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Nucléaire : pourquoi la Suisse envisage de faire machine arrière


Changement de cap ! Le gouvernement suisse s’est dit, mercredi 29 août, favorable à un éventuel retour du nucléaire à long terme, face aux évolutions du marché de l’électricité et aux incertitudes géopolitiques. Les Suisses ont approuvé par référendum en 2017 la sortie progressive du nucléaire en votant une loi interdisant la construction de nouvelles centrales.

Cette loi était alors le résultat d’un long processus engagé après l’accident nucléaire de Fukushima, provoqué par un gigantesque tsunami, en mars 2011, au Japon.

“Depuis 2017 la situation sur le marché de l’électricité a radicalement changé”, a déclaré le ministre de l’Environnement, des transports et de l’énergie, Albert Rösti, en conférence de presse à Berne, après une réunion du Conseil fédéral (gouvernement). “C’est absolument clair qu’à court terme, même à moyen terme, il ne faut pas discuter de l’énergie nucléaire, ce n’est pas une option. Mais pour être prêt, si c’est nécessaire à long terme, dans les prochains 15 ans je dirais, il faut commencer maintenant”, a-t-il souligné.

Une modification de la loi sur l’énergie nucléaire

Son ministère soumettra au gouvernement une modification de la loi sur l’énergie nucléaire d’ici fin 2024. Le Parlement devra ensuite en débattre, et la population devra se prononcer par référendum. “On ne dit pas qu’il y aura dans 10 ans une nouvelle centrale […] mais nous sommes responsables de laisser” la porte “ouverte à toutes les technologies possibles”, a insisté Albert Rösti, soulignant que si ce processus n’est pas lancé aujourd’hui, il sera “peut-être trop tard dans 20 ans”.

Alors que le pays espère atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, le gouvernement “entend favoriser l’ouverture aux différentes technologies pour planifier de manière responsable la sécurité de l’approvisionnement en électricité”, a-t-il indiqué dans un communiqué.

Or “l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires n’est pas compatible avec l’objectif de l’ouverture aux différentes technologies et présente même des risques pour le démantèlement des installations existantes”, selon le gouvernement.

Les quatre centrales nucléaires en service fournissent environ un tiers de la production d’électricité totale en Suisse. Elles disposent d’une autorisation d’une durée illimitée, tant qu’elles sont sûres. Selon la loi actuelle, si elles doivent un jour être mises à l’arrêt, l’électricité manquante devra être compensée par d’autres installations de production en Suisse.

Mais le gouvernement craint que le développement des énergies renouvelables ne soit pas assez rapide pour couvrir à temps les capacités manquantes et le besoin croissant en électricité. “On avait imaginé à l’époque de produire l’électricité manquante grâce à des centrales à gaz” mais “cette option est devenue quasi impensable” pour atteindre la neutralité carbone, selon Albert Rösti.

Croissance rapide de la population

Le ministre a également évoqué la détérioration de la situation géopolitique, en particulier en Europe depuis deux ans, et la croissance rapide de la population suisse et des besoins en électricité. La décision du gouvernement “ne remet nullement en cause le développement des énergies renouvelables”, a-t-il assuré.

“La levée de l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires n’est qu’une option de repli, au cas où, et une option à long terme. Car il s’agit d’anticiper la croissance de la demande en électricité”, a-t-il dit.

L’annonce du gouvernement a été immédiatement critiquée par Greenpeace Suisse et les partis du centre, socialiste et écologiste. Construire de nouvelles centrales nucléaires est “un non-sens économique. Personne n’en veut, pas même les fournisseurs suisses d’électricité”, ont souligné les VERT-E-S. Le Parti socialiste suisse s’oppose aussi “fermement à ce retour en arrière irresponsable qui bloque le développement des énergies renouvelables”.




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