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Présidentielle américaine et fake news : comment l’IA perturbe la campagne


C’est un type de contenu presque habituel pour les internautes américains. Lundi 12 août, sur le réseau social X, un utilisateur publie deux photos inédites du candidat démocrate à la vice-présidence américaine, Tim Walz, en réponse à un sondage de popularité. Surprise : debout face à un public, le gouverneur du Minnesota est seulement vêtu d’un slip, saluant la foule avec un grand sourire.

Peau parfaitement lisse, taille des doigts inconsistante, poids radicalement différent… Ces deux images ont été générées par l’intelligence artificielle (IA) générative, comme l’a constaté RFI. Bien que la supercherie semble évidente, cette publication compte plus deux millions de vues sur le réseau social.

Un exemple parmi d’autres ces dernières semaines : vidéo du président Joe Biden qui prononce des jurons, photo de l’ex-président Donald Trump en train de se faire arrêter… Les contenus truqués par IA se multiplient à l’approche de l’élection présidentielle américaine de novembre. Un phénomène qui alimente une vague de désinformation et sème le doute auprès des électeurs américains.

Des contenus omniprésents dans la campagne

Si l’exemple des fausses photos de Tim Walz peut sembler inoffensif, d’autres trucages par IA ont eu bien plus d’écho. Dans une autre vidéo publiée sur X fin juillet, le président sortant Joe Biden semble insulter ses détracteurs y compris en utilisant des injures anti-LBGT, peu après l’annonce de son retrait de la course à la présidentielle.

Arborant le logo de la télévision publique américaine PBS, et alors que le pays entre dans une période inédite et incertaine, la séquence devient rapidement virale, rappelle le service de vérification des faits de l’AFP : partagée par un “l’animateur de talk-show conservateur Dave Rubin”, la vidéo a été vue plus de treize millions de fois sur X. Au point de forcer PBS à publier un démenti officiel, quelques heures plus tard.

Des images et vidéos truquées omniprésentes, au point de pousser certains à crier au loup même quand ce n’est pas le cas. Dimanche 11 août, l’ex-président américain Donald Trump a accusé sur son réseau Truth Social la candidate démocrate Kamala Harris d’avoir “triché” sur une photo de campagne. Selon lui, l’équipe de la vice-présidente aurait rajouté “une foule massive de soi-disant soutiens” au pied de son avion arrivé à l’aéroport de Détroit (Michigan). Or, journaux et agences de presse ont rapidement confirmé ces acclamations en publiant de nouvelles images et vidéos de l’événement, comme l’analyse le quotidien New York Times.

Des géants du web pointés du doigt

En cause, selon l’ONG américaine Centre de lutte contre la haine numérique (CCDH) : une génération de contenu truqué simplifiée à l’extrême sur les plateformes d’intelligence artificielle. Ainsi, bien que la plateforme de génération d’image Midjourney affirme avoir bloqué toute tentative de trucage liée aux présidents américains, des tests réalisés par le CCDH ont permis de créer de fausses images de Joe Biden arrêté ou de Donald Trump à côté d’un double.

La responsabilité des réseaux sociaux est également pointée du doigt. La semaine dernière, le patron de X, Elon Musk, a fait face à une pluie de critiques après avoir partagé une autre vidéo manipulée par IA (ou “deepfake”) : celle-ci montre Kamala Harris qualifier Joe Biden de sénile qui ne sait pas “gérer le pays”, grâce à une voix imitant la sienne générée artificiellement. Une publication diffusée à ses 192 millions d’abonnés sans préciser son caractère parodique initial. Encore en ligne, cette vidéo illustre notamment la baisse des standards de modération sur X depuis son rachat par Elon Musk.

Ainsi, dans une lettre adressée début avril aux PDG des réseaux sociaux, plus de 200 groupes ou organisations ont demandé des efforts urgents pour renforcer la lutte contre la désinformation générée par l’IA, notamment en interdisant les “deepfakes” dans les clips de campagne et en mettant en avant les contenus électoraux vérifiés. Alors que plusieurs géants de la tech ont déclaré travailler sur des systèmes d’étiquetage automatique de tout contenu généré par IA, l’ONG américaine Free Press dit avoir “constaté peu de substance” dans les engagements pris par les plateformes en cette année électorale.

L’IA crée déjà le doute sur les résultats de l’élection

Et ce phénomène de désinformation devrait s’accentuer à mesure que la date de l’élection présidentielle se rapproche, selon certains experts. Si la désinformation écrite reste “une préoccupation”, explique Lucas Hansen, cofondateur de l’organisation à but non lucratif CivAI, “l’utilisation la plus probable sera des images et vidéos truquées, dans le but d’engendrer de la colère et de renforcer la tension” politique, estime-t-il.

Dans le cas de l’avion de Kamala Harris, cela pourrait même être une stratégie volontaire de la part de Donald Trump. Dans un éditorial publié lundi, le journaliste Philip Bump du Washington Post estime que “Trump et ses alliés sont pressés dès le départ de remettre en question la fiabilité des indices de soutien à Harris – et, par extension, la fiabilité des résultats de novembre.”

Un climat de tension et défiance qui crée déjà le doute chez les électeurs. Selon un sondage d’Axios et Morning Consult publié fin 2023, plus de la moitié des Américains pensent que les fausses informations générées par IA auront un impact sur le résultat de l’élection présidentielle. Et environ un tiers des Américains disent qu’ils feront moins confiance aux résultats finaux à cause de cette technologie. Pour Nora Benavidez, responsable au sein de l’ONG Free Press, “il s’agit d’un point de bascule dans notre élection”.





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