L’artiste français, qui a dansé dans 42 villes à travers le monde et vécu à Montréal, Macao, San Francisco et Dubaï est rodé aux décalages horaires. “Heureusement, j’ai l’habitude de m’adapter ! En ce moment, les répétitions pour la cérémonie de clôture des JO se déroulent essentiellement la nuit car le stade de France accueille des épreuves sportives en journée”, explique Arthur Cadre ce mercredi 6 août.
A quelques jours du grand spectacle qui marquera la fin des Jeux, son rythme de travail est intense car le danseur, réputé pour son style si particulier mêlant breakdance, contorsions, acrobaties et danse contemporaine en sera le fil conducteur pendant près de deux heures.
Aux côtés de Tom Cruise
Il apparaîtra aux côtés d’autres personnalités comme la star américaine Tom Cruise ou encore les groupes français Air et Phoenix. Selon nos informations, l’orchestre Divertimento, présidé par le dirigeant d’entreprises Morald Chibout, accompagnera les différents artistes. Zahia Ziouani en est la cheffe d’orchestre. “Il y a quelques mois, le directeur artistique Thomas Jolly m’a présenté le personnage qu’il souhaitait que j’incarne autour d’un café à Paris. Je me suis tout de suite vu dans ce rôle !”, s’enthousiasme le jeune homme de 33 ans. “Innovant”, “atypique”, “moderne”, “précurseur”… A entendre les qualificatifs avancés par ses proches, Arthur Cadre cochait toutes les cases pour plaire à l’équipe organisatrice de Paris 2024 dont la cérémonie d’ouverture a marqué une véritable rupture avec les précédentes éditions et révolutionné le genre.
Le 11 août, ceux qui ne le connaissent pas encore découvriront donc les multiples talents de ce natif de Perros-Guirec surnommé “Lil Crabe” à ses débuts dans les Côtes-d’Armor. “C’est moi qui lui ai donné ce petit surnom dérivé de little crab. Une allusion à son style qui faisait penser à ce crustacé et aussi à la Bretagne à laquelle il est très attaché”, raconte Mohammed Ibnyassin, directeur d’Unvsti, association locale d’éducation populaire spécialisée dans les cultures hip-hop et urbaines.
“Lorsque je l’ai vu arriver à 9 ans, j’ai tout de suite senti qu’il avait quelque chose de différent, notamment dans sa façon de s’approprier les figures de breakdance que je lui apprenais pour les adapter à sa façon”, révèle son ancien entraîneur qui va le suivre dans toutes les compétitions nationale et internationale. “Enfant, sa grande force était sa vélocité, la rapidité avec laquelle il effectuait ses mouvements. Étonnamment, il ne brillait pas particulièrement par sa souplesse. Ça, il l’a acquis par la suite à force de travail”, se souvient la danseuse Audrey Ksena qui a participé à des spectacles de rue avec lui avant qu’il ne parte pour d’autres horizons, loin de sa région natale.
Il participe à un Grand prix de Formule 1
Depuis, Arthur Cadre a participé à des shows importants comme ceux de la National Football League à Atlanta en 2016, du Grand prix de Formule 1 d’Abou d’Abi en 2021 ou encore de l’exposition universelle de 2020 à Dubaï où il a travaillé avec le célèbre réalisateur indien Shekhar Kapur, figure emblématique de Bollywood. A côté de ces grosses productions, Arthur Cadre dit aussi rechercher le contact direct avec le public comme lors de cette tournée en Egypte où il s’est produit dans des villages parfois dépourvus d’électricité. “On se retrouvait face à des gens qui n’avaient jamais vu de spectacle de leur vie, il y avait un véritable échange. C’est ce contact direct avec le public, le fait de les voir réagir tout au long de ma démonstration qui me plaît”, confie l’artiste qui s’est justement tourné vers le breakdance en partie pour cette raison.
“Et puis, contrairement au ballet où tout est codifié et carré, ce sport me permet de créer mes propres mouvements et d’imaginer des enchaînements très personnels”, poursuit ce touche-à-tout qui se définit également comme chorégraphe, photographe, mannequin et réalisateur. Plus jeune, Arthur Cadre s’est lancé dans des études d’architecture en France puis à l’université de Montréal qu’il a financées en partie grâce aux revenus tirés de ses performances en danse. Avant, finalement, de se consacrer complètement à sa véritable passion. “Sa grande force est son incroyable culture et sa capacité à s’inspirer de bien d’autres formes artistiques et de tout ce qui l’entoure. C’est sans doute pour cela que l’équipe des JO l’a recruté”, explique l’artiste Filippo Ferraresi avec qui il a collaboré dans le spectacle “La Perle” à Dubaï, mis en scène par Franco Dragone. Ce dernier, cocréateur du Cirque du Soleil avait confié le rôle principal à Arthur Cadre, lui accordant une grande marge de manœuvre.
“Prépare toi à me voir voler”
Tout comme Thomas Jolly pour la cérémonie de clôture. “J’ai fait des propositions à Thomas pour coller le plus possible au personnage que je représente, à sa démarche, son attitude, ses réactions. Ensuite on a regardé si elles fonctionnaient ou pas et on a ajusté ensemble”, confie le trentenaire qui ne lèvera pas plus le voile sur sa prestation à venir. Devoir de confidentialité oblige. “Il m’a juste confié ‘prépare toi à me voir voler’. Hâte de voir ça !”, lâche l’un de ses proches. Le succès planétaire de la cérémonie d’ouverture est-il source de pression supplémentaire ou bien a-t-il un effet galvanisant sur le danseur ? “Un peu les deux”, répond l’intéressé en souriant.
“Arthur c’est vraiment la force tranquille. Je ne l’ai jamais vu s’énerver ni perdre son sang-froid”, assure son amie Audrey Ksena. Dans le public du Stade de France ou devant leurs écrans de télévision, il est possible que certains de ses compatriotes reconnaissent la silhouette et le déhanché si particulier de “l’homme crabe” car l’artiste a participé à la finale de “Le France a un incroyable talent” en 2015. Sa chaîne YouTube, qui lui a permis de tester certains enchaînements auprès du public et d’y apposer sa signature, a également contribué à accroître sa notoriété.
Lors de la cérémonie de clôture des JO, ses parents seront présents dans les gradins. Tous les deux sont de grands sportifs puisque sa mère a autrefois joué en équipe de France de volley-ball, tandis que son père, vice champion du monde de planche à voile, a participé aux JO de Séoul en 1988. “Ce n’est pas pour rien qu’il a réussi dans le sport. Il a de qui tenir !”, souffle Mohammed Ibnyassin. Les deux hommes sont restés très proches et s’appellent régulièrement. “C’est quelqu’un de très fidèle en amitié. L’année dernière, malgré son emploi du temps surchargé et toutes ses obligations, Arthur a pris la peine de se déplacer jusqu’ici pour faire une prestation dans le cadre de la battle internationale que j’organisais”, raconte son premier entraîneur qui, le 11 août, devant sa télévision, vibrera à l’unisson de plus d’un milliard de spectateurs.
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