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Mali : les forces russes de Wagner mises en déroute au nord du pays


Des combats au Mali d’une violence inédite depuis plusieurs mois, et qui ont tourné à la déroute pour l’armée malienne et ses soutiens russes de Wagner. Ce dimanche, une alliance des groupes armés séparatistes a revendiqué une “victoire éclatante” dans le nord du pays. “Nos forces ont définitivement anéanti ces colonnes de l’ennemi samedi. Un important matériel roulant et armements a été saisi ou endommagé. Les rares survivants des rangs Famas et de la milice (russe) Wagner ont été faits prisonniers”, détaille un communiqué signé Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole de cette alliance de groupes à dominante touareg (CSP-DPA).

Des affrontements avaient éclaté à partir du jeudi 25 juillet entre l’armée malienne et les séparatistes dans la localité de Tinzaouatene, alors que l’état-major avait annoncé avoir repris dernièrement plusieurs localités dans sa mission de reconquête du territoire. Côté forces armées de l’Azawad, région du Nord dont les Touaregs réclament l’indépendance, sept soldats ont été tués et douze blessés, dit le communiqué. “Le CSP-DPA se félicite de cette victoire arrachée par ses hommes, images et vidéos à l’appui durant toutes ces batailles”.

Une intervention de forces djihadistes

Outre l’attaque des séparatistes touareg, un autre acteur semble avoir joué un rôle clé pour défaire les forces russes et maliennes : les djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affiliés à Al-Qaïda. Dans un communiqué distinct authentifié par SITE, ONG américaine spécialisée dans le suivi des groupes radicaux, ces derniers ont aussi affirmé avoir piégé un convoi de l’armée malienne et de leurs alliés russes de Wagner au sud de la ville de Tinzaouatene. Ils disent avoir tué 50 Russes et 10 Maliens, des chiffres que l’AFP n’était pas en mesure de confirmer.

La junte malienne et les forces de Wagner n’ont pas manqué d’accuser cette alliance entre forces djihadistes et séparatistes touaregs. Ces derniers ont fermement démenti la participation du GSIM, les accusant de vouloir tirer la couverture en leur faveur. “Aucun amalgame ou autres propagandes subtilement hostiles à notre engagement ne peut nous voler notre éclatante victoire”, ont-ils affirmé dans leur communiqué.

“Un nombre important de pertes”

Séparatistes touaregs ou forces djihadistes, une chose est sûre : l’armée malienne, soutenue par les forces de Wagner, a subi une très lourde défaite. Les forces régulières de la junte du colonel Assimi Goïta, déjà, avaient d’abord affirmé dans un premier temps que leurs unités avaient “amorcé leur mouvement rétrograde”, à comprendre une retraite forcée.

Avant finalement d’admettre leur revers de façon plus étayée ce lundi. “L’unité FAMa (NLDR : les forces armées maliennes) a été encerclée par la coalition des forces terroristes du Sahel et de violents combats se sont engagés avant l’arrivée de renforts. La bravoure et la détermination exemplaire de nos soldats n’ont pas permis d’éviter un nombre important de pertes en vies humaines et matérielles”, a déclaré l’état-major des armées dans son communiqué lu à la télévision nationale, sans donner de chiffres.

L’état-major rapporte avoir infligé dans un premier temps de grosses pertes aux “terroristes”, avant que les conditions météorologiques ne viennent “influer fortement sur la situation”. Une tempête de sable aurait en effet freiné la progression des forces régulières maliennes, et donné l’opportunité aux rebelles de reformer leurs rangs et de reprendre le dessus. “Les FAMas prennent pleinement et en toute responsabilité la mesure de cet évènement et procèdent actuellement à une analyse détaillée des évènements pour en tirer toutes les leçons nécessaires et réadapter leur stratégie de sécurisation et de stabilisation”, selon leur communiqué. Elles affirment que cette “situation ne saurait remettre en cause la dynamique d’exercice de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national”.

Quel avenir pour Wagner au Mali ?

Du côté russe, le récit de cette défaite est relativement similaire. La chaîne Telegram “Razgrouzka Wagnera”, associée à la milice Wagner, a publié ce lundi une déclaration attribuée au groupe paramilitaire. Celle-ci a été reprise par des médias officiels russes, comme l’agence d’Etat Tass, sans qu’il soit possible d’en confirmer l’authenticité.

“Du 22 au 27 juillet 2024, les militaires de la FAMa et les combattants du 13e groupe d’assaut de Wagner […] ont mené de violents combats avec des militants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et du groupe terroriste interdit en Russie’Al-Qaida au Sahel’ (JNIM)”, indique cette déclaration, qui précise que les combattants de Wagner étaient commandés par un certain Sergueï Chevtchenko, nom de code “Proud”. “Le premier jour, le groupe de Proud a éliminé une grande partie des islamistes et a entraîné la fuite des autres. Cependant, une tempête de sable est survenue et a permis aux radicaux de se regrouper et d’augmenter leurs effectifs jusqu’à 1 000 personnes”, poursuit le communiqué.

Les vendredi 26 et samedi 27 juillet, “les radicaux ont augmenté le nombre d’attaques massives en utilisant des armes lourdes, des drones et des voitures piégées, ce qui a entraîné des pertes au sein de Wagner et des soldats de la FAMa”, précise cette déclaration. “Le dernier message radio du groupe de Proud a été reçu le 27 juillet à 17h10 : ‘Nous ne sommes plus que trois, nous continuons à nous battre.’ Le commandant du 13e Groupe d’Assaut, Sergueï’Proud’Chevtchenko, est mort au combat”, conclut ce message. Plusieurs sources proches des milieux militaires russes ont également annoncé la mort du créateur de la chaîne Telegram Grey Zone, diffusant des informations sur les actions de mercenaires russes à travers le monde et suivie par plus de 550 000 personnes.

Cette défaite n’a rien d’anecdotique. Arrivés à partir de 2021 au Mali pour supplanter les forces armées françaises et européennes chassées par la junte militaire d’Assimi Goïta, cette déroute témoigne d’une certaine incapacité des forces russes de Wagner à assurer des opérations d’ampleur dans le nord du pays. “C’est vraiment important. C’est la première fois que cela se produit sur le sol africain et cela va changer la dynamique”, a expliqué Wassim Nasr, journaliste et spécialiste des mouvements djihadistes auprès de l’agence de presse américaine AP. “Ils (Wagner) n’enverront plus d’expéditions comme celle-ci près de la frontière avec l’Algérie. Ils se sont vantés de leur réussite et de leur force, mais ils n’ont pas les effectifs nécessaires pour faire cela longtemps, ou pour tenir le territoire afin de sécuriser les déploiements.”




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