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Otages israéliens : pourquoi Netanyahou persiste dans sa stratégie face au Hamas


“Hersh, c’est maman. On travaille jour et nuit pour venir te chercher, on ne lâchera jamais.” Jeudi 29 août, en soufflant ces quelques mots à la frontière avec la bande de Gaza, un micro à la main, Rachel Goldberg-Polin tentait de rassurer son fils, détenu depuis le 7 octobre par le Hamas. Trois jours plus tard, elle apprenait que les terroristes l’avaient exécuté d’une balle dans la tête, comme cinq autres otages israéliens. Ces morts ont empli Israël de tristesse et de désespoir. De colère, surtout.

Si le Hamas est coupable de ces meurtres, les familles des otages jugent Benyamin Netanyahou responsable de leur abandon. “Le retard dans la signature de l’accord [avec le Hamas] a mené à ces morts et à celle de nombreux autres otages, a déclaré le Forum des familles, l’un des plus importants groupes de pression israélien. Nous demandons à Netanyahou d’arrêter de se cacher et de justifier publiquement cet abandon.” A la tête d’une coalition de droite et d’extrême droite, le Premier ministre ne jure que par la force pour sauver les captifs israéliens, faisant traîner les négociations avec le Hamas. Pourtant, depuis l’attaque terroriste, seuls 8 des 240 otages ont été libérés par l’armée israélienne, quand 105 sont rentrés chez eux grâce à la trêve de novembre.

Les familles des otages ont convaincu une large majorité des Israéliens de l’intérêt d’un accord avec le Hamas pour libérer les leurs : ils sont 67 % à en faire une priorité pour le pays, contre 26 qui préfèrent continuer la guerre coûte que coûte (sondage de Channel 12 du 6 juillet). Mais elles n’ont pas réussi à atteindre le seul homme dont la décision compte vraiment.

Un Premier ministre piégé par ses alliés d’extrême droite

Ni les pressions internationales, ni la grève générale décrétée le 2 septembre, ni les critiques publiques de ses généraux ne font dévier “Bibi” de sa stratégie maximaliste contre le Hamas. “Celui qui tue des otages ne veut pas d’un accord”, a déclaré Netanyahou. Malgré ses excuses aux familles des otages exécutés dimanche, le Premier ministre a redit dès le lendemain sa détermination à garder le contrôle militaire du corridor de Philadelphie, qui sépare la bande de Gaza de l’Egypte et constitue la clef pour un accord avec le Hamas. Si aucun des deux camps ne cède sur cette question, la guerre se poursuivra et les morts continueront de s’accumuler. Plus de 40 000 personnes ont déjà été tuées du côté palestinien…

“Bibi” le sait : s’il accepte un cessez-le-feu, ses alliés fondamentalistes Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich quitteront la coalition et feront tomber son gouvernement. Ces deux ministres d’extrême droite rêvent d’expulser les Palestiniens de Cisjordanie pour annexer ces territoires. Ils n’ont aucun intérêt à ce que la guerre prenne fin. “Ben Gvir et Smotrich profitent des combats à Gaza pour faire avancer leurs projets en Cisjordanie, ils ne peuvent pas rêver un meilleur scénario, souligne Michael Koplow, directeur de recherche au Israel Forum Policy. Tant que Netanyahou pense encore avoir un avenir en politique, il est piégé avec ces ministres.”

Pour l’instant, le Premier ministre craint davantage Smotrich et Ben Gvir que des centaines de milliers de manifestants dans les rues israéliennes. Si la grève générale et les protestations prennent de l’ampleur, si “les rues d’Israël sont en feu”, selon les confessions anonymes d’un de ses ministres dans la presse israélienne, alors Netanyahou pourrait plier. Sinon, les morts continueront de tomber, côté palestinien comme israélien.




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