Nicolas Maduro s’accroche au pouvoir comme une moule à son rocher. Depuis sa réélection contestée – marquée par de forts soupçons de fraude électorale – le dictateur multiplie les décisions autoritaires. Face à ceux qui investissaient les rues pour réclamer davantage de transparence concernant les résultats, le président sortant a envoyé la Garde nationale bolivarienne – une branche de l’armée chargée de faire respecter l’ordre public. Le dernier bilan des manifestations, chiffré par l’AFP, fait état de 25 morts et 192 blessés ainsi que 2 400 arrestations.
Par l’intermédiaire de son Haut-Commissaire aux droits de l’Homme, Volker Turk, l’Organisation des Nations unies (ONU) s’est inquiétée que “tant de personnes soient détenues, accusées ou inculpées pour incitation à la haine ou en vertu de la législation antiterroriste”. Profitant de la répression des forces armées, Maduro a également tenté la légitimation institutionnelle en lançant une procédure devant le Tribunal suprême de justice pour faire valider sa réélection. Désormais, l’offensive se fait sur le plan législatif. L’instauration de lois liberticides – étudiées mardi 13 août par l’Assemblée nationale à l’occasion d’une session exceptionnelle – parachève son œuvre. La première loi, que souhaite faire passer Maduro depuis longtemps, concerne la réglementation des ONG et des associations.
Avant une suspension jusqu’au jeudi 15 août, les députés ont eu le temps d’approuver plusieurs points, notamment la notification “des financements” ou “l’identification des donateurs, nationaux ou étrangers”. Les ONG ont aussi interdiction de “recevoir des contributions financières destinées à des organisations à but politique”. Ces premières attaques ont poussé la Commission interaméricaine des droits de l’homme a lancé, selon l’AFP, un “appel urgent “à l’Assemblée pour qu’elle n’adopte pas la loi. L’institution estime qu’elle” restreindrait arbitrairement le droit d’association, la liberté d’expression […] dans un contexte de fermeture de l’espace civique”.
Maduro verrouille tout
Cette volonté de contrôle des influences étrangères témoigne de l’attitude de repli sur lui-même qu’adopte le Venezuela, comme le démontrent les propos de Jorge Rodriguez tenus le 13 août. Le président de l’Assemblée nationale a notamment qualifié “d’ordures” les quatre experts électoraux envoyés par l’ONU, chargés d’observer la tenue des élections vénézuéliennes. Devant l’Assemblée, il a fait part de sa volonté d’interdire toute observation étrangère au Venezuela “pour que plus jamais un étranger ne vienne prendre position sur quoi que ce soit en rapport avec les élections”.
Dans leur rapport, les experts ont pointé du doigt le Conseil national électoral. Celui-ci avait déclaré Maduro vainqueur avec 52 % des voix sans fournir plus de détails, prétextant une attaque informatique. “Le processus de traitement des résultats par le CNE n’a pas été à la hauteur des mesures élémentaires de transparence et d’intégrité qui sont essentielles à la tenue d’élections crédibles”, estiment-ils, notant que le conseil n’avait pas suivi les “dispositions légales et réglementaires nationales”.
L’Assemblée nationale vénézuélienne s’est également penchée sur le fonctionnement des réseaux sociaux. Nicolas Maduro a déjà annoncé l’interdiction de X, jeudi 8 août, pendant dix jours et sur l’ensemble du territoire. Le dictateur vénézuélien entretient une inimitié profonde avec son détenteur, le milliardaire pro-Trump Elon Musk. En amont de la décision d’interdire le réseau social, de nombreux échanges à distance avaient eu lieu entre les deux hommes. Le dirigeant a également lancé une campagne de boycott de WhatsApp.
Le dernier point sur lequel planchera le Parlement est un projet de “loi contre le fascisme” avec des amendes pouvant aller jusqu’à 100 000 dollars. Il comprend également l’interdiction pure et simple pour les entreprises, organisations ou médias qui “incitent au fascisme”. Ce qui rejoint la volonté du pays de se protéger contre ce qu’il considère être des menaces extérieures. Volker Türk, Haut-Commissaire de l’ONU, a appelé les autorités à ne pas “adopter ces lois” ou “toute autre loi qui porte atteinte à l’espace civique et démocratique dans le pays.”
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