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Coups bas, fâcheries, isolement : le Parti socialiste fragilisé par Macron et Mélenchon


Tiens, tiens, tiens… Mais que vont bien pouvoir se raconter Hélène Geoffroy, Nicolas Mayer Rossignol, Carole Delga et Karim Bouamrane, en cette deuxième journée des universités d’été du Parti socialiste ? Les quatre anti-mélenchonistes ont prévu de se retrouver pour discuter en privé, ce vendredi, afin de trouver une issue à l’impasse politique en cours – avant de prendre collectivement la parole le lendemain. L’initiative prévue à Blois est encore “en gestation”, dit-on dans les différentes écuries des principaux opposants d’Olivier Faure, le Premier secrétaire des roses. Mais les différentes sorties médiatiques des uns et des autres laissent peu de doute sur le sens de cette démarche.

“La politique de la chaise vide portée par Faure finit toujours par porter préjudice à celui qui la porte”, dit le maire de Rouen au Figaro, quand la présidente de la région Occitanie, invitée hier à l’Elysée, assure au Parisien que le premier des socialistes “aurait dû continuer à maintenir le dialogue tout en restant très exigeant”. Mardi dernier, Hélène Geoffroy, la maire de Vaulx-en-Velin, s’est voulue davantage solennelle. “Le parti est au bord de la rupture”, a-t-elle mis en garde dans un discours prononcé au bureau national.

“Le Premier secrétaire agit très seul”

Bref, c’est le coup d’envoi de la rentrée du Parti socialiste, et les oppositions sont à couteaux tirés contre la direction du parti. “Tout le monde se chauffe pour montrer les gros bras avant Blois, rien de nouveau sous le soleil”, ironise un parlementaire rose, rompu aux rapports de force de la maison. Mais voilà toutefois la demeure dans une situation délicate : lundi dernier, Emmanuel Macron a balayé la candidature Nouveau Front populaire de Lucie Castets à Matignon, enjoignant les formations de gauche – hors LFI – à coopérer avec les autres partis de l’hémicycle.

La question s’est donc imposée : le PS sera-t-il unioniste jusqu’à la moelle, ou doit-il embrasser le “devoir de responsabilités” propre aux “partis de gouvernement” – et donc au-delà du NFP ? “On n’est pas là pour attendre le coup d’après”, souffle Patrick Mennucci, un cadre appartenant au courant d’Hélène Geoffroy, qui plaide pour que les socialistes poursuivent les négociations avec le chef de l’Etat en se délestant de leurs partenaires de gauche. Olivier Faure s’oppose à cette possibilité : “Je suis toujours prêt à négocier, mais aujourd’hui le chef de l’Etat ne négocie pas”, s’est-il justifié sur RTL.

On appelle ça un petit bougé : la direction socialiste, de concert avec ses députés, a finalement décidé de censurer tout gouvernement qui s’inscrirait dans le prolongement du macronisme. “En gros, on est prêts à ne pas censurer un Premier ministre issu de la gauche avec un programme correspondant à l’essentiel”, décrypte une huile socialiste. De quoi donner du souffle à d’autres noms, qui continuent de circuler ? Tout du moins une évolution au regard de la position de départ du NFP, contestée chez les socialistes, décidée au lendemain du communiqué de l’Elysée, où les quatre parties expliquaient qu’ils boycotteraient les discussions avec le président si ce dernier ne nommait pas Lucie Castets.

Mais permettez tout de même à Olivier Faure de clarifier les choses, dans les colonnes de Libération : “Les socialistes ne seront pas les supplétifs du macronisme.” Un message autant destiné au chef de l’Etat qu’à ses opposants internes. Le reste de la gauche s’en mêle aussi : “Je pense qu’ils se trahiraient durablement. L’Histoire les jugera”, assène la patronne des Verts, Marine Tondelier, au sujet des roses tentées de tendre la main au président de la République. Les courants internes d’opposition se défendent de telles accusations. Et refusent, quant à eux, d’être les supplétifs de Jean-Luc Mélenchon. Rien de nouveau sous le soleil, décidément.

