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Choix du Premier ministre : le RN ne sait plus sur quel pied danser


Marine Le Pen presse le pas dans la cour de l’Elysée ce 26 août, suivie de près par Jordan Bardella. Il est rare que la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale et le chef de file du parti d’extrême droite foulent les rues parisiennes à la mi-août. Situation inédite oblige, les représentants frontistes ont dû écourter leurs vacances pour rencontrer Emmanuel Macron dans le cadre de discussions liées à la nomination d’un futur Premier ministre. Contrairement au début de l’été, c’est sans grande conviction qu’ils sont allés, cette fois-ci, à la rencontre du chef de l’Etat.

Il faut dire que le rapport de force a changé. Les résultats décevants des élections législatives du mois de juillet ne leur ont pas permis de devenir la première force politique de l’Assemblée, et le chef du gouvernement ne sera pas issu des rangs lepénistes, comme ils l’avaient espéré. De favoris, voici les troupes de Marine Le Pen rétrogradées au statut d’observateur en l’espace d’un été. Pire : on leur fait comprendre qu’ils sont persona non grata à la table des négociations.

Dans un communiqué de presse publié le 26 août, Emmanuel Macron dresse le bilan de ses consultations, assure qu’il ne nommera pas de gouvernement issu des rangs du Nouveau Front Populaire, rend compte des lignes rouges et décisions de la droite et du centre, et s’abstient totalement de citer le Rassemblement national. Dont acte ? Le parti d’extrême droite, qui assurait encore au début de l’été ne pas être favorable à censurer un gouvernement “par principe” revoit ses positions. “Dès lors que tous ces gens considèrent que 11 millions d’électeurs n’existent pas, je ne vois pas pourquoi on aurait la moindre mansuétude à l’égard de qui que ce soit”, commente désormais Louis Aliot, maire de Perpignan et vice-président du parti. Comprendre : la censure quoi qu’il en coûte ?

Des lignes rouges toujours plus mouvantes

Maigre consolation : Marine Le Pen est malgré tout écoutée par l’exécutif. Et avec attention. Car avec le groupe de députés d’Eric Ciotti, les élus RN et leurs alliés sont 142. Suffisamment pour constituer une force pivot, en capacité d’immobiliser les tentatives législatives de la majorité. On l’interroge donc : quelles seraient les lignes rouges pour la patronne des députés RN ? Réponse : “Un premier ministre issu des rangs de La France insoumise ou des écologistes”, bien sûr… Mais aussi issu des rangs de la gauche tout court. Et pas seulement. Les troupes marinistes censureraient également un gouvernement dirigé par un représentant des Républicains quel qu’il soit, avec une motion spéciale s’il s’agissait de Xavier Bertrand, dont le nom a circulé ces derniers jours. Bref, les lignes rouges de Marine Le Pen sont mouvantes et plus le temps passe, moins un profil ne semble pouvoir convenir, faute de mieux, à la députée du Pas-de-Calais.

“Ce n’est pas une question de personne mais de programme, coupe-t-on désormais au RN. Ce qui pourrait nous apaiser, ce serait quelqu’un qui nous donnerait des gages en matière de sécurité ou d’immigration, mais ça n’arrivera pas, donc pas de concessions.” Renvoyés de force aux marges du jeu politique, les frontistes entendent désormais jouer la carte de la hauteur et miser sur l’après. “La vérité c’est que la situation est insoluble et le pays ingouvernable, assure Louis Aliot. Rien ne se fera et ça ne fera que renforcer nos positions, notre travail désormais, c’est de se concentrer sur les prochaines législatives, où on sera gagnants à coup sûr.”

Faute d’être associés aux décisions, les frontistes font donc le pari d’enjamber la séquence d’incertitude politique, préférant communiquer sur des sujets d’actualité en espérant apparaître détachés de “la tambouille politique”. “Si la situation politique est coincée, le président n’aura d’autre choix que de redissoudre ou de démissionner, estimait sur BFMTV Sébastien Chenu, le vice-président RN de l’Assemblée. Le reste, c’est un bidouillage qui n’aboutira jamais. Les escroqueries et les bidouillages ça suffit, désormais il faut du concret.” Le concret, Jordan Bardella y vient, justement. Brisant le silence de sa pause estivale, le président du RN a choisi de prendre la parole sur la succession de faits divers qui se sont déroulés ces derniers jours, dénonçant une “barbarie d’atmosphère” et réclamant une session extraordinaire “pour débattre d’une grande loi de sursaut sécuritaire”. En temps d’incertitude, au Rassemblement national, le retour aux fondamentaux reste une recette qui a toujours fait ses preuves.




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