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“C’est historique” : comment les cavaliers français ont conquis la médaille d’argent aux JO de Paris

Au coeur du majestueux parc du Château de Versailles, le public retient son souffle. Sous le soleil de plomb de ce lundi 29 juillet, Stéphane Landois est le dernier cavalier Français à s’élancer sur la piste de la finale du saut d’obstacles, ultime épreuve du concours complet d’équitation en équipe débuté deux jours plus tôt. Concentré sur sa monture Chaman Dumontceau Ride for Thaïs, le Nantais sait que la médaille d’argent est à portée de main : il survole les premières barrières sans difficulté, bute à mi-parcours en touchant une barre à l’obstacle numéro 9, puis continue sans autre faute… En 80,57 secondes, il arrive au bout des 13 obstacles de la piste, sous les yeux d’un public surexcité et largement acquis à sa cause. Le jeune trentenaire lève le poing en l’air, exulte. Avec 103,60 points au total, il vient de s’offrir, avec ses coéquipiers Nicolas Touzaint et Karim Laghouag, une médaille d’argent. Les imbattables Britanniques ont, de leur côté, décroché l’or avec 91.30 points, et les Japonais ont ramené la première médaille olympique de leur histoire dans la discipline, en gagnant le bronze avec 115,80 points.

Pour l’équipe de France en général, et Stéphane Landois en particulier, le symbole est fort : le jeune homme a réalisé l’intégralité des trois épreuves du concours complet sur l’ancienne monture de Thaïs Meheust, cavalière de 22 ans décédée en 2019 après un accident mortel sur un parcours de cross au Haras du Pin, en Normandie. “J’ai pensé à Thaïs tout le week-end, j’étais là pour elle, j’ai fait tout ça pour elle. Avoir cette médaille, c’est pour elle aussi”, confie-t-il aux journalistes après sa victoire. Quelques dizaines de minutes plus tôt, l’Angevin Nicolas Touzaint était le premier Français à s’élancer sur la piste, sur sa monture Diabolo Menthe. Acclamé par le public, le quadragénaire, septuple participant aux Jeux olympiques, a touché deux barres. Son coéquipier Karim Laghouag, qui montait le cheval Triton Fontaine, a également touché une barre – tandis que les trois Britanniques n’ont fait tomber, de leur côté, qu’une seule barre sur la totalité de l’épreuve. “Il faut le reconnaître, les Anglais sont indéniablement meilleurs que nous… Mais le spectacle est tellement magique, ce que les Français nous offrent est extraordinaire”, confie Karine, spectatrice venue spécialement de Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine.

Bonnet en forme de mascotte Phryge sur la tête, gigantesque drapeau français sur le dos, la supportrice se dit “impressionnée” par le spectacle, et a bien conscience du caractère inédit de la compétition. “Une épreuve aussi grandiose dans un cadre comme celui-là, c’est une seule fois dans une vie. C’est à couper le souffle”, confie-t-elle. La veille, Karine a déjà eu l’occasion d’admirer les épreuves de cross, où d’improbables coups de théâtre ont maintenu en haleine les spectateurs. Alors que la France occupait jusqu’alors la troisième place du classement par équipe, loin derrière l’Allemagne et l’Angleterre, le cavalier allemand Christophe Wahler a chuté, engendrant une pénalité de 200 points pour son équipe. La championne du monde britannique Rosalind Canter a de son côté écopé de 15 points de pénalité en raison d’une faute de franchissement de fanions, offrant aux Bleus la possibilité d’une médaille d’or.

“On y croyait à fond, mais l’argent nous va très bien aussi ! Il y a de belles nations, avec un niveau très élevé. Notre résultat est tout de même fabuleux”, commente Hervé, spectateur grenoblois, drapeau à la main et sourire jusqu’aux oreilles. D’autant que cette médaille d’argent récompense largement la régularité de l’équipe de France, déjà médaillée d’or aux Jeux de Rio en 2016 et médaillés de bronze à Tokyo en 2020. “Maintenant, on attend la suite avec impatience !”, commente Hervé en désignant le paysage du menton. À sa droite, les eaux du Grand Canal du Château de Versailles brillent sous le soleil, prêtes à servir de décor aux prochaines épreuves de la journée.

“C’est historique”

A 15 heures pétantes, la finale du concours complet individuel débute dans les jardins de Versailles. Premier français à passer sous les yeux des 15 000 spectateurs réunis pour l’occasion, Nicolas Touzaint fait son entrée sur Diabolo Menthe. La foule acclame le nouveau vice-champion olympique en équipe, agitant des centaines de drapeaux bleu-blanc-rouge dans les tribunes. Le cavalier s’élance sur les neuf obstacles qui composent la piste, mais touche deux barres – il finira 25e de la compétition en individuel avec 46.40 points. Quelques minutes plus tard, Karim Laghouag se lance à son tour, ovationné par un public qui trépigne dans les tribunes. Le cavalier de 48 ans bute sur une barre, et termine à la 15e place, juste derrière Stéphane Landois, qui faute également et finira 14e de la compétition.

Venu spécialement de la Meuse, Jules a conscience de participer à une épreuve “historique”.

La médaille d’or du complet en individuel sera décrochée quelques minutes plus tard par l’Allemand Michaël Jung, dernier cavalier à s’élancer sur la piste, qui réalise sans surprise un sans-faute sur sa monture Chipmunk FRH. Le sportif de 41 ans écrit ainsi l’histoire de son sport, en devenant le premier triple médaillé d’or dans la discipline, après être arrivé en tête de la compétition à Londres en 2012 et à Rio en 2016. L’Australien Christopher Burton remporte pour sa part la médaille d’argent avec Shadow Man et un score de 22.40 points, tandis que la Britannique Laura Collett décroche le bronze avec un score de 23.10 points, sur sa monture London 52.

“Il y a eu quelques petites fautes pour les Français et pas de médaille en individuel, mais ça valait tellement le coup !”, s’exclame Jules, venu tout particulièrement de la Meuse pour participer à la compétition. Drapeau bleu-blanc-rouge peint sur les joues ce cavalier amateur ne regrette “pas le moins du monde” les plus de 200 euros dépensés pour participer à ces épreuves d’équitation 2024. “Ce que je viens de voir là, c’est historique”, souffle-t-il. Durant la remise des médailles, le jeune homme fait inlassablement voler son drapeau dans les airs, acclamant les champions Français de complet en équipe. Acclamés par plusieurs olas et des “Allez les bleus” fièrement scandés dans les gradins, ces derniers ne cachent pas leur bonheur. En cette troisième journée de compétition, ils ont décroché la 9e médaille française des Jeux olympiques 2024.




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