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X-Men’97, la madeleine de Proust “nineties” de Disney +


C’est comme si Friends reprenait en 2024 pour une onzième saison, avec Ross et Rachel toujours trentenaires. Ce que la nature ne permet pas, d’autant moins que Matthew Perry, l’interprète de Chandler, est mort en 2023, les techniques d’animation l’autorisent. X-Men’97 l’illustre d’une manière si époustouflante qu’on lui décernerait facilement la médaille d’or des séries animées pour l’année en cours.

Chez les férus de comics, le dessin animé X-Men : The Animated Series (TAS), diffusé de 1992 à 1997 sur Fox Kids, la chaîne jeunesse du groupe Murdoch, sur Canal + puis sur France 2 dans nos contrées, est une sorte de mythe, un sujet d’engouement inépuisable depuis trente ans, seulement concurrencé par le cartoon Batman, sorti la même année sur le même canal. Pour la première fois, il est proposé aux enfants une série d’animation au scénario complexe, fidèle au comic book, les personnages sont subtilement campés et le graphisme, emprunté au coup de crayon reconnaissable entre mille de Jim Lee, jeune prodige de Marvel, 28 ans à l’époque, sublime. Et ce générique ! Guitare électrique, synthétiseurs aigus et violon électronique… Le thème créé par Ron Wasserman, également auteur du générique de Power Rangers, a marqué des générations de fans au point que, vingt ans plus tard, l’acteur Oscar Isaac s’essaye à le chantonner en interview.

De nombreuses autres adaptations de X-Men ont été tentées depuis, des graphismes enfantins de X-Men : Evolution à une tentative manga, en 2011. Jamais le souffle de X-Men : TAS ne fut même approché. En 2019, Larry Houston, réalisateur des épisodes de la série des années 1990, et son équipe se mettent en tête de réaliser une suite. La plateforme Disney + est démarchée. Le scénariste retenu, Beau DeMayo, propose alors… de reprendre le dessin animé là où il s’est arrêté, en 1997. Il s’agit de jouer sur la fibre nostalgique des fans, le costume jaune de Wolverine – encore appelé Serval, dans la version française, trente ans plus tôt – fonctionnant comme une madeleine de Proust. Le générique d’origine et son refrain entêtant sont reproduits à l’identique.

Réflexion sur l’intolérance

A la façon de Stranger Things, le blockbuster de Netflix, surfant sur la nostalgie des années 1980 – dans la saison 3, Dustin et Suzie reprennent la chanson du film L’Histoire sans fin, sortie en 1984 –, X-Men’97 assume des références vintage,à commencerpar le tube Happy Nation, d’Ace of Base, paru en 1992, célébré au moment charnière de cette saison. Dans cet univers pré-Internet, les téléviseurs font un mètre de profondeur, les consoles proposent des graphismes en 2D façon Super Nintendo et les smartphones n’existent pas. Sur le plan artistique, les points forts de la première mouture sont exacerbés : interactions profondes entre les personnages, antagonismes complexes et réflexion sur l’intolérance – les X-Men étant, en tant qu’individus aux pouvoirs spéciaux, sujets à de nombreuses discriminations.

A la lumière de cette réussite absolue, déjà reconduite pour une deuxième saison, il semble évident que X-Men’97 ne sera que la première des séries proposant une plongée nostalgique dans les années 1990. Avec, aussi, une pincée d’années 1970, auront noté les plus pointilleux : dans le dernier épisode de la saison, les X-Men changent de costumes et optent… pour ceux qu’ils portaient en 1976, au moment de la relance décisive du comic book.




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