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Nicolás Maduro peut-il être battu ? Au Venezuela, une présidentielle sous haute tension


Quelque 21 des 30 millions de Vénézuéliens déposent leur bulletin dans les urnes depuis 6 heures (heure locale) ce dimanche 28 juillet pour élire leur nouveau président dans un contexte tendu. “Hasta la victoria siempre“, promet le pouvoir ; “jusqu’au bout”, jure l’opposition. Les deux camps sont persuadés de gagner cette élection opposant le sortant Nicolás Maduro, qui a évoqué un possible “bain de sang”, au candidat du “changement” Edmundo Gonzalez Urrutia, qui promet un renouveau démocratique tant attendu par le pays.

La lutte s’annonce particulièrement serrée. Si dix candidats sont en lice, le scrutin se résume en réalité à un duel entre Nicolás Maduro, 61 ans et 2 mandants déjà derrière lui, face au discret diplomate Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans. Les sondages donnent l’opposition largement en tête. S’appuyant sur d’autres chiffres, le régime affirme être confiant en sa victoire. La plupart des sondeurs estiment que Nicolás Maduro ne dépassera pas les 30 %, et situent l’opposition entre 50 et 70 %.

L’avenir démocratique du pays en jeu

Pour l’opposant Edmundo Gonzalez Urrutia, l’avenir démocratique du pays se joue dans cette élection, qui “sera sans aucun doute l’expression démocratique du peuple la plus importante de ces dernières années”, a-t-il affirmé ce samedi 27 juillet, invitant les “citoyens à se rendre dans leur bureau de vote à la fin de la journée et à constater la netteté des résultats obtenus”. Selon l’ONG Human Rights Watch, “bien qu’il soit peu probable que les élections soient libres ou équitables”, elles sont effectivement pour les Vénézuéliens “la meilleure chance depuis plus d’une décennie de choisir leur propre gouvernement”.

Beaucoup craignent tout de même que l’actuel président, souvent qualifié de “dictateur” par l’opposition, tente de fausser le jeu ce dimanche. Car Nicolás Maduro ne semble pas prêt à céder sa place : héritier d’Hugo Chavez, ancien président d’inspiration socialiste de 1999 jusqu’à sa mort en 2013, il s’appuie sur l’armée et un harcèlement policier de l’opposition, et promet régulièrement qu’il ne lâchera pas le pouvoir, prédisant le chaos sans lui. “L’avenir du Venezuela pour les 50 prochaines années se décide le 28 juillet, entre un Venezuela de paix ou de violences. Paix ou guerre”, a-t-il jugé. Ces propos ont “effrayé” le président brésilien Lula, pour qui “Maduro doit apprendre que quand on gagne, on reste (au pouvoir). Quand on perd, on s’en va”.

Une opportunité pour relancer l’économie ?

Le pays pétrolier, longtemps un des plus riches d’Amérique latine, est exsangue, empêtré dans une crise économique sans précédent. Le PIB s’est réduit de 80 % en dix ans, avec une hyperinflation qui a obligé les autorités à dollariser partiellement l’économie. Conséquence d’une mauvaise gestion et de la corruption, la production pétrolière s’est effondrée, passant de plus de trois millions de barils/jour à un peu moins d’un million. Sept millions de Vénézuéliens – un quart des habitants – ont fui le pays. La grande partie de ceux qui sont restés vit dans la pauvreté, avec des systèmes de santé et d’éducation dans un état de délabrement complet.

En 2018, déjà, les Etats-Unis avaient durci leurs sanctions pour tenter d’évincer Nicolás Maduro après sa réélection contestée, qui avait débouché sur des manifestations sévèrement réprimées. Lors de cette élection, les États-Unis ont tenté de forcer le pouvoir à des élections “démocratiques et compétitives”. Ce qui n’a pas empêché le gouvernement Maduro de déclarer inéligible María Corina Machado, la cheffe de l’opposition aussitôt remplacée par Edmundo Gonzalez Urrutia, et d’interdire l’entrée à des observateurs invités par l’opposition pour surveiller le scrutin.

Dans le même temps, la Maison-Blanche, désireuse de relancer la production vénézuélienne dans un contexte de tension sur le brut avec les crises ukrainienne et au Moyen-Orient, a ouvert la porte avec des autorisations d’exploitation pour des compagnies pétrolières étrangères.




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