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Comment la variole du singe est-elle devenue le Mpox ?


Comme un air de déjà-vu ? Cette semaine, des premiers cas de Mpox ont été répertoriés hors d’Afrique, en Suède et au Pakistan. La découverte d’un nouveau variant – plus transmissible et plus grave – a incité l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à déclarer, mercredi 14 août, une urgence de santé publique de portée internationale, soit l’alarme la plus élevée. Une décision qu’avait déjà pris l’OMS en 2022 lorsqu’une épidémie de Mpox s’était étendue à travers le monde. A l’époque, cette maladie virale était encore appelée “variole du singe”. Pourquoi a-t-elle changé de nom ?

Revenons d’abord sur les origines de sa première appellation. “La maladie a été identifiée pour la première fois dans des colonies de singes maintenues pour la recherche en 1958”, indique l’OMS sur son site. A l’époque, ces animaux de laboratoire présentent des lésions cutanées qui évoquent la variole humaine, détaille l’Institut Pasteur. Dans les années 1970, la maladie est détectée pour la première fois chez l’humain en République démocratique du Congo et on lui donne le nom de “variole du singe”. Mais dans la vraie vie, on l’attrape généralement auprès de rongeurs. Autrement dit : le nom est trompeur, car le virus n’a aucun rapport avec le singe.

Lors de l’épidémie de 2022, qui a touché une quarantaine de pays, le nom “variole du singe” donne lieu à des propos stigmatisants pour les pays africains. “Les singes sont généralement associés aux pays du Sud, en particulier l’Afrique”, rappelle sur le site The Conversation le chercheur Moses John Bockarie. Le spécialiste ajoute par ailleurs : “Il existe une longue et sombre histoire selon laquelle les Noirs sont comparés aux singes. Aucune nomenclature de maladie ne devrait constituer un déclencheur pour cela.”

En juin 2022, Moses John Bockarie fait partie de la trentaine de scientifiques, pour beaucoup originaires d’Afrique, qui signe une tribune pour demander à changer ces noms, jugeant urgent de mettre en place “une nomenclature qui ne soit ni discriminatoire ni stigmatisante”. Objectif : éviter de pointer du doigt des personnes ou même tout un continent.

Ne pas stigmatiser le continent africain

De façon plus globale, l’Afrique est fréquemment ciblée comme le foyer d’origine de maladies s’étant répandues dans le monde. “On a surtout vu ça avec le sida dans les années 1980, Ebola lors de l’épidémie de 2013, puis avec le Covid et les supposés variants sud-africains”, fait remarquer auprès de l’AFP l’épidémiologiste Oliver Restif. A noter que l’OMS recommande d’éviter les noms d’animaux ou les régions géographiques pour les virus et les maladies. En juin 2022, l’institution sanitaire réfléchit donc à “changer le nom du virus”. Sur son site, l’OMS dit avoir repéré “des messages stigmatisant certains groupes de personnes autour de cette épidémie de variole. Nous voulons qu’il soit très clair que ce n’est pas correct.”

Un mois plus tard, la municipalité de New York enfonce le clou : elle demande à la plus haute institution de santé de rebaptiser la maladie afin d’améliorer la prise en charge des patients. En effet, le nom stigmatisant risquait de les pousser à s’isoler plutôt que de les encourager à demander des soins. D’après le commissaire à la santé de la ville, Ashwin Vasan, cette “terminologie” est également “ancrée dans une histoire raciste et douloureuse pour les communautés de couleur”.

De son côté, l’OMS s’attele alors à trouver un nouveau nom. Pour cela, elle s’entretient avec plusieurs experts au sein de différents organes consultatifs au niveau médical, scientifique, mais aussi des comités de classification et de statistiques issus de 45 pays avant de finalement prendre une décision. Quelques mois plus tard, “la variole du singe”, devient “Mpox”, abréviation du nom anglais de la maladie monkeypox, comme le précise l’OMS dans un communiqué datant de novembre 2022. A partir de cette date, l’institution adopte le terme Mpox dans ses communications “afin de minimiser tout impact négatif permanent du nom actuel et de l’adoption du nouveau nom”. Si son appellation a donc évolué, la maladie, elle, est toujours là.




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