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Rentrée scolaire : Caroline Pascal, l’influente “ministre bis” à la tête de l’Education nationale


Y a-t-il encore un capitaine à la tête de l’immense paquebot de l’Education nationale ? A quelques jours de la rentrée scolaire, Nicole Belloubet, ministre démissionnaire, reste sur le pont pour “gérer les affaires courantes” sans savoir qui lui succédera et quand. En cette période d’incertitudes, le rôle de Caroline Pascal, 57 ans, nouvelle directrice générale de l’Enseignement scolaire (Dgesco), nommée le 16 juillet dernier, apparaît crucial. “C’est vraiment elle qui va faire tourner la boutique en cette rentrée”, confirme cet ancien recteur. Sachant que le rôle d’un Dgesco s’apparente à un chef d’orchestre chargé de mettre en musique la politique dictée par le ministre, sa tâche paraît pour le moins complexe !

Interrogée par L’Express ce 20 août, Caroline Pascal affiche pourtant une certaine sérénité. “Pour l’instant, nous veillons à appliquer tout ce qui a déjà été concerté, arbitré, validé et publié. Il faudra attendre la nomination d’un nouveau gouvernement pour en savoir plus sur les éventuelles futures orientations politiques”, dit-elle. Tout en se voulant rassurante quant à l’échéance du 2 septembre prochain : “La rentrée se prépare très en amont. Sur le plan technique, tout a été parfaitement réglé par mon prédécesseur.” A savoir Edouard Geffray, qui aura occupé ce poste durant cinq ans avant de laisser son fauteuil à cette agrégée d’espagnol qui fut professeur d’université avant de devenir inspectrice générale de l’Education nationale puis de prendre la tête de ce service.

“Ce qui fait d’elle une experte du système et des dossiers en cours”, assure Charles Torossian, à la tête de l’Institut des hautes études de l’éducation et de la formation. Dans son entourage, on loue également ses qualités “d’écoute et de synthèse”, ses “talents de diplomate” ou encore sa “ténacité” ou son “autorité habile”. “Caroline Pascal sait se faire respecter sans taper du poing sur la table”, décrypte Paul Devin, ancien inspecteur de l’Education nationale, actuellement président de l’Institut de recherches de la FSU, pour qui cette nomination est également très “stratégique”.

“Gardienne du temple de la politique éducative”

“Caroline Pascal a été choisie pour être la gardienne du temple de la politique éducative mise en place depuis 2017 et pour assurer une forme de continuité quel que soit le ministre qui sera nommé”, avance cet autre inspecteur général, rappelant que la haute fonctionnaire avait été nommée doyenne de ce service en 2018 par Jean-Michel Blanquer. Dans les couloirs de l’Hôtel de Rochechouart, nul n’ignore que la nouvelle Dgesco est mariée à Camille Pascal, ancienne “plume” de Nicolas Sarkozy. “Si on devait l’étiqueter politiquement, je dirais qu’elle plutôt de droite ou de centre-droit”, en déduit cet habitué de la Rue de Grenelle.

Une analyse très “réductrice” s’insurge l’intéressée qui regrette par ailleurs d’être ramenée à son rôle “d’épouse de”. Et de rappeler : “J’ai travaillé avec Jean-Michel Blanquer mais aussi avec Pap Ndiaye, Gabriel Attal, Amélie Oudéa-Castéra et Nicole Belloubet, tous de sensibilités différentes et avec lesquels mes éventuelles opinions politiques n’ont pas eu à interférer, ce qui est de règle pour tout directeur de l’administration centrale.” Toujours est-il que Caroline Pascal est “une femme de convictions dans le domaine de l’éducation”, selon Mark Sherringham, président du Conseil supérieur des programmes. “Elle a des idées très arrêtées sur ce qu’il faut faire ou non et ne s’interdit pas de les exprimer en interne. Mais comme son autre caractéristique est la loyauté, elle sait se plier aux décisions finales du ministre”, poursuit-il.

Récemment, Caroline Pascal aura eu à superviser la fusion de quatre inspections générales au sein d’une même entité : l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR). “Elle a réussi à créer une forme d’unité malgré les disparités de fonctionnement de chacun”, affirme l’inspecteur général honoraire Gilles Pétreault. C’est elle qui dut également piloter la mue du corps des inspecteurs généraux en administrateurs de l’Etat. Conséquence, ces derniers ne sont plus nommés “à vie”. “Ce qui a entraîné une forme d’autocensure chez les agents soucieux de ne pas se “griller” pour la suite de leur carrière”, dénonce l’un d’eux, pour qui Caroline Pascal a participé à cette évolution-là. “Conscients de ce risque, nous avons veillé à poser des garanties d’indépendance”, se défend cette dernière. En parallèle de sa carrière, Caroline Pascal est l’auteure de plusieurs romans. “Mais je ne pense pas avoir le temps de m’y remettre dans les mois qui viennent”, confie-t-elle.




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