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Emeutes au Royaume-Uni : Tommy Robinson, l’activiste en cavale qui souffle sur les braises


Tommy Robinson se trouverait en Méditerranée, sur l’île de Chypre. “Des photos ont été publiées dimanche, qui le montreraient dans un hôtel” relate un article du journal britannique de centre gauche, The Independent. L’activiste d’extrême droite est sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par la Cour suprême du Royaume-Uni au mois de juillet. Il lui est reproché la tenue répétée, en 2018, de propos diffamatoires à l’encontre d’un adolescent réfugié syrien. “Je ne suis pas en cavale mais en vacances”, s’est défendu l’un des fondateurs de l’English Defence League (EDL) – mouvement ultranationaliste créé en 2009. Des propos que rapporte le média généraliste de centre droit britannique, The Times.

D’après la police de la Merseyside – comté dans lequel se trouve la localité de Southport – l’EDL est suspectée d’être parmi les responsables ayant blessé “plus de 50 agents de polices et terrorisés des fidèles musulmans pendant les émeutes”, toujours selon The Times. Si Tommy Robinson, de son vrai nom Stephen Yaxley-Lennon, n’est plus au sein de ce mouvement depuis 2013, il continue via ses réseaux sociaux d’entretenir la haine à l’encontre des étrangers. “Il ne fait aucun doute que […] Tommy Robinson joue un rôle très important dans ces manifestations d’extrême droite”, a déclaré un porte-parole du groupe antiraciste Hope Not Hate à The Independent.

Il faut dire que la force de frappe est considérable. Le Britannique dispose de 908 000 abonnés sur son compte X – anciennement Twitter. Pourtant, ce dernier avait été suspendu en 2018 en raison de l’extrémisme de ses propos. Mais l’arrivée d’Elon Musk à la tête de la plateforme a permis à Robinson de revenir aux affaires. A propos des émeutes qui se répandent comme une trainée de poudre à travers le pays, on peut lire sur son compte : “La police se cache des gangs musulmans. Ils ont cédé nos rues.”

La violence chevillée au corps

“La résurgence de la violence d’extrême droite au Royaume-Uni est en partie la conséquence de la décision d’Elon Musk d’autoriser le retour de figures comme Tommy Robinson sur la plateforme”, écrit le 3 août, The Guardian (gauche) dans un article qu’il titre ainsi : “L’extrême droite a migré sur Internet, où sa voix est plus dangereuse que jamais.” Le fondateur de Tesla – soutien de Donald Trump et chantre du libertarisme – s’est distingué par ses prises de position sur l’actualité britannique, affirmant que “la guerre civile était inévitable”.

La violence de l’extrême droite n’est pas nouvelle au Royaume-Uni. Souvent associée à la culture skinhead, elle émerge dans les années 1960 et 1970. Le British National Party y trouve sa genèse, avant de gagner en popularité dans les années 2000 avec dans son sillage l’apparition de l’ELD de Tommy Robinson et ou encore du groupe néonazi Patriotic Alternative. Le 27 juillet dernier, le fuyard réussissait à rassembler 20 000 personnes lors d’une manifestation à Londres qu’il voulait être “le plus grand rassemblement patriotique que ce pays n’ait jamais vu”. S’il existe une filiation nette entre l’extrême droite des années 60 et 70 et celle d’aujourd’hui, l’actuelle dispose de ses propres spécificités.

Internet, refuge des provocateurs

Dans les colonnes du Guardian, Jacob Davey – membre de l’Institut pour le Dialogue Stratégique (ISD) – assure que le Royaume-Uni, à l’instar du reste du monde – dispose d’une “mouvance d’extrême droite de plus en plus décentralisée”. “Il y avait des noms connus aux rassemblements, y compris des néonazis assumés, mais aussi des locaux inquiets et des hooligans”, dépeint le directeur de la recherche et des politiques sur les mouvements d’extrême droite à l’ISD, avant de conclure que “tous ces gens sont liés par ces réseaux en ligne peu structurés, stimulés par cynisme par des acteurs souvent extérieurs au pays et galvanisés par la désinformation virale en ligne provenant de sources inconnues et non fiables”.

Dès lors se pose la question d’interrompre ces menaces, physiquement insaisissables. “Aucun fact-checking ou aucune rectification ne risquait de pouvoir faire baisser la température de ces manifestations”, déplore Milo Comerford – responsable de recherche à l’ISD – à l’AFP. Dans The Guardian, Stephan Lewandowsky, professeur à l’université de Bristol suggère une modification des algorithmes utilisés par les réseaux sociaux pour privilégier la valorisation d’une “information de qualité” plutôt que celle qui fait “scandale”.

Il plaide aussi pour la suspension des comptes. “Si vous expulsez quelqu’un d’une plateforme, son influence diminue et les personnes qui le suivaient vont également ailleurs”, constate Stephan Lewandowsky. Mais, désormais de simples messages comme “Nottingham se soulève, nous serons là à 15 heures samedi”, diffusés sur une boucle Telegram – un réseau social russe réputé pour protéger l’identité de ses utilisateurs – suffisent à instaurer le désordre et “personne n’a idée de qui il s’agit”, déplore Joe Mulhall, directeur de recherche à Hope not Hate.





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