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Cisjordanie : l’opération “antiterroriste” de l’armée israélienne en trois questions


Depuis la nuit du 27 au 28 août, Israël mène une opération militaire en Cisjordanie occupée. Bien qu’il ne subisse pas sur son sol la même intensité guerrière qu’à Gaza, ce territoire palestinien – grignoté depuis les années 80 par les colons israéliens – reste une importante zone de tensions. Qualifiée “d’antiterroriste” par l’Etat hébreu, l’opération menée par Israël aurait jusque-là ôté la vie à douze personnes, selon l’AFP. Depuis les attaques terroristes du 7 octobre et le lancement de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza, 637 personnes ont trouvé la mort en Cisjordanie, le plus haut total sur une période de huit mois recense l’Organisation des Nations unies.

Où se déroule l’opération ?

Territoire occupé depuis la guerre des Six Jours de 1967, la Cisjordanie est censée – selon les accords d’Oslo, signés en 1993 – disposer de territoires (zones A et B) sous administration intégrale de l’Autorité palestinienne. Pourtant, ce sont dans ces zones supposées sous contrôle de l’Autorité palestinienne qu’Israël mène son opération. “Ces incursions sont quotidiennes [mais c’est plus] rare qu’elles soient menées simultanément dans plusieurs villes”, rapporte l’AFP. Les opérations israéliennes se sont concentrées sur trois localités – toutes situées dans le nord du territoire – et leurs camps de réfugiés : Jénine, Tulkarem et Toubas. L’emplacement est connu pour abriter “les groupes armés en lutte contre Israël”, ils y “sont spécialement actifs”, commente l’AFP.

Que s’est-il passé ?

L’armée israélienne, dans la nuit du 27 au 28 août, a pénétré dans les camps de réfugiés palestiniens de Nour Chams, près de Tulkarem et d’Al-Fara, près de Toubas, ainsi que dans la ville de Jénine, à l’aide de colonnes de blindés. Sur place, le camp palestinien fait état d’une violence importante. “Les équipes médicales ont été entravées depuis le début de l’assaut, et les entrées du camp de Nour Chams et des hôpitaux du gouvernorat ont été fermées pour entraver le travail des équipes médicales”, a déclaré Ahmed Zahran, secouriste du Croissant Rouge palestinien.

“Les destructions sont énormes. [Les soldats israéliens] ont attaqué les infrastructures dans le camp de Nour Chams [détruisant] le réseau d’eau et des égouts”, a rapporté Hakim Abou Safiyeh. Il occupe le rôle d’employé municipal à Tulkarem. De son côté, l’armée israélienne a assuré que des opérations pour “neutraliser des bombes [dissimulées] en bord de route” avaient provoqué des dégâts “non intentionnels” au réseau d’eau.

Au soir du premier jour des opérations, Israël a revendiqué la mort de “neuf terroristes armés”, dont sept à la suite de “raids aériens”. De son côté le Djihad islamique – mouvement islamiste allié du Hamas – a reconnu la perte de “trois de leurs soldats”, dans l’attaque menée par Israël. Au deuxième jour des opérations, ce 29 août, Tsahal opérait toujours dans le camp de Nour Chams et la ville de Jénine. Dans le premier, l’armée israélienne a annoncé la mort de “cinq terroristes” retranchés dans une mosquée de Nour Chams. De son côté, le Djihad islamique a reconnu la perte du chef de la branche occupant le camp. Il s’agit de “Abou Choujaa”, accusé d’être à l’origine d’une fusillade – en juin dernier – ayant ôté la vie d’un Israélien de soixante ans. Enfin, Tsahal a annoncé la mort de deux “terroristes” dans la ville de Jénine.

Quelles réactions ?

L’ONU s’est rapidement inquiétée de l’incursion israélienne. Elle a mis en garde contre le risque “d’aggraver une situation déjà catastrophique”. L’organisation internationale déplore également la présence d’enfants parmi les victimes de l’opération militaire. Son secrétariat général a critiqué les “tactiques de guerre meurtrières qui semblent dépasser les normes internationales en matière de maintien de l’ordre”.

Dans ce contexte, Washington a annoncé, mercredi, de nouvelles sanctions contre les colons “extrémistes”. Benyamin Netanyahou, chef du gouvernement israélien, a jugé “très grave” cette “imposition de sanctions contre des citoyens israéliens”. Pour Israël et son ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, l’armée entend “démanteler les infrastructures terroristes irano-islamistes “en Cisjordanie. Sur le réseau social X, il a appelé à y agir “avec la même détermination […] qu’à Gaza, avec des évacuations temporaires de Palestiniens”.

De son côté, le Djihad islamique considère que par son opération, Israël œuvre “à l’annexion de la Cisjordanie”. Quant au Hamas, l’un de ses cadres – Ezzat Rishq – y a vu un appel à “élargir la spirale des destructions et du génocide”. Gouverneur de Tulkarem, Mostafa Taqataqa a déclaré voir dans ces raids “un signal dangereux et sans précédent [qui] semble indiquer que cette opération va durer”.




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