Voilà quelques semaines que les divisions entre pro et anti-mélenchonistes, pourtant mises sous le tapis durant les législatives, reprennent de plus belle. Outre les sorties polémiques, il y a également eu cette menace de destitution d’Emmanuel Macron, sortie du chapeau sans concertation avec le reste du NFP, et brandie depuis deux semaines par les Insoumis. “Nous sommes en train de franchir la ligne rouge avec les Insoumis”, soufflait Patrick Kanner dans nos colonnes, il y a dix jours. Le patron des sénateurs socialistes, tendance Nicolas Mayer-Rossignol, accusait le leader LFI de donner des arguments à Emmanuel Macron, qui compte sur la fracturation de l’union.

Dans les courants d’opposition, certains prient leur Premier secrétaire de rompre publiquement avec les Insoumis. “Mélenchon a tué la coalition dimanche 18 août, sans annoncer ça à personne”, considérait la semaine dernière Hélène Geoffroy. “Faure en a assez de tomber dans le piège du débat qui tourne autour de Jean-Luc Mélenchon et de leurs âneries. Ignorer, ce n’est pas minimiser, c’est empêcher que le calendrier soit fixé”, évacue un proche du premier des socialistes.

L’éternel esprit de congrès

Sans surprise, la contestation interne vise encore et toujours le Premier secrétaire. On lui reproche également d’avoir mis en sourdine les instances démocratiques du parti. “Ça faisait plus d’un mois, malgré nos demandes, que nous n’avions pas eu de bureau national. Le programme du NFP a été acté par Faure sans que personne ne le vote. Lucie Castets a été désignée par Faure sans que personne ne vote. Le rendez-vous à l’Elysée en délégation a été acté par Faure sans que personne ne vote”, souffle Patrick Mennucci.

Et au sein de son propre courant, certaines voix s’élèvent, sous couvert d’anonymat. “Les socialistes sont vraiment attachés au débat, et là on paye un moment où le Premier secrétaire a agi très seul, regrette un parlementaire. A la fin, c’est quand même difficile d’être son ami.” “Il y a eu un changement de regard dans la presse, à gauche, dans l’opinion… On ne lui reconnaît jamais ses succès, surtout chez les socialistes”, défend un proche.

Définitivement rien de nouveau sous le soleil. Car la contestation interne rappelle avant tout les puissants désaccords, difficilement tranchés lors de l’explosif congrès de Marseille, en 2023. Olivier Faure l’avait emporté d’une très courte tête ; le Parti socialiste, lui, s’était déchiré au sujet de la Nupes, soutenue par l’actuel Premier secrétaire. Alors sous le ciel de Blois ces jours-ci flotte cet éternel esprit de congrès. “Nous en parlerons ce week-end, prévient Patrick Mennucci. Mais si on regarde les statuts, le congrès doit avoir lieu avant le 8 janvier”, précise-t-il, alors que le patron socialiste souhaite le repousser.

@lexpress

???? « Macron n’a pas fait que procrastiner, il s’est cogné au réel. » Il a fallu au président comprendre, étape par étape, ce qui lui était arrivé avec cette dissolution. L’analyse de notre journaliste, Eric Mandonnet. #macron #dissolution #législatives #premierministre #apprendresurtiktok #tiktokacademie #Sinformersurtiktok #newsattiktok

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Chaque chose en son temps. Pour l’heure, les cadres du courant minoritaire d’Hélène Geoffroy plaident surtout pour l’organisation d’une “convention stratégique”, une clarification de la ligne du parti, sans conséquence sur les instances dirigeantes. “On ne peut pas obtenir le retour de certains électeurs socialistes grâce aux européennes et Glucksmann, et ensuite être dans une espèce de soumission à Mélenchon”, poursuit l’ancien député. La tête de liste, arrivée troisième en juin dernier, et qui promet de rouvrir un “espace social-démocrate” sera d’ailleurs présente à Blois. Olivier Faure et lui ne s’adressent plus la parole.





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