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“J’espère que ça tiendra jusqu’à la fin août” : la drôle de campagne de Lucie Castets


Et pendant ce temps, Lucie Castets continue de battre la campagne. La candidate du Nouveau Front populaire (NFP) à Matignon, fraîchement désignée par les différents partis de l’alliance de gauche, poursuit sa quête de notoriété auprès des Français. Tente de s’inviter dans leur quotidien, pourtant davantage tourné vers les vacances, les Jeux olympiques et les performances largement médiatisées des athlètes tricolores. “Forcément sur cette période, on ne peut pas dire que nos concitoyens soient totalement focalisés sur l’actualité politique, souffle Christian Picquet, négociateur NFP pour le Parti communiste français. Mais c’est le timing donné par Emmanuel Macron.”

Forcer les aiguilles d’un cadran figé ? Défi de taille pour imposer ce fameux bras de fer au maître des horloges, tenant d’une “trêve olympique”, qui, dans les sondages, obtient l’assentiment d’une majorité de Français. Lucie Castets n’a pas encore atteint la popularité du nageur triple champion olympique Léon Marchand, en témoigne cette récente étude Elabe pour Les Echos, où l’ancienne conseillère d’Anne Hidalgo et directrice des finances et des achats à l’Hôtel de Ville de Paris pointe aux dernières places du classement des personnalités, recueillant davantage d’opinions négatives que positives. Peut-être aura-t-elle l’endurance de Méline Rollin, marathonienne française qui s’élancera prochainement aux JO ?

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ENA, Paris, Anne Hidalgo… Qui est Lucie Castets, la candidate du nouveau Front populaire pour le poste de Premier ministre ? politique france matignon nfp sinformersurtiktok apprendreavectiktok

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Premiers déplacements, premières embrouilles ?

Car depuis la fumée blanche au NFP, le 23 juillet dernier, la candidate à la primature entame une tournée des télés, radios et autres médias pour accroître la pression sur Emmanuel Macron. En près de dix jours, l’énarque de 37 ans s’est illustrée aux micros de France Inter, BFM TV, ou plus récemment de RTL. L’entourage de Lucie Castets se réjouit de l’intérêt porté par la presse nationale à son sujet, et attend encore quelques portraits à paraître la semaine prochaine, dont un où elle rompra particulièrement l’armure, “de son enfance jusqu’à aujourd’hui” dans les colonnes de Paris Match. Avis aux journalistes étrangers, lancé par une de ses proches : la haute fonctionnaire parlerait “couramment anglais”, “très bien allemand” et, après un an d’échange universitaire à Shanghai, “a de bonnes notions en chinois”. La même proche insiste donc : si, à travers le monde, certains sont intéressés par le profil de la première-ministrable-polyglotte, cette dernière “ne s’interdira pas de leur répondre dans leur langue d’origine… y compris en chinois”.

Les déplacements thématiques, passage obligé pour tout politique en campagne. Le grand saut de Lucie Castets, dédié au pouvoir d’achat, a eu lieu le 27 juillet dernier à Lille. “Venez me rencontrer”, indiquait-elle plus tôt via un visuel publié sur ses réseaux sociaux, en préparation de sa venue au quartier populaire de Wazemmes. La déambulation aux côtés de la secrétaire nationale écologiste, élue d’Hénin-Beaumont, Marine Tondelier, et du député insoumis du coin, Aurélien Le Coq, n’auront pas suffi à masquer l’éléphant dans la pièce.

Où était donc passée Martine Aubry, la maire rose de Lille ? Retenue, dit-on par une rencontre olympique de l’équipe de France, l’édile du Nord n’aura pas eu le temps de venir saluer la nouvelle championne du NFP. “On a choisi le pire horaire pour Martine, l’après-midi de l’ouverture des Jeux à Lille, un jour de match de l’équipe de France de basket”, regrette-t-on dans l’entourage de la candidate à Matignon. Quid des autres socialistes ? Le baron du Nord Patrick Kanner, patron des sénateurs, était, lui, coincé à Paris, au Club France, en sa qualité d’ancien ministre des Sports. Roger Vicot, député de la 11e circonscription, était pour sa part, “déjà parti en vacances en Grèce”, d’après ses collègues. Aléas d’une campagne estivale !

