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En Allemagne, la folle progression de l’AfD : “Ce scrutin aura des conséquences ravageuses”


Ils étaient plus de trois millions de personnes à descendre dans les rues en début d’année pour protester contre de l’extrême droite. Et à quelques jours des élections régionales en Allemagne de l’Est, les églises, les entreprises, les syndicats et les ONG ont réitéré leurs appels à ne pas voter pour l’AfD (Alternative für Deutschland), proche des milieux néonazis. Rien n’y fait.

La formation créée en 2013 par quelques professeurs d’université eurosceptiques ne cesse de progresser dans les sondages, en grignotant élection après élection des voix aux partis traditionnels. “On discute depuis 10 ans pour savoir comment stopper la montée en puissance de l’extrême droite. Mais à chaque élection, l’AfD améliore son score”, constate Hendrik Träger, politologue à l’université de Leipzig.

Condamné par la justice pour avoir repris des slogans nazis

Après l’attentat de Solingen, commis la semaine dernière par un réfugié syrien de 26 ans qui devait être expulsé vers la Bulgarie, l’AfD ne s’est jamais sentie aussi forte dans son narratif anti-migrant à la veille de deux élections régionales cruciales ce dimanche 1er septembre en Saxe et en Thuringe. Deux bastions de l’extrême droite dans l’ex-Allemagne de l’Est (RDA).

L’immunité parlementaire de Björn Höcke, chef idéologue et patron de la fédération de Thuringe de l’AfD, la plus radicale d’Allemagne, a été levée 8 fois. Il a été condamné par la justice pour avoir repris des slogans nazis dans ses discours. “Mais les électeurs s’en moquent éperdument”, constate Hendrik Träger.

“Le contenu politique de l’AfD n’a pas changé. En revanche, le parti s’est professionnalisé en privilégiant les réseaux sociaux aux médias professionnels pour communiquer, poursuit-il. L’AfD va triompher malgré sa mise sous surveillance par les renseignements généraux ! Ce scrutin aura des conséquences ravageuses”, dit-il.

Les partis de la coalition gouvernementale menacés

Personne n’ose imaginer à quoi ressemblera le paysage politique la semaine prochaine en Allemagne. Dans un mouvement de panique, le gouvernement Scholz a durci cette semaine sa politique migratoire en reprenant notamment vendredi 30 août les expulsions de délinquants vers l’Afghanistan pour la première fois depuis le retour des Talibans à Kaboul. Une décision précipitée et fébrile face à la montée de l’extrême droite.

Tout le monde politique aura les yeux rivés sur les résultats de dimanche. “L’Est a toujours été un laboratoire politique en raison d’une forte volatilité électorale”, reprend le politologue. Avec plus de 30 % des suffrages, selon les derniers sondages, l’AfD pourrait même obtenir cette fois une minorité de blocage en Thuringe (un tiers des voix). Un score qui risque de bloquer le jeu politique dans ces régions étant donné qu’aucun parti ne souhaite former de coalition avec une direction qui ne cache pas sa sympathie pour les néonazis.

Les conservateurs constituent la dernière force politique capable de tenir tête à l’extrême droite dans les régions de l’Est. Les écologistes, les libéraux (FDP) mais aussi le parti du chancelier (SPD) sont incapables de rassembler suffisamment de voix pour faire barrage. Les trois partis au pouvoir à Berlin, dont l’impopularité atteint des sommets historiques, risquent même de ne pas atteindre la barre fatidique des 5 % nécessaire pour siéger dans les parlements en Allemagne. “Structurellement, les conservateurs sont les seuls à pouvoir mener encore des campagnes électorales dans ces régions”, fait remarquer Hendrik Träger.

Quant à la gauche radicale (Die Linke), qui dirige encore la Thuringe, elle a été complètement vampirisée par la transfuge Sahra Wagenknecht qui a créé il y a seulement huit mois “l’alliance” qui porte son nom (BSW). La situation à la sortie des urnes sera si compliquée que les conservateurs n’excluent plus de s’allier avec cette ancienne stalinienne qui pose comme condition l’arrêt des livraisons d’armes à l’Ukraine et préconise la sortie de l’Otan. Le président des conservateurs (CDU), Friedrich Merz, n’a pas écarté une alliance au niveau régional ! En France, cela signifierait un rapprochement entre LR et LFI pour la formation d’un gouvernement…

Contrairement à Eric Ciotti, Friedrich Merz refuse de briser le cordon sanitaire. Ce qui n’empêche pas “l’anti-Merkel” de marcher sur les plates-bandes de l’AfD en adoptant un ton plus populiste et réclamant un changement radical de la politique migratoire à un an des élections législatives qui pourraient le mener à la chancellerie. “Ça suffit !”, a-t-il lâché après l’attentat de Solingen, ses lieutenants appelant à la “fermeture des frontières [allemandes] pour l’immigration illégale”. “Celui qui accueille la moitié de Calcutta, n’aide pas Calcutta. Il devient Calcutta”, a lâché l’ancien ministre de la Santé, Jens Spahn, vice-président du groupe parlementaire, anticipant le ton de la campagne des législatives de 2025.




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