Mercredi 14 août, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré une “urgence de santé publique de portée internationale”, son plus haut niveau d’alerte, pour la maladie Mpox, anciennement appelée variole du singe, ou monkeypox. Une nouvelle souche, dite de “clade 1b”, circule activement en Afrique, depuis l’est de la République démocratique du Congo.
Cette classification a relancé les réflexes conspirationnistes de certains internautes, qui relaient de fausses informations sur fond d’homophobie. Voici quelques-unes de ces affirmations, et pourquoi elles sont trompeuses.
Non, le virus Mpox n’a aucun rapport avec le zona ou le vaccin anti-Covid
Dans une vidéo traduite en plusieurs langues, vue plus de 400 000 fois sur X (ex-Twitter) et relayée sur Facebook, Wolfgang Wodarg, un médecin allemand connu pour ses positions anti-vaccin, affirme que les symptômes décrits pour le Mpox sont les mêmes que ceux du zona. Cette épidémie serait selon lui aussi un effet secondaire du vaccin contre le Covid, et l’industrie pharmaceutique ne chercherait qu’à effrayer les gens à des fins commerciales.
C’est faux à plusieurs titres : le Mpox, identifié dès les années 70 chez un enfant dans l’ex-Zaïre (aujourd’hui la République démocratique du Congo), est bien plus ancien que les vaccins anti-Covid. De plus, il s’agit d’un virus zoonotique, d’origine animale, de la famille des poxvirus, tandis que le zona – une réactivation du virus varicelle-zona – est de la famille des herpès. Les symptômes sont également différents. Le zona provoque des lésions plus petites qui génèrent une douleur intense caractéristique. Les symptômes du Mpox sont “une éruption cutanée qui peut être isolée ou précédée ou accompagnée d’une fièvre ou de ganglions” enflés et douloureux, sous la mâchoire, au niveau du cou ou au pli de l’aine. Cette éruption est “faite de vésicules remplies de liquide qui évoluent vers le dessèchement, la formation de croûtes puis la cicatrisation. Si les vésicules se concentrent plutôt sur le visage, dans la zone ano-génitale, les paumes de mains et les plantes des pieds elles peuvent être présentes sur l’ensemble du corps ainsi que les muqueuses, notamment buccales et ano-génitales. Dans ces dernières localisations, les lésions peuvent être très douloureuses”, détaille le ministère de la Santé sur son site. Ces éruptions peuvent démanger et, outre la fièvre, les symptômes associés peuvent être des courbatures et de la fatigue.
Non, le Mpox ne touche pas que les homosexuels
Sur les réseaux sociaux, certains se rassurent en affirmant que le Mpox ne touche que les personnes homosexuelles, avec des messages homophobes jugeant ces pratiques “dégueulasses”. Mais comme l’explique à l’AFP le Professeur Richard Martinello, infectiologue à l’université de médecine de Yale, “aucune maladie infectieuse au monde ne se transmet différemment en fonction de l’orientation sexuelle. C’est le contact intime, de peau à peau, qui peut permettre la transmission de Mpox, et non l’orientation sexuelle de chacun”.
C’est le liquide infecté contenu dans les vésicules du malade qui transmet le virus, rappelle le Professeur Antoine Gessain, spécialiste de la maladie à l’Institut Pasteur, rappelant que des enfants peuvent être infectés “par contact cutané”, mais aussi, comme dans l’épidémie de fin 2023 en RDC, “des hétérosexuels à partenaires multiples.”
Non, il n’y a pas actuellement de traitement miracle
Une thèse conspirationniste populaire notamment sur YouTube et Facebook assure qu’un médicament contre le Mpox est très efficace mais n’est pas disponible, s’appuyant sur des propos du controversé Pr Raoult en 2022, date de la précédente épidémie de Mpox mais de clade 2b, différente de la souche actuelle et qui circule toujours très doucement en France. Selon lui à l’époque, contre le Mpox, “la molécule la plus efficace c’est un médicament japonais qui s’appelle le Tranilast. […] Il ne sera jamais commercialisé ici, car il ne coûte rien”. Le Tranilast, approuvé en 1982 au Japon et en Chine contre l’asthme, mais non approuvé en Europe pour ce traitement, n’a jamais fait l’objet d’études cliniques, sur l’homme, contre le Mpox. L’étude mentionne des tests in vitro et sur des souris, de différentes molécules sur le virus de la vaccine, de la même famille que la variole et que le Mpox.
En revanche, la vaccination, associée à une sensibilisation des personnes à risque et un isolement des cas contacts, a permis d’endiguer l’épidémie de Mpox en 2022. 232 sites de vaccination sont déjà ouverts en France, affirmait la semaine dernière le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal.
Non, l’OMS n’a ordonné aucun confinement
“Attention, méga-confinements en vue !” alertent des internautes, soutenant que ces mesures ont été ordonnées par l’OMS aux “gouvernements”, attestant ainsi la thèse d’une “plandémie”, un néologisme décrivant une pandémie orchestrée, selon le narratif complotiste.
L’OMS n’a pas le pouvoir d’ordonner aux gouvernements de préparer ces “méga-confinements”, “ni aucun type de confinement d’ailleurs”, a confirmé l’organisation à l’AFP. “En tant qu’organisation scientifique et technique, l’OMS fournit des conseils aux 194 Etats membres. Chaque pays est souverain en matière de décisions et d’actions concernant la santé de leurs populations”. Le directeur Europe de l’OMS a appelé au calme la semaine dernière, affirmant que le Mpox n’était pas le nouveau Covid.
En France, sur TikTok, des internautes assurent même qu’en raison de l’épidémie de Mpox, “la rentrée scolaire est reportée”. Une information formellement démentie auprès de l’AFP par le ministère de l’Education. A ce jour, aucun cas de Mpox de la nouvelle souche 1b n’a été rapportée dans le pays.
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