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Présidentielle américaine : Kamala Harris va-t-elle payer ses combats sur le climat ?


La politique énergétique américaine connaîtrait-elle un changement de cap radical sous une future administration de Kamala Harris ? Le débat monte outre-Atlantique car, sur les questions climatiques, Kamala Harris est jugée bien plus intransigeante que Joe Biden. Une réputation qu’elle doit à ses nombreux faits d’armes en tant que procureur, d’abord du district de San Francisco puis de Californie entre 2011 et 2017.

Le constructeur automobile allemand Volkswagen n’est pas près d’oublier sa confrontation avec la nouvelle cheffe de file de démocrate. Le groupe a été obligé de payer 86 millions de dollars pour avoir truqué les émissions de ses véhicules à l’aide d’un logiciel. Kamala Harris a aussi mené la croisade contre plusieurs entreprises pétrolières, accusées d’avoir généré des dégâts environnementaux, et obtenu plusieurs dizaines de millions de dollars de réparation.

Avant de voter en faveur de la loi sur la réduction de l’inflation de 2022, sans doute le plus grand investissement climatique de l’histoire des Etats-Unis, Kamala Harris s’est également prononcée contre la fracturation hydraulique – cette technique utilisant de l’eau sous pression pour extraire le fameux gaz de schiste – et contre toute nouvelle infrastructure pétrolière et gazière. A l’époque, elle défendait l’idée d’un marché du carbone appliqué aux entreprises dans lequel celles-ci paieraient en fonction de leurs émissions de CO2 (un système ressemblant à celui déjà en vigueur en Europe).

Difficile de faire plus éloigné de Donald Trump, qui souhaite que son pays continue de forer comme si la contrainte climatique n’était qu’un “canular”. Sans surprise, le représentant des républicains s’en prend violemment à son adversaire : “Kamala Harris est la vice-présidente la plus incompétente et la plus d’extrême gauche de l’histoire américaine. C’est une folle de la gauche radicale qui détruira le pays. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire”, a-t-il lancé lors de son dernier meeting en Caroline du Nord.

Trouver la bonne réthorique

Face à ce genre d’attaques, toute la difficulté pour Kamala Harris sera de rassurer les Américains sans trahir sa pensée. Certes, elle a une carte à jouer sur le climat. Environ sept Américains sur dix affirment qu’au cours de l’année écoulée, ils ont été confrontés à au moins un type d’événement météorologique extrême (inondation, tempête, sécheresse, incendie, élévation du niveau de la mer). Et une nette majorité d’entre eux (67 %) préfère les énergies renouvelables au charbon. Cependant, le soutien à l’extraction de pétrole et de gaz reste fort (environ 50 %) outre-Atlantique. Selon une enquête menée par Global Energy fin 2023, l’opinion américaine est quatre fois plus polarisée sur cette question que celle des autres pays !

Dans une Amérique aussi divisée, Kamala Harris marche sur des oeufs. Une note de recherche récente de Clearview Energy Partners estime qu’un retour des questions climatiques dans la campagne pourrait raviver le soutien des électeurs de moins de 30 ans dont la participation peut potentiellement décider du sort de plusieurs Etats-clés très disputés. Mais le risque, en agitant trop fort le chiffon vert, est d’assombrir les perspectives économiques, une variable qui influence toujours le vote de nombreux Américains.

Par exemple, instaurer un marché du carbone à l’européenne, qui obligerait les entreprises à payer pour émettre du CO2, irait à l’encontre de la stratégie bâtie autour du Réduction Inflation Act dont le but est de subventionner fortement les technologies vertes afin de stimuler l’innovation et l’emploi. Ce serait abandonner la carotte pour le bâton. De même, une opposition trop frontale aux énergies fossiles ne passerait pas dans les Etats-clés producteurs de pétrole et de gaz comme la Pennsylvanie.

Pas de changements significatifs

Kamala Harris devra donc d’abord consolider les acquis de Joe Biden et trouver le bon dosage afin d’exprimer ses différences sur le climat, résument les commentateurs politiques américains. La plupart d’entre eux ne s’attendent pas à ce qu’elle propose des changements significatifs en matière de politique énergétique d’ici à l’élection. Et ce même si Donald Trump multiplie les provocations en rappelant sans cesse les anciennes déclarations de son adversaire.

“Lors des primaires de 2020, Kamala Harris soutenait l’interdiction de la fracturation hydraulique, avant de mettre son opinion en sourdine une fois qu’elle a rejoint l’équipe de Joe Biden. Cela montre sa capacité à accepter des compromis”, notent plusieurs observateurs. Reste à savoir qui se montrera le plus séduisant, entre un Donald Trump prisonnier des caricatures et une Kamala Harris ayant mis de l’eau dans son vin.




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