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Epidémie de choléra à Mayotte : pourquoi il ne faut pas encore crier victoire


L’épidémie de choléra à Mayotte, qui a fait au moins cinq morts, semble maîtrisée. Du moins pour l’instant. “Depuis le premier cas en mars, nous avons 221 cas confirmés, mais pas un de plus depuis le 12 juillet”, indique Sergio Albarello, le tout nouveau directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, confirmant le bulletin du 30 juillet de Santé publique France. Une situation “plus sereine, rassurante”, commente-t-il, mais qui ne permet pas encore de crier victoire. “Comme dans toutes les épidémies, il y a des phases de creux et de pic. Là, il s’agit d’un creux nettement marqué”.

Une réussite à mettre au crédit d’un discret changement de stratégie, comme L’Express le racontait en juillet dernier, qui a consisté à lancer une campagne de vaccination massive des populations vulnérables qui vivent dans les nombreux bidonvilles de Mayotte, densément peuplés et dépourvus d’accès à l’eau propre. Depuis le début de la crise, plus de 20 000 personnes auraient ainsi reçu un vaccin, dont 10 500 depuis le mois de juillet. Et 20 000 personnes de plus devraient en bénéficier, selon le Haut conseil de la santé publique (HCSP). “Je suis très heureux que la stratégie mise en place, le travail de l’ARS, mais aussi de l’ensemble du personnel soignant et du milieu associatif du territoire, paye”, se félicite Sergio Albarello.

Durée du vaccin, accès à l’eau potable : les craintes demeurent

Reste que si les deux vaccins que la France s’est procurés – le Vaxchora et le Dukoral -, sont efficaces à 85 % contre la maladie et réduisent les transmissions, leur durée de protection ne dépasse pas les six mois chez les enfants, et deux ans maximum chez les adultes. La solution vaccinale apparaît donc pour le moins temporaire, ou du moins inévitablement associée à de nouvelles futures injections. Sauf que le nombre de doses est limité. Non seulement le marché mondial est déjà saturé de commandes (les demandes en provenance d’Afrique, mais aussi des Comores voisines, explosent), mais avant la crise, la France avait un stock de quelques milliers de doses seulement. Et pour cause, notre pays n’avait pas connu d’épidémie de choléra depuis… 132 ans.

Si les vaccins permettent donc de réagir en urgence, l’éradication du choléra ne passera que par un raccordement à l’eau saine et à des égouts fonctionnels, rappellent tous les experts. Le choléra est, en effet, une maladie hydrique : elle se transmet principalement par l’eau (mais aussi par les aliments souillés et des contacts interhumains). “En accord avec la préfecture, nous avons mis 120 rampes [NDLR : des systèmes de tuyaux et de robinets d’eau potable] à la disposition des populations vulnérables”, tient à rappeler l’ARS.

Sauf qu’un véritable système d’assainissement de ces zones constituerait un bien meilleur atout contre l’épidémie. “Cela ne relève pas de la compétence de l’ARS. Notre rôle est d’assurer que l’eau soit potable”, se défend Sergio Albarello, qui ajoute néanmoins qu’il faut “densifier ces deux piliers”. En attendant, aucune stratégie pérenne – aucun projet d’infrastructure – n’a encore été annoncée par la préfecture. Sans doute par crainte d’attiser une situation déjà tendue sur l’île, où une partie de la population locale milite activement contre l’immigration comorienne, dont une large partie vit dans les bidonvilles.




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