Une jeune femme américano-turque a été mortellement blessée par une balle à la tête ce vendredi 6 septembre lors d’une manifestation contre la colonisation israélienne à Beita, dans le nord de la Cisjordanie occupée, où l’armée israélienne a reconnu avoir ouvert le feu.
Le Docteur Fouad Nafaa, directeur de l’hôpital Rafidia de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, a annoncé ce vendredi après-midi le décès de cette militante pro-palestinienne de 26 ans, Aysenur Egzi Eygi. Elle “est arrivée à l’hôpital avec une blessure par balle à la tête et nous avons prononcé sa mort vers 14h30”, a-t-il dit à l’AFP, joint par téléphone depuis Jérusalem.
“Nous rassemblons urgemment davantage d’informations sur les circonstances de sa mort”, a déclaré le porte-parole du département d’Etat américain, Matthew Miller, qualifiant le décès de la jeune femme de “tragique”, sans y attribuer de responsabilité dans l’immédiat. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a quant à lui affirmé que les Etats-Unis “déploraient cette perte tragique. Lorsque nous aurons plus d’informations, nous les partagerons, les mettrons à disposition et nous agirons en conséquence”, a-t-il dit.
Dans un communiqué, l’armée israélienne a indiqué que des membres de la troupe en opération près de Beita avaient “répondu par des tirs en direction de l’instigateur principal de violences qui avait lancé des pierres sur les [soldats] et présentait une menace pour eux”. L’armée “examine des informations selon lesquelles une ressortissante étrangère a été tuée du fait de coups de feu tirés dans la zone” et les “détails de l’incident [ainsi que] les circonstances dans lesquelles elle a été touchée font l’objet d’un examen”, ajoute le texte.
“Nous avons appris avec une profonde tristesse que notre citoyenne nommée Aysenur Ezgi Eygi a été tuée par les soldats israéliens d’occupation […] Nous condamnons ce meurtre commis par le gouvernement (du Premier ministre israélien) Benyamin Netanyahou”, a de son côté réagi le ministère des Affaires étrangères turc dans un communiqué.
“Première participation”
La jeune femme était membre du International Solidarity Movement (ISM – Mouvement international de solidarité), une organisation pro-palestinienne, et se trouvait à Beita pour participer à une manifestation hebdomadaire contre l’expansion des colonies israéliennes dans les environs, a indiqué à l’AFP Neta Golan, cofondateur de cette ONG.
Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et l’ONU répète régulièrement que la colonisation israélienne de ce territoire palestinien est illégale au regard du droit international. Joint au téléphone, le maire de Beita, Mahmoud Barham, a indiqué à l’AFP que le drame s’était produit après que la plupart des manifestants se furent dispersés.
“Nous sommes rentrés chez nous et seul un petit nombre d’individus sont restés sur les lieux, y compris la militante américaine”, a dit Mahmoud Barham, notant que c’était “sa première participation à la marche hebdomadaire de Beita”. Le maire dit avoir été informé, après être rentré chez lui, qu’un soldat israélien “avait tiré deux balles en direction de ceux qui étaient restés”.
Israël accusé de “tuer la paix”
Selon le Croissant-Rouge palestinien, un jeune Palestinien de 18 ans a également été blessé par un tir israélien à Beita. “Le message est clair et nous le disons [au président américain Joe] Biden : ces balles américaines qui soutiennent le gouvernement d’occupation tuent […] des citoyens américains, de la même façon qu’elles tuent nos enfants à Gaza, Jénine et Tulkarem” (deux villes du nord de la Cisjordanie récemment visée par une opération militaire israélienne), a déclaré à des journalistes le gouverneur de Naplouse, Ghassan Daghlass. “Au cours d’une marche pacifique, des étrangers et des militants de la paix sont tués”, a-t-il ajouté accusant Israël “de tuer la paix”.
Hussein Cheikh, secrétaire général du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a estimé sur X que la mort de la militante américano-turque était “un crime supplémentaire s’ajoutant à la série de crimes commis chaque jour par les forces d’occupation et qui nécessitent que leurs auteurs rendent des comptes devant la justice internationale”.
Depuis le 7 octobre et le début de la guerre dans la bande de Gaza entre l’armée israélienne et le Hamas, déclenchée par l’attaque terroriste du mouvement islamiste palestinien, les violences entre les Palestiniens d’une part, et l’armée et les colons israéliens d’autre part, se sont intensifiées en Cisjordanie. Au moins 661 Palestiniens y ont été tués par des tirs de soldats ou colons israéliens, selon des données du ministère palestinien de la Santé, et au moins 23 Israéliens, parmi lesquels des soldats, y ont péri dans des attaques palestiniennes ou dans des opérations militaires, selon des données officielles israéliennes.
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