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Ukraine : ces derniers chiffres qui montrent l’avantage de Moscou sur le front, mais…


Lui-même le concède : la situation est “très difficile”. Pour sa première interview dans un média occidental, au journal britannique The Guardian, le nouveau chef d’état-major de l’armée ukrainienne, Oleksandr Syrsky, ne fait pas dans le faux-semblant. “L’agresseur russe attaque nos positions dans de nombreuses directions”, explique celui qui a remplacé de Valeri Zaloujny à la tête des armées ukrainiennes en février dernier. “Mais je sais que nous allons gagner. Je sais comment je dois m’y prendre. Et je suis sûr que nous y parviendrons.”

Dans cet entretien, réalisé dans une base militaire secrète en Ukraine, Oleksandr Syrsky a également donné quelques indications sur le rapport de force actuel entre les armées ukrainiennes et russes. Si ce dernier est assez nettement en faveur des troupes de Moscou, l’Ukraine dispose également d’avantages non négligeables, notamment dans son optique d’une guerre plus défensive.

Soldats mobilisés sur le front : avantage Russie

Au niveau des soldats sur le front, le constat est clair : l’armée russe dispose d’un net avantage sur les forces ukrainiennes. Selon le général Syrsky, “leur force d’invasion initiale de 100 000 hommes est passée à 520 000 hommes. Et leur objectif est d’atteindre 690 000 hommes d’ici à la fin de l’année 2024”, rappelle-t-il dans les colonnes de The Guardian.

Concernant l’Ukraine, comme depuis le début de la guerre, le chef d’état-major a refusé de donner des informations précises sur le nombre de soldats engagés. Mais une chose est sûre : Kiev fait face depuis de longs mois à d’importantes difficultés pour renouveler ses forces sur le front. Une loi controversée et impopulaire sur la conscription a été adoptée en avril dernier, élargissant notamment la mobilisation aux jeunes de 25 à 27 ans. Mais elle n’a pour l’instant pas permis d’équilibrer les forces en présence.

Pertes causées à l’adversaire : avantage Ukraine

Si les soldats Russes sont plus nombreux, cela n’empêche pas l’Ukraine de défendre durement ses positions et d’endiguer la progression de l’armée russe en causant des pertes humaines importantes aux forces russes. Celles du Kremlin sont “trois fois” plus élevées que côté ukrainien, et “encore plus” dans certaines zones, assure ainsi le général Syrsky.

Ce sujet des pertes dans chaque camp est l’un des plus opaques dans cette guerre, et les nombres avancés par un camp comme l’autre doivent être pris avec beaucoup de précautions. Les données les plus récentes, publiées le 5 juillet dernier par Mediazona et Meduza, deux médias russes indépendants, indiquaient que le cap des 100 000 morts avait été dépassé pour les forces du Kremlin, avec une estimation entre 106 000 et 140 000 morts au 21 juin. Le ministère des Affaires étrangères français affirmait, en mai dernier, que le nombre de victimes russes avait déjà dépassé les 150 000.

Du côté ukrainien, Volodymyr Zelensky avait déclaré en février dernier que 31 000 militaires ukrainiens étaient morts depuis le début de la guerre. Un nombre là aussi certainement sous-estimé. Le général Syrsky a d’ailleurs refusé de donner une nouvelle estimation auprès de The Guardian, expliquant que ces données étaient “sensibles”, et un sujet que Moscou pourrait exploiter.

Si le nombre exact de pertes militaires ou civiles est donc sujet à de grands doutes, la dynamique reste certaine : la lente progression de l’armée russe se fait au détriment d’un bilan humain édifiant. Fin mai, les renseignements britanniques avaient évalué à 1 200 le nombre quotidien moyen de victimes russes. Un record depuis le début de la guerre. “Ils parviennent à grignoter un peu de terrain, mais à ce rythme, il leur faudra plus d’un siècle pour conquérir l’Ukraine”, assurait récemment auprès de L’Express le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense nationale.

Matériel et armement : avantage Russie, mais…

Au niveau matériel, à première vue, l’armée russe dispose là aussi d’un avantage certain. “En matière d’équipement, il y a un rapport de 1 pour 2, ou 1 pour 3 en leur faveur”, insiste le général Syrsky dans The Guardian. Depuis 2022, le nombre de chars russes a “doublé”, passant de 1 700 à 3 500, explique-t-il. Les systèmes d’artillerie ont également “triplé “, et les véhicules blindés de transport de troupes sont passés de 4 500 à 8 900. “L’ennemi dispose d’un avantage significatif en termes de forces et de ressources, insiste le chef d’état-major ukrainien. C’est pourquoi, pour nous, la question de l’approvisionnement et de la qualité est vraiment au premier plan.”

Néanmoins, cet approvisionnement en nombre ne signifie pas forcément que la qualité est au rendez-vous. “L’armée russe s’est largement appuyée sur la remise en état des stocks d’armes et d’équipements militaires de l’ère soviétique pour soutenir le rythme de ses opérations offensives en Ukraine, afin d’éviter de mobiliser totalement l’économie et la société russes en temps de guerre”, explique l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW) dans son quotidien du conflit du 24 juillet. “Les autorités ukrainiennes ont noté que la Russie ne produit actuellement pas assez pour couvrir ses pertes actuelles d’équipements en Ukraine”, ajoutent également les auteurs de cette note.

L’Ukraine, au contraire, continuer à tirer profit du soutien occidental, à l’image des nouvelles batteries de missiles Patriot que les forces de Kiev devraient recevoir. Les fameux chasseurs F-16, attendus depuis de nombreux mois, devraient enfin arriver cet été sur le champ de bataille, et aider l’Ukraine à défendre son ciel. “Nous ne combattons pas par la quantité mais par la qualité”, a ainsi assuré le général Syrsky, affirmant que les drones jouaient “un rôle aussi important que l’artillerie”, comme l’a prouvé la campagne ukrainienne en mer Noire. Si l’Ukraine n’est peut-être pas en moyen de renverser la situation sur le front, tant que le soutien occidental – et notamment américain – durera, difficile d’imaginer la Russie faire une percée d’ampleur.




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