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Sahara occidental : l’avertissement de l’Algérie à la France


Les 25 et 26 février 2024, Stéphane Séjourné est à Rabat. Le ministre des Affaires étrangères français doit s’entretenir avec son homologue marocain, qui a de grandes attentes. Il espère que la France, à travers la voix de son chef de la diplomatie, effectue un pas en avant vers la reconnaissance du Sahara occidental, cette ancienne colonie espagnole que se disputent depuis plusieurs décennies le Maroc et le Front Polisario, un mouvement indépendantiste sahraoui et soutenu par l’Algérie.

Mais la séquence douche les espoirs du royaume chérifien. “Maroc-France : une visite qui a fait pschitt”, raille alors le magazine local TelQuel. Pourtant, devant la presse, Stéphane Séjourné promet de veiller “personnellement” à ce que “cette question existentielle pour le Maroc” avance. Des propos jugés timorés par les Marocains mais qui, quelques mois plus tard, n’ont toujours pas été digérés en Algérie. Ce jeudi 24 juillet, le gouvernement s’est en effet fendu d’un communiqué musclé à l’encontre de Paris.

Une “décision” encore inconnue

“Le Gouvernement algérien a pris connaissance avec un grand regret et une profonde désapprobation de la décision inattendue, inopportune et contre-productive du gouvernement français apportant un soutien sans équivoque et sans nuance au plan d’autonomie sur le Sahara Occidental dans le cadre de la souveraineté marocaine”, indique le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.

A travers ce communiqué, le gouvernement algérien laisse entendre qu’Emmanuel Macron pourrait acter lors d’une visite au Maroc, en décembre prochain, l’évolution de la position française sur la question du Sahara occidental. Et peut-être même “d’apporter son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara”. C’est en tout cas ce qu’interprète le journal en ligne Hespress, qui titre : “La France appuie la marocanité du Sahara, Alger fulmine”. Sollicité par nos confrères de l’AFP, le Quai d’Orsay n’a pas répondu.

Le véto marocain sur un référendum d’autodétermination

La question du Sahara occidental est sensible et parasite les relations algéro-marocaines depuis plusieurs décennies. Dans son communiqué publié ce jeudi, Alger étrille notamment les “puissances coloniales, anciennes et nouvelles, (qui) savent se reconnaître, se comprendre et se rendre des mains secourables”. Une façon de s’en prendre à la fois à la France et ou Maroc, qui revendique sa souveraineté sur ce territoire que le royaume désigne comme ses “provinces du sud”, devenu indépendant après la décision de la Cour internationale de justice de La Haye en 1975.

Rabat contrôle près de 80 % de ce territoire. Le Front Polisario, réfugié dans les camps de Tindouf dans l’Ouest de l’Algérie, milite lui pour la tenue d’un référendum d’autodétermination afin d’aboutir à la création d’une “République arabe sahraouie démocratique” (RASD). En octobre dernier, une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU a acté la prorogation de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO).

Derrière la dimension symbolique, les intérêts économiques

Et si le Maroc était “dans un premier temps” favorable à l’organisation d’un “référendum d’autodétermination du peuple sahraoui”, il en est “aujourd’hui à ne même plus vouloir en entendre parler”, résume dans un compte rendu de commission les Nations unies. Au contraire, le royaume de Mohammed VI dispose d’un “plan d’autonomie pour le Sahara occidental”, dans l’objectif de conserver une souveraineté sur le territoire indépendant.

Parmi les principaux points de ce document, Rabat s’engage à garantir “à tous les Sahraouis, à l’intérieur comme à l’extérieur, leur pleine place et leur rôle, sans discrimination ni exclusion, dans les organes et institutions de la région”. Et promet par une autogestion démocratique des affaires du Sahara occidental, tout en conservant “ses pouvoirs souverains dans les dans les domaines régaliens, notamment la Défense, les relations extérieures et les pouvoirs constitutionnels et religieux”.

Outre la dimension hautement symbolique, le Maroc s’accroche à une terre dont les sous-sols sont connus pour leurs richesses en phosphate. Les environs maritimes fournissent également au royaume d’importantes ressources halieutiques. Sans compter les étendues désertiques, qui lui permettent de développer une activité milliaire sur site. En 2021, le royaume avait notamment organisé le exercices conjoints African Lion piloté par les Etats-Unis dans le Sahara occidental.




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