-quarts de la discussion ont porté sur l’organisation des JO”, raconte Laurent Saint-Martin. Certains de ces grands patrons seront d’ailleurs présents lors de la cérémonie d’ouverture. Une autre opportunité de faire rêver sur le génie français.
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