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Kamala Harris, de vice-présidente à présidente ? Ce seul exemple sur lequel elle peut s’appuyer


On attribue au Texan John Nance Garner, vice-président de Franklin Roosevelt entre 1933 et 1941, et connu pour son langage fleuri, une citation assez crue sur cette fonction : “La vice-présidence n’a pas plus de valeur qu’un seau de pisse chaude.” Dans bien des cas, les “VP” restent en coulisse. Leur pouvoir constitutionnel se limite à la présidence du Sénat, sans pour autant participer à ses débats – il possède néanmoins la possibilité d’y voter en cas d’égalité de voix. Son autre rôle officiel se limite à rester disponible pour remplacer le président s’il décède, démissionne ou se trouve destitué.

Cette relégation au second plan n’a pas empêché certains vice-présidents de remporter une élection présidentielle. Mais pas tous ! L’après-Seconde Guerre mondiale a démontré qu’ils avaient quasiment autant de chance d’accéder à la Maison-Blanche que d’en rester à la porte. Voilà Kamala Harris, quasi assurée d’être désignée candidate du camp démocrate après le retrait de la candidature du sortant, Joe Biden, prévenue.

Mettons de côté le cas Lyndon Johnson : lorsqu’il remporte l’élection en novembre 1964, il est déjà le président en exercice, à la faveur de l’assassinat de John Kennedy, un an plus tôt. Dans le camp des démocrates, un seul VP a réussi, ces dernières décennies, à être élu président : Joe Biden lui-même. Mais quand il remporte la primaire démocrate – contre, notamment, Kamala Harris –, il n’est alors plus vice-président, c’est Mike Pence, que Donald Trump avait choisi comme colistier.

Un autre VP qui n’occupait plus ce poste au moment de l’élection présidentielle a également réussi à la remporter : Richard Nixon, en 1968. Vice-président de Dwight Eisenhower de 1953 à 1961, il avait pour lui d’avoir été assez actif en matière de politique étrangère, “Ike” étant limité dans ses déplacements par des problèmes de santé. Il s’agit d’une revanche : en 1960, Kennedy avait remporté la majorité des Etats face à lui.

Le pire ? Un scénario à la Gore ou à la Humphrey

Kamala Harris peut redouter un scénario comme celui qu’a subi Al Gore, VP de Bill Clinton. “En 2000, Clinton n’était pas impopulaire, mais il subissait ce que les médias américains appelaient la ‘Clinton fatigue'”, se souvient l’historien Yves-Marie Péréon, auteur de Rendre le pouvoir, Les présidents américains après la Maison-Blanche. De Washington à Trump (Tallandier). Gore apparaissait à beaucoup d’Américains comme un technocrate donneur de leçons, sur l’environnement ou les nouvelles technologies, et avait face à lui une équipe de campagne très efficace autour de George W. Bush.

Kamala Harris peut aussi craindre un scénario comme celui qu’a connu Hubert Humphrey. Celui-ci avait pris ses responsabilités après le renoncement de Lyndon Johnson à se présenter en 1968 – comme Biden en ce mois de juillet. Par la suite, l’assassinat du favori de la primaire, Bob Kennedy, a mené à sa désignation lors de la convention de Chicago. Mais la candidature dissidente de George Wallace – un ex-démocrate sudiste opposé à la déségrégation – et la polarisation au sein du Parti démocrate concernant la guerre au Vietnam ont permis à Richard Nixon de remporter plus d’Etats que son concurrent.

Kamala Harris peut difficilement espérer un scénario comme celui qui a mené à l’élection à la présidence, en 1988, de George Bush senior, le seul VP en poste au moment de son élection au XXe siècle – le dernier était Martin Van Buren en 1836, après… John Adams en 1796 et Thomas Jefferson en 1800.

“Il était le VP de Ronald Reagan, qui était encore très populaire malgré le scandale de l’Irangate. À l’époque, l’économie allait bien malgré le krach boursier de 1987, et il avait une image de grand-père de la nation, ce qui n’est pas le cas de Biden actuellement dans un contexte de forte polarisation, rappelle Yves-Marie Péréon. Et contre le gouverneur Michael Dukakis, candidat démocrate, il y a eu à l’époque une campagne très efficace, qui l’a caricaturé en homme de gauche irresponsable.” Une brutalité dont le candidat républicain, Donald Trump, et son colistier, le sénateur J.D. Vance, ne feront sans doute pas l’économie.




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