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“Kamabla”, “Crazy Kamala”… Comment Trump tente de ridiculiser Kamala Harris


Connu pour sa fortune et ses coups d’éclat, Donald Trump l’est également pour sa capacité à tourner en dérision ses adversaires. “Lyin’ Hillary” (“Hillary la menteuse”),“Crooked Joe” (“Joe le tordu”), “Crazy Nancy” (“Nancy la folle”)… Depuis sa première campagne à l’élection suprême, en 2016, le magnat de l’immobilier est passé maître dans l’art de dénicher des sobriquets à ses rivaux. Le dernier en date a sans surprise été attribué à la candidate démocrate, Kamala Harris, rebaptisée par Donald Trump “Kamabla” sur son réseau Truth Social.

Dans la soirée du 8 août, le 45ᵉ président des Etats-Unis publie un premier message avec une faute dans le prénom de la vice-présidente : “Les gens votent avec leur ESTOMAC, et le prix de l’alimentation est maintenant à un niveau record à cause de l’INCOMPÉTENCE de Kamabla/Biden […]”. Dix minutes plus tard, une seconde missive est lâchée avec la même coquille, faisant comprendre que Donald Trump a trouvé un nouveau surnom à sa rivale : “Kamabla a déclaré, à plusieurs reprises, qu’elle voulait SUPPRIMER LA POLICE […].”

Mais que signifie donc “Kamabla” ?

Sauf que la dernière trouvaille du milliardaire n’a pas eu l’effet escompté. Très rapidement, les internautes et la presse s’interrogent sur la signification de ce surnom. “Trump continue d’appeler Harris ’Kamabla’, mais personne ne semble en comprendre la signification”, titre notamment le quotidien britannique The Independent. Interrogée par le journal américain The Intelligencer, l’équipe de campagne de Donald Trump déclare que “‘Kamabla’ représente toute la douleur et la misère que l’administration Biden-Harris a infligées à chaque Américain”.

Une explication nébuleuse, qui a laissé place à plusieurs pistes d’interprétation. La première, le suffixe “-bla” de “Kamabla” pourrait faire référence à l’onomatopée “blah, blah, blah”, laissant ainsi entendre que la vice-présidente parlerait trop, et que son propos n’aurait guère d’importance. Deuxième possibilité : “Kamabla” serait une contraction de “Kamala” et “Obama”. Et pour cause, à plusieurs reprises au cours de la campagne, Donald Trump a assuré que l’ancien président américain tirait les manettes de l’administration Biden.

D’autres estiment que le candidat du Grand Old Party ciblerait les origines indiennes et afro-américaines de Harris en essayant d’introduire le mot “black” dans son prénom. Mais “il pourrait simplement s’agir d’une faute d’orthographe que Trump utilise pour montrer sa supériorité”, suggère également The Independent, qui attire l’attention sur le fait que Donald Trump ait appelé le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, “Rob” lors de la campagne des primaires républicaines.

Les républicains, les autres cibles de Donald Trump

Ainsi, le milliardaire conservateur ne se borne-t-il pas uniquement à ses adversaires démocrates. Les membres de son propre parti ont eux aussi le droit à leur sobriquet. Sa principale concurrente aux primaires républicaines, Nikki Haley, en a notamment fait les frais. Toujours sur son réseau Truth Social, Donald Trump l’avait rebaptisée “Birdbrain” (“Cerveau d’oiseau”). Début octobre, la gouverneure de Caroline du Sud a publié un tweet griffé d’une photo d’une cage d’oiseau déposée devant sa chambre d’hôtel et signée : “From Trump Campaign”.

Autre adversaire de Donald Trump dans les primaires républicaines, Ron DeSantis a quant à lui été à tour de rôle surnommé “Ron DeSanctimonious” (“Ron le moralisateur”),“Meatball Ron” (“Ron la boulette de viande”), ou encore “Tiny D”. Le chantre du Maga (pour “Make America Great Again”, slogan de campagne utilisé par Ronald Reagan lors de la campagne présidentielle de 1980 et repris par Donald Trump) a également flanqué du surnom de “Sloppy Steve”(“Steve le négligé”) son ancien stratège Steve Bannon, condamné à quatre mois de prison ferme pour avoir entravé l’enquête parlementaire sur l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021. Peine que le septuagénaire purge depuis début juillet.

Une page Wikipédia dédiée aux surnoms imaginés par Trump

L’utilisation de surnoms présente un double avantage pour Donald Trump. Le premier, humilier et discréditer ses rivaux politiques. Le second, galvaniser sa base électorale, qui l’attend sur ce registre. Devenue en quelques années sa marque de fabrique, cette stratégie, à mi-chemin entre attaque politique classique et cynisme, ne se limite pas à ses adversaires politiques.

Une page Wikipédia recense même l’intégralité des surnoms employés par l’ex-président. Comme celui qu’il avait utilisé en 2018 pour tacler le président de CNN, Jeff Zucker, l’appelant “Little Jeff Zuker” dans un tweet. Un adjectif accolé quelques années plus tôt au nom du chanteur Mac Miller, décédé depuis, qui avait sorti une chanson intitulée “Donald Trump”. Ou encore le fameux mot-valise “kung flu”, employé pour désigner le virus du Covid-19, dont l’origine se situe en Chine.

Donald Trump à court d’idées ?

Pour Kamala Harris, les surnoms sont nombreux et ponctuent les apparitions publiques de l’ancien président des Etats-Unis. Lors du meeting du mercredi 21 août, le premier depuis sa tentative d’assassinat, Donald Trump s’en est pris à son adversaire, l’appelant “camarade Harris” avant de préciser : “Je l’appelle comme ça, parce que c’est une marxiste.” Parmi ses surnoms, on trouve également : “Crazy Kamala”, “Lyin’ Kamala”, ou encore “Laffin’ Kamala” en référence aux nombreux éclats de rire de l’ancienne procureure de Californie.

“Failed Border Czar” (“Tsarine des frontières ratée”) est également fréquemment utilisé par le camp trumpiste pour dénoncer la gestion de la politique migratoire de l’administration Biden. Laissant ainsi entendre que la vice-présidente serait responsable de la gestion des frontières pendant son mandat. Ce qui n’est pas exactement le cas, puisque la mission qui lui a été confiée par le locataire de la Maison-Blanche consiste à “s’attaquer aux causes profondes de l’immigration illégale”, s’est défendu son entourage auprès de nos confrères de la BBC.

S’écarter de la réalité n’est toutefois pas une préoccupation pour Donald Trump. Alimenter sa fan base en coups de cornes qu’elle pourra à son tour reprendre pour tirer sur le camp adverse en est une. Sauf que, pour l’heure, aucun des sobriquets trouvés par le propriétaire de Mar-a-Lago à Kamala Harris ne semble prendre. Le chef de file des conservateurs semble d’ailleurs encore à la recherche de sa martingale. Un manque soudain de créativité qui masque une difficulté plus large : comment trouver le bon angle d’attaque face à Kamala Harris ?





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