Après plus de dix mois de conflit dans la bande de Gaza, un premier cas de polio a été détecté dans le territoire palestinien assiégé. Dans le même temps, les violences se poursuivent en Cisjordanie occupée où une attaque meurtrière perpétrée par des colons juifs a provoqué un tollé international.
Les infos à retenir
⇒ L’ONU réclame une “pause polio” à Gaza afin de vacciner 640 000 enfants
⇒ Biden estime qu’un accord de cessez-le-feu n’a “jamais été aussi proche”
⇒ Plusieurs pays condamnent les nouvelles violences perpétrées par des colons en Cisjordanie
Premier cas de polio confirmé à Gaza
L’Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie occupée, a fait état d’un premier cas de polio à Gaza. Ce premier cas a été confirmé à l’issue d’analyses d’échantillons de selles de trois enfants gazaouis “présentant une suspicion de paralysie flasque aiguë, un symptôme courant de la poliomyélite” au laboratoire national jordanien de la polio. Il s’agit, selon le ministère palestinien, d’un “bébé de 10 mois qui n’avait pas été vacciné” à Deir al-Balah, dans le centre du territoire palestinien assiégé, privé d’électricité, fortement rationné en eau et dont la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés par la guerre.
Quelques heures plus tôt vendredi, le patron de l’ONU Antonio Guterres avait appelé “toutes les parties à fournir immédiatement des assurances concrètes garantissant des pauses humanitaires pour la campagne” de vaccination. “Il est impossible de mener une campagne de vaccination contre la polio au milieu de la guerre”, avait insisté M. Guterres. “Une pause polio est nécessaire”.
Avant lui, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Unicef avaient demandé des pauses humanitaires “de sept jours” pour permettre deux campagnes de vaccination pour plus de 640 000 enfants de moins de dix ans.
Le poliovirus a d’abord été détecté en juillet dans des échantillons d’eaux usées collectés fin juin à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza et Deir el-Balah, rappellent l’OMS et l’Unicef, alors que le territoire palestinien est exempt de cette maladie depuis vingt-cinq ans, selon l’ONU. Plus de 1,6 million de doses du vaccin nOPV2 doivent être acheminées à Gaza à la fin du mois d’août, selon le communiqué.
L’ONU souligne que la couverture vaccinale doit être d’au moins 95 % à chaque campagne de vaccination pour empêcher la propagation de la polio, “étant donné que les systèmes de santé, d’eau et d’assainissement sont gravement perturbés à Gaza”.
Menace largement répandue il y a encore une quarantaine d’années, la poliomyélite – qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles – a très largement disparu dans le monde grâce aux vaccins. Mais une autre forme de poliovirus peut se propager : celle qui a muté à partir de la source contenue à l’origine dans le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). C’est ce poliovirus dérivé d’une souche vaccinale qui a été retrouvé à Gaza. Et la polio “se fiche des lignes de démarcation”, a insisté Antonio Guterres, soulignant la menace “non seulement pour les enfants à Gaza, mais aussi dans les pays voisins”.
Un accord de cessez-le-feu “n’a jamais été aussi proche”, selon Biden
Les Etats-Unis ont présenté vendredi 16 août une proposition remaniée d’accord pour un cessez-le-feu à Gaza, après deux jours de négociations à Doha, mais le Hamas a immédiatement rejeté de “nouvelles conditions” israéliennes, au moment où la pression diplomatique s’intensifie pour éviter une escalade militaire régionale.
Les médiateurs – Etats-Unis, Qatar et Egypte – ont annoncé la reprise des pourparlers la semaine prochaine au Caire, après la présentation vendredi à Doha d’un nouveau compromis en vue de la “mise en œuvre” d’un accord sur un cessez-le-feu.
Un accord n’a “jamais été aussi proche”, a assuré le président américain, Joe Biden, qui s’est entretenu avec les dirigeants égyptien et qatari. Le dirigeant a également appelé toutes les parties à ne pas “saper” les négociations. “Je pense que nous avons une chance”, insisté M. Biden devant des journalistes, se disant “optimiste”.
Son secrétaire d’Etat, Antony Blinken, doit s’envoler samedi pour Israël afin de chercher “à conclure un accord” sur la base de la nouvelle proposition, selon le département d’Etat.
