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Ukraine : le remaniement XXL de Zelensky au sommet du pouvoir


“Nous avons besoin d’une nouvelle énergie”, a lancé ce mercredi 4 septembre Volodymyr Zelensky. Les actes rejoignent les mots : le plus grand remaniement ministériel depuis 2022 et le début de la guerre a été lancé cette semaine en Ukraine. Six hauts responsables politiques ukrainiens, parmi eux le ministre des Industries stratégiques, de la Justice ou encore de l’Environnement, ont ainsi donné leur démission ce mardi. “Certains d’entre eux ont été ministres depuis cinq ans”, a insisté le président ukrainien, comme une façon d’entériner la nécessité d’une nouvelle direction pour la suite du conflit face à la Russie.

Mais le nom le plus important quittant le gouvernement est incontestablement le ministre des Affaires étrangères et chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba. Excellent orateur réputé pour son style direct, voire incisif, et ses phrases tranchantes bien choisies, cet homme de 43 ans avait été nommé en 2020, devenant alors le plus jeune ministre ukrainien des Affaires étrangères. Fils d’ambassadeur, diplomate de carrière, Dmytro Kouleba était devenu un visage familier en Occident, où il tentait inlassablement de convaincre d’envoyer à son pays les moyens militaires dont il a besoin pour résister à l’armée russe. “Lorsque l’Ukraine a tout ce dont elle a besoin, nous ne manquons pas de courage et de compétences militaires pour avancer et gagner”, clamait-il cet été, après l’offensive surprise dans la région russe de Koursk.

Aucune raison n’a officiellement été donnée pour sa démission, mais une source haut placée au sein de la présidence ukrainienne, interrogée par l’AFP, avait récemment critiqué le fonctionnement de son ministère. Une déclaration de Dmytro Kouleba à propos des différends historiques entre Kiev et Varsovie avait notamment provoqué en août une vague de commentaires négatifs en Pologne, marquant un nouvel épisode de tensions avec cet allié clef.

Un haut responsable de la présidence a déclaré à l’AFP que Dmytro Kouleba et le président Zelensky “discuteront et décideront” de son futur poste. Selon certaines informations, le désormais ex-chef de la diplomatie pourrait se voir proposer un poste important en charge de l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan que Kiev ambitionne d’obtenir au plus vite.

“Jalousie”

Selon des médias ukrainiens, Dmytro Kouleba devrait être remplacé par son premier adjoint Andriï Sybiga, ex-chef adjoint de l’administration présidentielle. La nomination de ce dernier comme numéro deux de la diplomatie ukrainienne en avril avait déjà été perçue comme un effort de la présidence visant à mieux contrôler ce ministère clef. Des sources au sein du pouvoir ukrainien, interrogées par l’AFP, assuraient déjà depuis des mois que l’influence de Dmytro Kouleba était limitée et qu’il était sous la tutelle du puissant chef de l’administration présidentielle, Andriï Iermak.

Pour beaucoup, la démission du ministre n’a également rien de volontaire et aurait été clairement exigée par la présidence, avançant une forme de “jalousie” du pouvoir vis-à-vis des autres figures populaires au sommet de l’Etat. Des raisons qui avaient également été invoquées lors du départ du chef d’état-major de l’armée ukrainienne, Valeri Zaloujny, en février dernier.

Même s’il est bien moins connu et médiatique que le ministre sortant, Andriï Sybiga, 49 ans, reste considéré comme un poids lourd de la diplomatie ukrainienne. Il avait notamment occupé le poste d’ambassadeur en Turquie de 2016 à 2021.

Des accusations d’ingérence politique

Outre des ministres et des hauts responsables politiques ukrainiens, un autre renvoi a été commenté par la presse ukrainienne : celui d’un chef adjoint de l’administration de Volodymyr Zelensky, Rostyslav Chourma, accusé d’avoir abusé de son poste pour assurer des bénéfices économiques à sa famille via une structure anticorruption gouvernementale.

Mais c’est surtout un autre départ, cette fois-ci plus éloigné des prérogatives présidentielles, qui a fait beaucoup parler cette semaine : celui du directeur de l’opérateur du réseau électrique ukrainien, Ukrenergo. Volodymyr Koudrytsky a ainsi annoncé ce mardi avoir été démis de ses fonctions, un choix critiqué par des membres du conseil de surveillance qui dénoncent une ingérence politique.

D’après des médias ukrainiens, le patron d’Ukrenergo aurait été limogé officiellement au motif qu’il aurait échoué à protéger les infrastructures essentielles du pays contre les frappes russes, alors que les bombardements répétés de Moscou provoquent régulièrement des coupures de courant et font craindre un hiver difficile pour les Ukrainiens. Une accusation que Volodymyr Koudrytsky dément, assurant avoir construit des dizaines d’abris dans les stations ukrainiennes et dénonçant une “campagne visant à discréditer Ukrenergo”. Son limogeage fait suite à celui, en juin, d’un autre responsable en charge du réseau électrique, le ministre des Infrastructures Oleksandre Koubrakov. Volodymyr Zelensky semble vouloir le faire comprendre à qui veut l’entendre : aucun poste, à aucun échelon, n’est assuré si le président ukrainien n’est pas satisfait des résultats.




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