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“La dernière semaine est souvent gâchée” : ces managers en vacances… mais la tête au travail


Depuis la loi Travail du 8 août 2016, chaque salarié bénéficie du droit à la déconnexion. Du moins en théorie. Car cette nécessité de “couper” n’est pas forcément respectée, surtout quand les cadres ont des dossiers à boucler. Fin 2018, 68 % des managers utilisaient leurs outils numériques le soir, 63 % le week-end et 53 % en vacances. Par ailleurs, 37 % des managers “culpabilisaient” de ne pas se connecter si on les sollicitait pendant leurs vacances – contre 27 % un an auparavant (OpinionWay pour Eleas).

Deux ans plus tard, la pandémie oblige toute l’organisation du travail à évoluer et 76 % des cadres sont connectés en dehors de leur temps de travail pour des raisons professionnelles (ViaVoice pour Secafi/Ugict CGT). C’est maintenant l’ensemble de la société qui doit s’autodiscipliner pour préserver sa santé psychologique : en 2023, 30 % des 20 000 utilisateurs de Microsoft 365 envoient un jour sur deux un mail hors des horaires 9h-18h et sont en hyperconnexion (étude CogX et Lecko). Profitent-ils de leurs congés alors que le droit à la déconnexion fête ses 8 ans ? Même pas.

“La dernière semaine de vacances est souvent gâchée par l’anticipation du retour au travail”, indique Kim Le, Chief Marketing Officer chez Deskeo (opérateur et spécialiste de l’aménagement des bureaux), qui révèle dans une étude qu’en juillet 2024, 47 % des vacanciers regardent leurs mails “de temps en temps” et 27 % “régulièrement”.

Comme le blues du dimanche soir

Pour l’experte, “cette période est marquée par une projection mentale des responsabilités professionnelles à venir, ce qui génère stress et anxiété”. Ils sont conduits à se priver des dernières baignades, car si 13 % des répondants traitent eux-mêmes leurs mails pendant leurs vacances, 51 % des juillettistes ou des aoûtiens savent que personne ne les gère en leur absence (OpinionWay pour Eleas). “Ce phénomène, connu sous le nom de ‘syndrome du dimanche soir’, est exacerbé par les e-mails non lus, les réunions planifiées et les tâches en attente”, analyse Kim Le.

“De prime abord, dimanche rime davantage avec joie, détente et plaisir, qu’avec tristesse, tension et morosité. Pourtant, de nombreuses personnes n’apprécient guère cette journée, l’assimilant à une chute lente, progressive et inexorable du moral. Chute qui atteint généralement son paroxysme au début de la soirée dominicale, d’où son nom : blues du dimanche soir”, décrivent Florian Ferreri, psychiatre, et Gautier Bouchaud, professeur des écoles (Vaincre le blues du dimanche soir, Hachette, 2016). Des chercheurs de l’université d’Exeter (Royaume-Uni) indiquent que les déclencheurs du blues, alors même que les frontières entre ses vies familiale et professionnelle se sont estompées depuis la pandémie, peuvent inclure la réception d’e-mails le week-end, un travail inachevé la semaine précédente et la pression que l’on s’auto-inflige pour le terminer. Cette projection des tâches qui l’attendent de pied ferme le lundi, se transforme en peur XXL de tout ce qui s’accumule pour le manager en vacances. L’étude de Deskeo montre que de nombreux salariés résolvent cette névrose en restant connectés, ce qui rend la transition vers la fin des vacances encore plus difficile et empêche une véritable coupure.

Se croire indispensable

Pourquoi sont-ils si nombreux à avoir la tête au travail les derniers jours de vacances ? Pour Kim Le, “la peur de prendre du retard, évoquée par 32 % des sondés, pousse à anticiper les tâches à venir. De plus, 37 % des salariés se sentent indispensables en raison de leurs responsabilités. Enfin, pour certains, le travail est étroitement lié à leur identité et leur routine, rendant difficile la transition vers un rythme de vacances. Ce manque de déconnexion est souvent renforcé par une culture d’entreprise valorisant la disponibilité constante, bien que seulement 9 % des salariés indiquent que leur employeur s’attend à ce qu’ils soient disponibles”.

Alors, pour vraiment profiter de ses congés, 64 % des salariés préconisent à l’avenir l’interdiction de l’accès aux mails professionnels et 53 % que leur direction encourage activement à ne pas travailler. Une nécessité pour préserver son couple ou sa famille : 68 % des répondants avouent que travailler en vacances n’est pas accepté par leurs proches (Deskeo).




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