Mais deux cadres du Hamas ont indiqué à l’AFP que le mouvement rejetait de “nouvelles conditions” d’Israël. Parmi les “nouvelles conditions” israéliennes rejetées par le Hamas, un de ses responsables a cité le “maintien de troupes” israéliennes le long de la frontière de Gaza avec l’Egypte et “un droit de veto” sur la libération de certains prisonniers palestiniens.
Les discussions se basent sur un plan annoncé le 31 mai par Joe Biden, prévoyant dans une première phase une trêve de six semaines accompagnée d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d’otages israéliens en échange de celle de prisonniers palestiniens.
Les efforts diplomatiques visent aussi à prévenir une riposte de l’Iran et de ses alliés, dont le Hezbollah, à l’assassinat, imputé à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh le 31 juillet à Téhéran, et à la mort la veille du chef militaire du mouvement islamiste libanais dans une frappe israélienne près de Beyrouth.
Condamnations d’une nouvelle attaque de colons en Cisjordanie
Les violences flambent aussi en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Jeudi soir, des dizaines de colons israéliens, dont l’un a été arrêté, ont incendié bâtiments et véhicules dans le village de Jit (nord), selon l’armée.
L’Autorité palestinienne a fait état d’un Palestinien tué par balles, dénonçant un “terrorisme d’Etat”. “Ils étaient armés de couteaux, d’une mitraillette et d’un silencieux. Leur but était clair : brûler, tuer et détruire”, a raconté à l’AFP Hassan Arman à Jit.
Le président israélien, Isaac Herzog, a “condamné” l’attaque, également vivement dénoncée à l’international.
L’ONU, qui juge illégale la colonisation israélienne en Cisjordanie a pointé “l’impunité dont jouissent les auteurs de violations aussi graves”. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell va proposer des sanctions contre des responsables israéliens. “Tout acte qui viendrait à déstabiliser un processus de négociation et de conclusion d’un accord, notamment sur le cessez-le-feu” à Gaza en contrepartie d’une libération des otages détenus dans le territoire palestinien en guerre, “est inacceptable et encore plus inacceptable dans cette période que nous vivons”, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné.
Stéphane Séjourné au Caire pour aborder la situation à Gaza
Le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, s’est entretenu samedi 17 août au Caire avec son homologue égyptien des efforts diplomatiques en cours en vue d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Gaza, a indiqué le porte-parole de la diplomatie égyptienne, Ahmed Abou Zeid.
Le ministre français, qui conclut une tournée au Proche-Orient, a aussi discuté avec Badr Abdelatty des moyens de “contenir l’escalade” dans la région, où les tensions sont exacerbées par la poursuite de la guerre à Gaza, a précisé Ahmed Abou Zeid sur X. Le ministre français, qui était jeudi au Liban et vendredi en Israël, devait être reçu plus tard samedi par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Au moins neuf morts dans une frappe israélienne dans le sud du Liban
Le ministère libanais de la Santé a annoncé samedi 17 août qu’une frappe israélienne dans le secteur de Nabatieh, dans le sud du pays, avait causé la mort d’au moins neuf personnes, dont une femme et ses deux enfants. Il s’agit d’une des frappes les plus meurtrières en plus de dix mois de violences à la frontière israélo-libanaise entre le Hezbollah libanais et l’armée israélienne.
L’armée israélienne a pour sa part indiqué avoir frappé “durant la nuit, un entrepôt d’armes du Hezbollah” dans la région de Nabatieh, ainsi que “des structures militaires” du mouvement islamiste libanais dans les régions de Hanine et de Maroun El Ras, près de la frontière.
Le Hezbollah pro-iranien a ouvert un front contre Israël le 8 octobre dans le secteur frontalier, pour soutenir le Hamas palestinien. Les échanges de tirs, quasi-quotidiens depuis entre la formation libanaise et l’armée israélienne, se sont intensifiés avec la mort, fin juillet, du chef militaire du Hezbollah, tué dans une frappe israélienne à Beyrouth, la veille de l’assassinat à Téhéran du chef du Hamas, imputé à Israël par l’Iran et ses alliés. Téhéran et le Hezbollah ont menacé Israël de représailles, faisant craindre une escalade militaire régionale.
Avec cette nouvelle frappe, ces violences ont fait au moins 579 morts au Liban, pour la plupart des combattants du Hezbollah mais également au moins 121 civils, selon un décompte de l’AFP. En Israël et sur le plateau du Golan occupé, 22 militaires et 26 civils ont été tués dans des tirs de roquettes et de missiles depuis le Liban, selon les autorités israéliennes.
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