Porté à la tête du Royaume-Uni au début du mois de juillet, après quatorze années de gouvernance conservatrice, le Premier ministre Keir Starmer doit faire face à sa première crise. “Confronté à ses pires émeutes depuis 13 ans”, le Royaume-Uni est en ébullition à la suite du meurtre de trois fillettes dans la localité de Southport, à proximité de Liverpool, dans le nord-ouest du pays. Les spéculations, encore non étayées à cette heure sur l’origine et la religion du principal suspect, sont à la racine d’une grande vague d’émeutes à caractère xénophobe. Après une semaine de manifestations, 378 personnes ont été arrêtées selon la fédération des responsables des forces de police britanniques.
Nombreux s’interrogent sur les capacités d’action du nouveau dirigeant présenté par le média en ligne Politico Europe comme quelqu’un de nature “ordinaire et terne”. Andrew Rawnsley, commentateur politique du Guardian (gauche), s’empare de la question à travers une tribune qu’il titre ainsi : “Mettre un coup d’arrêt à la violence de l’extrême droite est une, précoce mais révélatrice, mise à l’épreuve de la force de caractère de Keir Starmer.”
@lexpress Quatorze ans après, le Parti travailliste revient au pouvoir au Royaume-Uni. Décryptage en vidéo. uk royaume_uni shorts
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Le défi est de taille lorsque l’on regarde l’ampleur et la violence des manifestations que The Times, journal généraliste de centre droit, permet de mesurer en racontant l’assaut d’un hôtel hébergeant des demandeurs d’asile à Rotherham, une ville du comté de York. “En dépit de la police montée et des agents anti-émeutes, des hommes cagoulés ont brisé la vitre de la salle à manger […] et se sont faufilés dans les couloirs où vivent 130 migrants, terrifiés par la situation. Un groupe de huit émeutiers, faisant partie d’un rassemblement de 500 personnes, a également mis le feu au bâtiment et bloqué une sortie de secours”, peut-on lire. “Ils sont venus à mon étage et m’ont frappé jusqu’à ce que la police les chasse dans le couloir”, témoigne dans les colonnes du média britannique, un demandeur d’asile victime de l’intrusion.
Néanmoins, Andrew Rawnsley -commentateur au Guardian– s’appuie sur l’expérience de Starmer pour lui donner du crédit dans sa capacité à gérer la crise. En 2011 ont lieu d’importantes émeutes à la suite du meurtre de Mark Duggan par la police. Alors procureur général, Keir Starmer se distingue par “sa prise de position extrêmement dure sur les troubles violents [NDLR : il s’agit d’une infraction pénale au Royaume-Uni].” Une intuition qu’il étaye par la décision du Premier ministre de qualifier les émeutes, lors de ses prises de parole, relevant du domaine de “la loi et de l’ordre”.
Ingérence étrangère
Secoué de l’intérieur, le Royaume-Uni serait actuellement davantage vulnérable à la pression étrangère des “pays hostiles” ayant la capacité “d’attiser la peur et de fomenter la division”, selon la formule d’Andrew Rawnsley. Un article du Daily Telegraph, met en effet la lumière sur la “guerre grise” menée par Vladimir Poutine contre l’Occident.
“Les médias d’Etat russes sont parmi ceux qui ont diffusé de fausses affirmations selon lesquelles le suspect […] était un demandeur d’asile arrivé au Royaume-Uni par bateau”, rapporte le journaliste Dominic Penna. Le porte-parole de Keir Starmer a, par ailleurs, affirmé : “Il est clair que nous avons vu des activités de robots en ligne, dont une grande partie pourrait bien être amplifiée par l’implication d’acteurs étatiques.”
Civil war is inevitable
— Elon Musk (@elonmusk) August 4, 2024
De son côté, The Independant (centre gauche) se concentre sur les prises de position du sulfureux milliardaire américain, Elon Musk. Le fondateur de Tesla a affirmé, dimanche 4 août sur X – anciennement Twitter -, que “la guerre civile est inévitable”. Une sortie à laquelle n’a pas manqué de répondre Downing Street, déclarant que “rien ne justifie de tels propos”. Le journal britannique pointe aussi les critiques à l’encontre du réseau social accusé de “contribuer à alimenter les émeutes racistes d’extrême droite”.
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