Première campagne, premières embrouilles ? Le député-ministre démissionnaire de l’Industrie et de l’Energie, Roland Lescure, a peu goûté au deuxième déplacement de Lucie Castets avec Olivier Faure – entre autres – à l’usine de verrerie Duralex à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret). Impliqué dans le devenir de l’entreprise, dont la reprise par les salariés vient d’être acceptée par le tribunal de commerce d’Orléans, il s’est ému, sur X, d’une forme d’instrumentalisation. “Nous accompagnons Duralex, avec les syndicats, la région et la métropole depuis 2022. Au total le soutien de l’Etat atteint 19 millions d’euros, estime-t-il. […] J’imagine que Lucie Castets s’y rend pour saluer notre action ?” Sur place, la candidate à Matignon l’admet à l’AFP : “Tous les acteurs publics se sont mobilisés sur le dossier […] C’est important de le reconnaître. C’est un gage que moi, je sais travailler avec d’autres gens, que quand les gens se mobilisent dans une bonne direction, alors on sait le reconnaître.” Au même moment, son équipe froissait quelques journalistes, n’accréditant qu’un petit nombre pour suivre le déplacement. Un “pool” primo-ministériel, pour Lucie Castets ? Son entourage invoque des raisons de sécurité.

Numéro d’équilibriste

“Il faut continuer de prendre le pouls du pays, affirme Patrick Kanner. J’espère que ça tiendra jusqu’à la fin du mois d’août.” Tenir bon. Poursuivre la montée en puissance, tout en maintenant ce difficile numéro d’équilibriste au sein de l’union. Depuis sa nomination, Lucie Castets redouble de prudence pour tenter de ne froisser aucune composante du Nouveau Front populaire. Elle s’entretient régulièrement avec les représentants du NFP – une dernière réunion en date ce vendredi – pour affiner certaines mesures du programme et préparer le calendrier estival. Commence à prendre contact avec les présidents de groupes, et se rendra aux universités d’été des quatre partis de gauche. Mais de l’ombre à la lumière, les passages médias peuvent prendre des allures de chausse-trappes. Ne pas répondre, c’est parfois bien répondre. Au sujet du nucléaire, l’intéressée a admis ne pas avoir “de convictions toutes faites”, privilégiant un débat à venir au sein de l’union. Pour le plus grand bonheur des communistes, fervents partisans de l’atome. “La ligne rouge eût été qu’on remette en cause le programme nucléaire de la France”, affirme Christian Picquet.

Mais ne pas répondre, c’est parfois mal répondre. Condamner les propos du député insoumis Thomas Portes, qui assurait que les athlètes israéliens “ne sont pas les bienvenus en France” ? Lucie Castets botte en touche, avant de s’y reprendre dans les colonnes de La Tribune Dimanche : “Ses propos sont maladroits […] Aux JO, il faut s’assurer de la sécurité des athlètes israéliens, il n’est pas question de les mettre en danger.” Suffisant pourtant pour créer du remous au Parti socialiste, duquel elle a pourtant été sur la liste de Nicolas Mayer-Rossignol aux élections régionales de 2015. “On a bien vu qu’il lui était compliqué de répondre sur le nucléaire, sur qui voteraient avec le NFP pour abroger la réforme des retraites, quelle coalition ou majorité elle chercherait, sous quel format, sur les commentaires liés à la question des athlètes israéliens…”, tacle la socialiste Hélène Geoffroy au Parisien, demandant par la même occasion “une clarification” de la ligne du PS.

“Il faut l’inviter à discuter”

Si la perspective de la primature solidarise les lieutenants du Nouveau Front populaire, Emmanuel Macron, lui, semble parier sur son érosion. En Macronie, pourtant, certaines voix s’élèvent pour demander au chef de l’Etat, ne serait-ce que pour la forme, de rencontrer Lucie Castets. “Il faut créer des ponts et non ériger des murs avec le NFP pour que les discussions puissent formellement débuter”, arguait l’eurodéputé Renew Pascal Canfin dans une interview donnée au Monde. Certains ministres, également issus de l’aile gauche, plaident pour que le chef de l’Etat reçoive Lucie Castets, et soupçonnent Gérald Darmanin d’être à la manœuvre pour enterrer cette possibilité. Un ministre abonde : “Il faut l’inviter à discuter, lui donner quinze jours ou trois semaines pour revenir avec des propositions qui ne peuvent qu’être leur programme.” Et “redonner au Parti socialiste, aux communistes et aux Verts leur liberté d’action, au même titre que la nôtre”.

“Ils ne se mettront jamais d’accord sur le programme, ni sur le casting d’un gouvernement”, balaie un interlocuteur du président de la République. Dans le mille ? La perspective d’un mélenchoniste aux commandes d’un ministère régalien fait déjà pâlir les socialistes. Voilà donc le triple défi de Lucie Castets pour l’été : s’imposer en figure incontournable auprès des Français, d’Emmanuel Macron, tout en respectant les équilibres de l’union. Prétendante à la primature… Tout un travail ! C’est d’ailleurs peut-être la raison pour laquelle elle a conservé le sien. La fonctionnaire à la mairie de Paris a préféré poser des congés payés, plutôt que de se mettre en disponibilité. Ne sait-on jamais, trêve olympique pour les uns, trêve professionnelle pour les autres…





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